22-11-2024 07:14 AM Jerusalem Timing

Les Libanais expulsés du Golfe se plaignent d’un "Black Water" bancaire

Les Libanais expulsés du Golfe se plaignent d’un

"Les avocats désignés par les banques émiraties seront partenaires dans le projet rancunier des pays du Golfe et ils assumeront la responsabilité de leurs actes", avertit un Libanais expulsé.

 « Les banques chargées de poursuivre les Libanais expulsés des pays du Golfe s’apparentent à Black Water », la société de sécurité américaine qui opérait en Irak en toute impunité à l’époque de l’occupation US du pays et qui a commis de nombreux sévices contre la population irakienne.

Tel est le constat d’un Libanais expulsé des Emirats Arabes Unis, actuellement poursuivi en justice pour des prêts impayés, lui qui a perdu toute sa fortune et qui a dû recommencer de zéro à cause de son expulsion imprévue !

Il est désormais clair pour tous que l’expulsion des Libanais des pays du Golfe, et qui a débuté depuis 2007, s’inscrit dans le cadre de la politique américano-sioniste visant à combattre l’axe de la résistance par tous les moyens.

Bien que la majorité écrasante de ces Libanais vivent depuis de longues années hors Liban, et qu’ils n’entretiennent pas de lien avec le Hezbollah, ils ont été chassés du Golfe et privés de leurs propriétés juste parce qu’ils sont chiites!

A qui profite donc le plus cette politique ?

A. Faour, un Libanais ayant résidé 20 ans aux Emirats, exerce la profession de docteur, et est détenteur d’un brevet dans le traitement de la prostate chronique.

« J’étais dans ma clinique lorsque les services de sécurité m’ont contacté pour m’aviser de la nécessité de quitter le pays le plus vite possible. J’étais choqué par cette décision. Un officier m’a dit : les ordres viennent d’en haut, nous sommes désolés, vous êtes un médecin de renommée. Il m’a dit que le problème vient du Liban. Les services de sécurité m’ont confisqué le passeport et ont annulé le titre de séjour, qui était toujours valide! On m’a demandé : Quelle référence religieuse suis-tu ? Je leur ai dit : Sayed Mohammad Hussein Fadlallah. Si j’avais dit que je suis Sayed Ali Khamenei, il m’aurait peut-être jeté en prison !! », confie-t-il d'un ton ironique au journal libanais al-Akhbar.

Et de poursuivre : « Je payais un prêt bancaire d’un montant de 300 mille dirhams. Chaque mois je payais 7642 dirhams, soit 2000 dollars US. J’ai déjà remboursé 100 mille dirhams. Mais après trois ans d’expulsion, j’ai été surpris d’une plainte déposée contre moi dans les tribunaux émiratis. Le jugement m’enjoint de payer la somme entière sans tenir compte des 100 mille remboursés !

« Aujourd’hui, un tribunal au Mont Liban se charge de l’affaire, mais il n’a rien fait. Je suis interdit de voyage. Je suis un médecin donc je dois participer à des congrès périodiquement. On m’accuse de fraude financière. Les bureaux émiratis chargés de restituer l’argent désignent des avocats au Liban pour intimider les gens. Ces bureaux ressemblent aux mercenaires de Black Water (…) Mais après avoir classé le Hezbollah comme organisation terroriste, il est désormais clair que la décision émiratie est purement politique. Nous avertissons les avocats chargés par les banques émiraties de continuer à poursuivre en justice les Libanais expulsés. Ils seront ainsi partenaires dans le projet rancunier des pays du Golfe et ils assumeront la responsabilité de leurs actes », a-t-il averti.

  A.F. propriétaire d’une exposition de voitures de luxe, a perdu des millions de dollars dû à son expulsion arbitraire. « Ca fait 35 ans que je vis à Sharqa. J’ai reçu l’ordre de quitter le pays en 2012, sans fournir aucune justification à cette décision. J’ai demandé aux autorités à l’époque de m’octroyer un délai de deux mois pour régler mes affaires. Un officier de sécurité m’a conseillé de mettre mes propriétés sous tutelle »!

Et de poursuivre : « J’ai tout transféré à un Syrien qui travaillait dans mon exposition depuis longtemps en échange de chèques dont le montant ne dépasse pas le 1/3 de la valeur effective de l’exposition, des voitures et des deux garages. Malgré cette perte, le Syrien m’a payé quelques chèques seulement et a pris la fuite».

Lui aussi fait l’objet d’une plainte déposée par une banque émiratie. « Je suis interdit de voyage, mais je ne paierai aucun sou si l’Etat émirati ne paie pas d’indemnisations pour ces expulsions. J’ai subi d’importants dégâts matériels et moraux juste parce que je suis chiite libanais ! ». 

Un autre libanais (H.H.) relate l’histoire d’un de ses amis : «Un membre du département des renseignements libanais (affilié aux forces de la sécurité intérieure) est venu un jour visiter mon ami, qui est président-directeur général d’une banque libanaise. Il lui a présenté un exemplaire à remplir sur son fils embauché dans un pays du Golfe. Le PDG lui a expliqué que son fils n’a aucun lien avec les partis politiques libanais, et lui a donné une somme d’argent. Le rapport fut alors positif et le fils de mon ami travaille toujours dans le Golfe. Donc, les rapports des agents des renseignements au Liban sont derrière le maintien ou l’expulsion des Libanais. Ils sont similaires aux agents d’Israël, aucune différence  entre eux», déplore-t-il.

Certains Libanais expulsés tentent de désigner des avocats dans le Golfe pour poursuivre leurs affaires, mais personne n’accepte de les défendre par peur de mesures vindicatives des autorités concernées.

Face à cette situation, les Libanais expulsés projettent de former un front uni et de nommer un avocat défenseur des droits de l’homme pour résoudre le dilemme des indemnités de l’expulsion, et du paiement des prêts bancaires.
 
Avec Al-Akhbar