Le ministre émirati rapporte sur son compte que « cette culture (saoudienne, ndlr ) est opposée à la vie , elle méprise l’Homme et soutient le terrorisme ».
Il semblerait que le différend émirati-saoudien obstrue la progression des forces de la Coalition au Yémen, surtout après le refus d’ Abu Dhabi de participer à la bataille de Taëz. Plusieurs facteurs contribuent à creuser le fossé entre les alliés, notamment la demande d’Abed Rabbo Mansour Hadi adressée à la Turquie de participer aux opérations de la coalition, provoquant ainsi la colère des Émirats arabes unis.
A vrai dire, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase entre les EAU et l’Arabie est le Tweet du ministre émirati des Affaires étrangères Abdullah bin Zayed. Dans son Tweet, le ministre en question reprend les paroles d’un penseur saoudien de l’opposition, Hassan Farhan al-Maliki, dans lesquelles il affirme que la société saoudienne «se fonde sur une culture mortuaire qui ne parle pas des mécréants et de ce qui est prohibé ».
Le ministre émirati rapporte sur son compte que « cette culture est opposée à la vie , elle méprise l’Homme et soutient le terrorisme ».
Aussitôt, la réaction saoudienne ne s’est pas fait attendre : Les Saoudiens ont répondu par un Hachtag contre le ministre émirati, dans lequel ils se moquent de lui, voire ils dévalorisent l'importance de son Etat et sous-estiment la capacité de ses citoyens. Les Saoudiens ont également décrit les politiciens émiratis d’ « enfants de Dahlan», en référence au rôle consultatif joué par l'ancien responsable de Fatah Mohammed Dahlan, dans les EAU.
Premier signe de dégradation des relations émirati-saoudiennes ..
Or, il convient de souligner que ce Tweet de Ben Zayed n’est pas le fruit du hasard . Au contraire, il reflète le ras-le-bol émirati à l’égard de la politique saoudienne sachant que l’Arabie est accusée d’agir au Yémen sans consulter ses alliés dans la Coalition. Pis encore, elle ne se soucie guère de savoir si sa politique risque d’être incompatible avec les stratégies des États alliés dans l'agression contre le Yémen.
A noter que les EAU ont qualifié les Frères musulmans (FM) de groupe terroriste, au motif ils menacent l'Etat. Ils ont même construit leur stratégie d’alliance avec des Etats et des forces qui luttent contre les FM comme c’est le cas en Egypte et en Libye.
Alors que l'Arabie Saoudite a déclenché sa guerre contre le Yémen, selon une politique totalement différente. En effet, L’Arabie s’est fixée un seul objectif à savoir : éliminer l'armée yéménite et Ansarullah. Pour ce faire, la chute de la capitale Sanaa est indispensable. C’est pourquoi, Riyad a entrepris une alliance avec les «Frères musulmans» (Parti al-Islah) et avec les forces salafistes mais aussi à travers ces dernières , elle s’est alliée avec Al-Qaïda, sur la base que « la fin justifie les moyens ».
Et donc, durant toute la période d'agression , la relation entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis est restée tendue, se traduisant sur le terrain par des échecs accumulés des opérations terrestres. La dernière plus marquante étant celle de la bataille de Taëz où les deux parties se sont accusées mutuellement de son échec, au point de pousser les EAU à retirer leurs forces en signe de protestation contre le soutien de Riyad au parti al-Islah dans la province de Taëz.
Du coup, les dirigeants politiques des deux pays se sont vus forcés d’intervenir dans le but de réduire le fossé qui se creuse entre les deux pays et ont mis en place une forme d’ «organisation du différend» entre eux pour prendre un ensemble de mesures visant à rétablir la confiance mutuelle et mettre un terme aux campagnes médiatiques indirectes entre les parties.
Néanmoins, les Émirats arabes unis ont décidé de cesser leur participation terrestre dans le nord du Yémen.
Deuxième signe de dégradation des relations émirati-saoudienne ..
Récemment, le différend entre Riyad et Abu Dhabi a refait surface de manière plus chronique puisque les EAU ont menacé de retirer leurs troupes d'Aden.
Des milieux proches d’Abu Dhabi ont laissé entendre que les EAU comptent retirer leurs troupes de l'aéroport d'Aden et du port. Sauf, que deux semaines plus tard il s’est avéré que cette information était fausse et qu’elle a été diffusée afin de faire pression sur la «grande soeur» dans l’espoir qu’elle entendra la complainte de son voisin allié dans la Coalition.
Les récents événements qui ont provoqué la colère des Émirats arabes unis concernent non seulement les échecs subis dans les opérations militaires à Aden, censées mettre un terme au massacre de ses hommes, mais surtout, l'opposition de l’Arabie-représentée par le président sortant Abed Rabbo Mansour Hadi –d’affronter alQaïda. Celle-ci est accusée de mener des assassinats, de semer le chaos à Aden, sous prétexte qu’elle est le seul front militaire sur lequel on peut miser au nord.
Reste que le plus douloureux pour les Emirats Arabes Unis est, selon des sources bien informées citées par le quotidien libanais alAkhbar cette demande de Hadi adressée à la Turquie, lors de sa récente visite, de participer dans la coalition et d’envoyer des forces militaires pour soutenir les forces impliquées dans l'agression. La demande de Hadi a été rejetée par la Turquie et cette dernière s’est limitée à envoyer des conseillers militaires et du matériel de secours. En effet, ces secours sont arrivés il y a quelques jours à bord d’un navire turc qui a accosté à Aden.
Et pour conclure, l’Arabie a jeté de l’huile sur le feu dans ses relations avec les EAU, en nommant le général en fuite Mohsen Ali al-Ahmar, ex-commandant de l'aile militaire des «Frères musulmans», comme commandant général adjoint des forces armées de la Coalition.