Les Américains répandent de plus en plus un projet de partition de la Syrie.
Les territoires contrôlés par les Kurdes dans le Nord de la Syrie devraient déclarer la mise en place d'une fédéralisation, selon un responsable kurde syrien, cité par Reuters.
Cette option signifierait un «élargissement de l'auto-administration formée par différents groupes ethniques dont les Kurdes», a déclaré à Reuters Idris Nassan, un fonctionnaire de la Direction des affaires étrangères de Kobané, l'une des trois zones autonomes mises en place par des groupes kurdes il y a deux ans.
Le nouveau territoire prendrait le nom de Fédération de Syrie du Nord et représenterait tous les groupes ethniques qui y vivent.
La Russie, pour ou contre??
Le 10 mars dernier, l'agence Reuters avait rapporté que la Russie a pris part aux négociations sur la fédéralisation de la Syrie qui maintiendrait l'unité du pays tout en garantissant une large autonomie à des entités régionales.
Mais le Kremlin a immédiatement nié sa responsabilité en précisant que de telles négociations n’avaient jamais eu lieu.
«Tout en insistant sur la préservation de l'intégrité territoriale de la Syrie, en la maintenant ainsi comme un seul pays, il y a naturellement toutes sortes de modèles différents de structure fédérale qui pourraient, dans certains cas, reposer sur un centre très, très faible et beaucoup d'autonomie pour différentes régions», avait rapporté Reuters, citant une présumée source proche aux diplomates, sans donner plus de détails.
«C’est un non-sens absolu. Nous n’avons jamais exprimé telles idées car ce sont les Syriens eux même qui doivent en parler; ils doivent discuter et régler telles questions eux-mêmes», avait alors répliqué le ministre-adjoint des Affaires étrangères russe Mikhaïl Bogdanov.
Il a aussi ajouté que la Russie estime qu’il est mieux de maintenir l’intégrité territoriale de la Syrie.
Néanmoins, c’est au sein des Etats Unis que les discussions sont parties au-delà de la fédéralisation.
Interrogé par l’agence russe Ria Novosti, le représentant du Parti de l'union démocratique kurde à Moscou, Ali Abd Salam, a affirmé que déclarer l'autonomie du Kurdistan syrien ne voulait pas dire quitter la Syrie.
Mais nombreux observateurs craignent un scénario similaire à celui des kurdes d’Irak où au début, leurs revendications se bornaient à une fédéralisation de l’Irak. Alors qu’aujourd’hui, ils avancent à grands pas vers la séparation.
Le Plan B de Kerry: diviser la Syrie
D’autant que des stratèges occidentaux se son mis à véhiculer un projet de partition de la Syrie.
Lors de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu de concert entre Américains et Russes, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a mis en garde plusieurs fois que la Syrie pourrait être divisée si les parties au conflit commenceraient à le violer. «Cela pourrait être trop tard de garder l’unité de la Syrie si on attend trop longtemps», a-t-il déclaré devant le Sénat américain le 23 février.
Cité par Russia Today, James Stavridis, l'ancien commandant suprême des forces alliées en Europe, a à écrit dans un article que la Syrie pourrait être divisée en une région alaouite, autour de Damas, dirigée par Bachar el-Assad ou son successeur, une région centrale avec un régime sunnite modéré et, enfin, une enclave kurde dans l'est.
«Malgré des conséquences négatives, la partition pourrait porter de bons fruits en séparant les parties au conflit. Pour la population dont 50% déjà déplacées, il n’y a pas de grandes choses à perdre», a-t-il écrit dans l’article pour un journal sur la politique étrangère.
«La partition pourrait donner un chance aux Syriens de quitter le camp ou échapper la route dangereuse vers l’Etat d’asile», a-t-il jugé.