Rapport publié de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).
Les défenseurs des droits de l'homme en France appellent les autorités à faire plus pour empêcher les gens d'être forcés de vivre comme des esclaves de nos jours.
La France est sous le feu des projecteurs pour ne pas consacrer assez de ressources à la lutte contre l'esclavage actuel, indique un rapport publié jeudi par la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).
Peu de gens sont conscients de l'ampleur de l'esclavage moderne en France, selon le rapport ajoutant que beaucoup pensent qu'il ne porte que sur la prostitution.
L'esclavage humain en France est une réalité peu connue, a déclaré la commission, en ajoutant que, bien que l'exploitation sexuelle constitue une partie importante de l'esclavage de nos jours, il concerne également l'esclavage domestique, les travailleurs des ateliers clandestins, et les mineurs contraints de travailler comme mendiants et voleurs pour des organisations criminelles.
La CNCDH a également critiqué le système de justice français qui traite des enfants exploités de "criminels ou migrants illégaux" plutôt que de victimes. Ainsi, la commission a expliqué que les personnes impliquées dans des gangs criminels sont souvent maltraitées et même punies si elles ne rapportent pas assez d'argent.
La commission ajoute qu'il y a une idée fausse que seuls les migrants qui entrent illégalement dans le pays sont touchés par la traite des êtres humains, alors qu'en réalité, les Français de souche peuvent également être victimes de travail forcé et d'exploitation.
Pendant les deux dernières années, la commission indépendante a consulté les associations qui travaillent avec des victimes pour estimer l'ampleur du problème en France.
Bien qu'en 2014, le gouvernement français ait lancé un plan national de lutte contre l'esclavage, la CNCDH affirme que le plan est loin d'être efficace et qu'un bon nombre de mesures n'ont jamais été mises en place.
Entre janvier 2014 et mai 2015, près d'une centaine de violations relatives à l'esclavage et près de 600 cas relatifs à la prostitution ont eu lieu en France, selon les données du ministère français de l'Intérieur.
Par ailleurs, la commission indique que ces statistiques ne représentent qu'une petite partie du problème, et que les victimes potentielles d'esclavage ne se considèrent pas comme tels et vont très rarement se plaindre auprès de la police.
Dans les jours à venir, la CNDCH va présenter son rapport à un groupe de ministres, notamment aux ministres de la Justice et de l'Intérieur.