Le sondage a aussi révélé des divisions importantes entre les juifs israéliens, avec les juifs ultra-orthodoxes.
Près de la moitié des juifs israéliens pensent que les Palestiniens avec la citoyenneté israélienne devraient être « expulsés ou transférés » d’Israël, selon un sondage publié mardi et faisant autorité.
Le Pew Research Center a déclaré que son enquête a révélé des preuves de « profondes divisions, non seulement entre juifs israéliens et la minorité arabe du pays mais aussi parmi les sous-groupes religieux qui composent la communauté juive israélienne".
Ce centre d’études basé aux États-Unis a fondé ses conclusions sur les interviews en vis-à-vis avec 5601 Israéliens, menées entre octobre 2014 et mai 2015 - avant la hausse la plus récente des opérations palestiniennes qui a commencé l’année dernière.
L’enquête a révélé que 48% des Israéliens sont d’accord - y compris 21% fortement - pour que les citoyens palestiniens soient expulsés ou transférés hors des territoires occupés par Israël.
Seulement 46% des Israéliens sont en désaccord avec cette position, avec parmi eux seulement 17% exprimant une forte opposition.
Le centre de recherche a constaté que les juifs israéliens religieux étaient plus susceptibles de favoriser l’expulsion des Palestiniens - dont 71% des juifs orthodoxes modernes - alors que la majorité des juifs israéliens se disant laïcs étaient opposés à l’idée.
Cependant, même parmi les juifs laïques, plus d’un tiers, soit 36%, soutiennent la position de l’expulsion, laquelle serait totalement illégale au regard du droit international.
Parmi la population des colons sionistes - ceux qui vivent dans des colonies exclusivement juives sur le territoire palestinien occupé - 47% croient que les Palestiniens doivent être expulsés ou transférés, avec 27% soutenant fermement cette position.
Cependant, il n’a pas été clairement dit dans l’enquête si les colons incluaient les territoires palestiniens occupés, où ils vivent en violation du droit international.
Par ailleurs, l’enquête a révélé que 65% des colons croient que les colonies « aident la sécurité d’Israël. »
Discours politiques « toxiques »
« Cela reflète une tendance que nous avons vue dans les 10 à 15 dernières années », a déclaré Thabet Abu Ras, co-directeur du Fonds Abraham, qui travaille à promouvoir la coexistence entre les citoyens. « Le discours politique devient toxique".
Il dit que l’enquête est le reflet d’un gouvernement israélien qui, plutôt que de prendre des mesures contre le racisme, l’avait activement encouragé, « en utilisant l’incitation à la haine à des fins politiques. »
Les conclusions du Pew Research Center a révélé d’autres marqueurs de profondes divisions à travers la société israélienne, avec une écrasante majorité de 79% des juifs israéliens acceptant l’idée que « les juifs méritent un traitement préférentiel en Israël, » et 85% des colons de Cisjordanie adoptant cette même position.
Peut-être sans surprise, une proportion similaire de citoyens palestiniens des territoires occupés par Israël, soit 79%, estime « qu’il y a beaucoup de discrimination dans la société israélienne contre les musulmans », alors que 74% des Israéliens affirment qu’ils ne constataient pas beaucoup de discrimination.
Toujours selon l’enquête, bien que la majorité des israéliens, soit 76%, croit qu’Israël peut être à la fois une démocratie et un État juif, 64% des Palestiniens, y compris les musulmans, les chrétiens et les Druzes, estiment qu’un "État juif est incompatible avec les principes de la démocratie ».
Dans encore une autre divergence frappante d’opinions, seulement 20% des Palestiniens croient que le gouvernement israélien « cherche véritablement la paix » dans les territoires occupés, alors que seulement 10% des juifs israéliens pensent que le « leadership palestinien est sincèrement à la recherche d’un règlement pacifique. »
Le sondage a aussi révélé des divisions importantes entre les juifs israéliens, avec les juifs ultra-orthodoxes étant massivement persuadés que la loi juive devrait avoir préséance sur les principes démocratiques, alors que les laïcs estiment que les idéaux démocratiques devraient avoir la priorité.
L’enquête - basée sur des entretiens approfondis avec 3789 juifs, 871 musulmans, 468 chrétiens et 439 Druzes - est la plus récente à avoir mis en évidence une nation profondément fragmentée, où les positions n’ont fait que se cristalliser depuis une montée de violence en octobre l’année dernière.
« La solution est l’action gouvernementale contre le racisme », a déclaré Abu Ras, appelant précisément à des messages plus fermes et mettant l’accent sur l’égalité. « Mais ce n’est pas ce que nous voyons. »
Avec Info-Palestine