L’an dernier 69 cas d’abus sexuels qui auraient été commis par des Casques bleus originaires de 21 pays
Les Etats-Unis discutent avec leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU d'un projet de résolution prévoyant de rapatrier des contingents entiers de Casques bleus soupçonnés d'abus sexuels, selon des responsables américains.
Il s'agirait de la première résolution du Conseil consacrée spécifiquement à ce problème récurrent dans les missions de maintien de la paix de l'ONU, en particulier en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDCongo).
La résolution permettrait d'expulser des missions les pays dont les soldats "commettent régulièrement" de tels abus ou qui ne montrent aucun empressement à sanctionner leurs soldats.
Il s'agit "d'utiliser la menace de rapatriement comme moyen de pression" pour obliger les pays fournisseurs de troupes à prendre des mesures, a expliqué un responsable américain parlant sous couvert d'anonymat.
Il incombe en effet à ces pays, et non à l'ONU, d'enquêter et de sanctionner pénalement les coupables mais ils le font avec réticence.
"Les pays contributeurs gardent jalousement leur juridiction sur leurs propres troupes, y compris les Etats-Unis et c'est un sujet sensible", a reconnu un autre responsable américain.
Face aux nombreux scandales d'abus ou d'exploitation sexuels dans les missions, l'ONU a commencé à faire le ménage en rapatriant des unités venues de RDcongo et du Congo-Brazzaville et opérant au sein de la Minusca (mission de l'ONU en Centrafrique).
La résolution demandera aussi au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon de décider si un pays mis en cause doit continuer de participer aux opérations de maintien de la paix.
Les discussions sur le texte viennent de commencer et Washington souhaite une adoption "dès que possible", explique un responsable américain. "Tous les pays membres du Conseil reconnaissent désormais que c'est un problème qu'il faut traiter".
Les Etats-Unis sont le plus gros bailleur de fonds du maintien de la paix mais ont très peu de personnel sur le terrain.
La résolution, un texte court et de portée générale, ne reprendra cependant pas certaines recommandations précises contenues dans un rapport publié vendredi par l'ONU.
Le rapport recommande notamment de créer des cours martiales in situ pour juger les coupables et de prendre les empreintes génétiques de Casques bleus.
Il indique que l'ONU a recensé l'an dernier 69 cas d'abus sexuels qui auraient été commis par des Casques bleus originaires de 21 pays, pour la première fois nommément désignés.