Ce qu’il faut dire, c’est que ce siège ne se serait pas intensifié ni poursuivi si l’Europe avait adopté une politique conforme à ses obligations fondamentales et morales.
Voir Gaza se noyer dans la mer, c‘est le célèbre vœu formulé par l’ancien premier israélien ministre Yitzak Rabin, mais les responsables qui l’ont suivi ont été orientés vers une option plus simple pour obtenir le résultat escompté, à savoir étouffer Gaza par l’imposition d’un siège extrême.
Il n’existe pas de libre circulation à l’intérieur de la Bande de Gaza depuis qu’elle fut occupée en 1967 et les Palestiniens y ont vécu soumis à de nombreuses contraintes et restrictions. Toutefois, tout ceci semble peu de chose comparé à ce qui leur est imposé depuis 2006, notamment la fermeture de tous les postes frontières et l’imposition de conditions drastiques et extrêmes à l’entrée des produits et marchandises autorisés à Gaza. C’est une politique de siège qu’Israël impose officiellement à la Bande de Gaza.
Les habitants de Gaza subissent l’impact des effets de ce siège sur l’économie, le développement, la vie et la santé depuis les dix dernières années. Toutefois, ce sont les répercussions psychologiques et morales de ce siège qui sont les plus graves et les plus profondes. Dans une société où la majorité de la population a moins de 25 ans, une telle ségrégation et un tel isolement produisent des effets graves et pénibles. La jeunesse aspire principalement à sortir et à explorer le monde, et celle de Gaza est frustrée et en a assez des entraves imposées et de l’absence d’espoir.
Ce qui aggrave cette politique, c’est qu’elle cible un territoire où la plupart des habitants sont des réfugiés. Les forces armées israéliennes les ont expulsés de leur ville, village et terre en 1948, et ils furent entassés dans la Bande de Gaza dépourvue de ressources. Il est connu que l’ONU communique de temps en temps des faits choquants sur la situation humanitaire à Gaza, comme dans le rapport où elle déclare que la Bande de Gaza ne sera pas viable d’ici 2020.
Et tout ceci date d’avant l’amplification par Israël de ses opérations de destruction systématique d’habitations, d’installations et d’institutions civiles à Gaza en 2014. Des dizaines de milliers de Palestiniens sont sans abris depuis qu’Israël a bombardé leurs maisons.
Ces faits n’ont pas empêché Israël d’intensifier son siège, politique que les gouvernements successifs ont adoptée au cours des dix dernières années. Il est clair qu’au même moment, l’Egypte a aussi renforcé le siège des Palestiniens de Gaza d’une façon inquiétante. Elle a bloqué la seule source de respiration pour les Gazaouis en fermant le passage de Rafah et les tunnels utilisés pour faire entrer à Gaza nourriture et biens de premières nécessité.
Les politiques européennes des dix dernières années ont fermé les yeux sur ce qui se passe. Même après que le Partenariat euro-méditerranéen a fait l’objet de tous les éloges, les dirigeants qui ont échangé sourires et poignés de mains ne se sont pas rendus compte qu’il y avait une prison à ciel ouvert située sur la Méditerranée qui s’appelait Gaza.
Les responsables européens connaissent la vérité, et certains ont dit que ce qu’ils avaient vu sur le terrain lors de leurs nombreuses visites dans la Bande de Gaza les avait émus. Cependant, pas suffisamment pour les faire agir en conséquence. Le résultat que tout le monde peut voir aujourd’hui, c’est qu’un peuple-nation a été relégué dans une zone physiquement séparée de son environnement, et que l’on a dit à ses habitants qu’ils seraient coupés du reste du monde et que les belles déclarations et conventions internationales de ce monde ne s’appliqueraient pas à eux.
Ce qu’il faut dire, c’est que ce siège ne se serait pas intensifié ni poursuivi si l’Europe avait adopté une politique conforme à ses obligations fondamentales et morales. L’UE a retiré ses observateurs du poste de Rafah et ceci a contribué à sa fermeture. De plus, les Européens n’ont pas tenu leurs promesses et engagements répétés de reconstruire Gaza après une série de guerres destructrices israéliennes.
Aucune réelle pression n’a été exercée sur Israël pour qu’il mette fin à cette politique brutale, et l’imposition par l’Égypte de restrictions sévères qui affectent la vie des habitants, leur sécurité et leur liberté de mouvement a été ignorée. Ce qui est sûr, c’est que sans actions diplomatique et politique ou de pression intense sur Israël, l’exigence de levée du blocus de Gaza ne risque pas de figurer à l’ordre du jour international.
Les ministres des affaires étrangères de l’UE ont récemment donné leur position sur le siège, ou ce qu’ils appellent la « fermeture » de Gaza et ont exprimé un nombre d’exigences dont l’ouverture des postes de passage avec Gaza, une volonté de coopérer sur ce point avec les parties concernées, et l’exigence que l’aide humanitaire, notamment l’aide en provenance des programmes de l’UE et d’ONG européennes soit autorisée à entrer à Gaza.
Ils ont aussi exigé que la Bande de Gaza soit intégrée dans le gouvernement palestinien unifié et fasse partie de ses priorités. Toutefois, il ne semble pas que le discours officiel européen soit rigoureux ou précis concernant les modalités d’ouverture des postes de passage, ni l’identité au juste des parties concernées. Par conséquent, en fin de compte ces positions paraissent vagues.
Le blocus imposé à deux millions de personnes dans la Bande de Gaza doit être levé immédiatement et inconditionnellement, parce que cette politique de blocus et les mesures prises dans ce contexte relèvent de la punition collective de la population et ne doivent par principe être ni acceptées ni permises.
Il est inacceptable que l’UE prolonge son attitude d’impuissance et reste sur la touche pendant que cette politique continue à faucher de nombreuses vies et à étouffer la population, la poussant au désespoir. Les demandes et invitations faites dans les coulisses européennes sont inutiles sans pressions et efforts réels pour lever le blocus immédiatement.
Source: Info-Palestine