La communauté internationale s’est avérée être complice d’une manipulation perverse au sujet de la Palestine.
Peut-être la clause la plus notable concernant la proposition de la France d’organiser une conférence internationale dans le but de rétablir des négociations diplomatiques entre la Palestine et « Israël », était la prétendue reconnaissance automatique d’un Etat Palestinien si l’initiative échouait.
Hier, le ministre français des Affaires Étrangères, Jean-Marc Ayrault, a mis en évidence l’hypocrisie de son pays en annulant l’affirmation faite par son prédécesseur, Laurent Fabius.
Lors d’une conférence de presse au Caire, Ayrault a lâché : « Il n’y a jamais quelque chose d’automatique. La France présentera son initiative à ses partenaires. Ce sera la première étape, et il n’y a là aucune condition préalable. » Il s’est empressé d’ajouter : « Ce que nous voulons, et c’est notre engagement, c’est que reprenne le processus de négociation. »
Ayrault a préconisé de « mobiliser la communauté internationale » pour l’objectif de deux états, en préalable de la conférence que la France espère programmer pour l’été. La décision de s’abstenir de reconnaître un état Palestinien, selon Ayrault, est impérative afin d’éviter de maintenir à l’écart des pays tels que l’Allemagne, laquelle a régulièrement exprimé son soutien à Israël et avait émis des réserves concernant la déclaration précédente faite par Fabius.
Bien que Fabius ait éventuellement pu imaginer cette démarche, la France a agi avec duplicité – soutenant le sionisme en même temps que les Palestiniens tout en évitant la critique appropriée d’une telle attitude grâce à son aide alléguée en faveur de l’Autorité Palestinienne (AP) et à ses propositions de résolutions futiles au Conseil de sécurité des Nations Unies. Ayrault a jeté aux orties l’ambiguïté précédente, montrant la France telle qu’elle est : un pays dont les fidélités sont liées aux projets colonialistes.
Son jargon diplomatique peut également être considéré comme une rhétorique bien commode. Mobiliser la communauté internationale en faveur d’un compromis avec deux états dans lequel un état palestinien serait réduit à un territoire en fragments, consiste à défendre le projet d’une entité coloniale. Il est clair que la disparition de la Palestine est malheureusement devenue une priorité – ce qui n’est pas toujours facile à distinguer grâce à la tactique utilisée : des processus sans fin de négociation durant lesquels la Palestine est vidée de sa terre et de son peuple.
La France a ardemment soutenu un tel projet et l’AP a toujours applaudi à ces efforts, alors qu’elle continue à survivre dans un espace de plus en plus restreint, laissant l’entité sioniste violer les droits des Palestiniens. La dite communauté internationale s’est avérée être complice d’une telle manipulation perverse, et en dépit des quelques occasions où elle reconnait que le concept de deux états est insoutenable, aucune autre option n’a été mise sur la table, sans même aller jusqu’à imaginer un soutien international à la lutte anti-coloniale des Palestiniens.
Faire une claire distinction entre le consensus international sur le concept de deux états et l’appui internationaliste [à la lutte des Palestiniens] devient encore plus crucial. Alors que la communauté internationale et ses organismes officiels favorisent les projets coloniaux, le soutien internationaliste en faveur de la Palestine - qui peut fournir le début d’une alternative pour les Palestiniens - devrait s’écarter de ce discours sur deux états et ne pas tomber dans les pièges tendus par des dirigeants dont le but est d’aider Israël à poursuivre son expansion coloniale.
Tandis que la France veut donner prochainement un cadre à un ramassis de répétitions putrides et superflues, les organisations qui revendiquent leur appui aux Palestiniens feraient bien de se distancer de ces discours sur deux états et de ce prétendu équilibre, qui ne sont qu’une injure faite à l’histoire et à la mémoire des Palestiniens.
Source: Info-Palestine