La Havane dit ne pas être disposée à "renoncer à un seul de ses principes (...) pour avancer vers la normalisation".
Barack Obama a découvert La Havane dimanche, en famille et sous une pluie battante, devenant le premier président américain en exercice à se rendre à Cuba depuis la révolution castriste de 1959.
"¿Que bola Cuba?" ("Comment ça va Cuba ?"), a lancé M. Obama sur son compte Twitter en utilisant une expression populaire, quelques secondes après l'atterrissage d'Air Force One sur l'aéroport Jose Marti, du nom du père de l'indépendance de cette ancienne colonie espagnole.
Barack Obama, sa femme Michelle et leurs deux filles, Malia, 17 ans, et Sasha, 14 ans, ont parcouru à pied les rues détrempées de la vieille Havane.
Un impressionnant déploiement de forces de police limitait cependant singulièrement l'accès à cette partie de la ville, classée au patrimoine de l'Unesco.
La famille Obama s'est notamment rendue dans la cathédrale de La Havane, trésor baroque du XVIIIe siècle, où elle a rencontré le cardinal Jaime Ortega, un des artisans du rapprochement américano-cubain.
Dissidents interpellés
Avec ce voyage, M. Obama, qui quittera la Maison Blanche dans 10 mois jour pour jour, veut rendre irréversible le spectaculaire rapprochement engagé le 17 décembre 2014 - après 18 mois de négociations secrètes - avec le président cubain Raul Castro.
Quelques heures avant son arrivée, les autorités cubaines ont arrêté plusieurs dizaines de dissidents lors de l'habituelle procession dominicale des Dames en Blanc, près d'une église de l'ouest de La Havane.
M. Obama, qui devait rencontrer des dissidents mardi, a prévenu qu'il évoquerait "directement" les droits de l'Homme lors de ses entretiens lundi avec Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel voici presque 10 ans.
"C'est une visite historique et une occasion historique", a-t-il souligné en rencontrant le personnel de l'ambassade américaine, neuf mois après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux anciens pays ennemis.
"En 1928, le président (américain Calvin) Coolidge était venu sur un navire militaire, cela lui avait pris trois jours. Cela m'a pris seulement trois heures", a-t-il ajouté, en référence au dernier chef d'Etat américain en exercice à s'être déplacé sur l'île.
La famille Obama est ensuite partie dîner dans un "paladar" (restaurants privés, souvent chics, qui se sont développés ces dernières années sur l'île communiste) de la capitale cubaine, en rapide transformation depuis l'annonce du rapprochement avec Washington.
Discours dans un théâtre
Le temps fort de la visite du 44e président des Etats-Unis sera le discours qu'il prononcera mardi dans un théâtre de La Havane, devant un public sélectionné et les caméras de la télévision cubaine.
Selon la Maison Blanche, aucune rencontre n'est prévue avec l'ex-président Fidel Castro, âgé de 89 ans.
Malgré l'engouement autour de ce déplacement longtemps impensable, l'embargo qui bride le développement de l'île depuis 1962 demeure en place et les changements espérés par Washington pourraient tarder à se concrétiser.
Avant la visite, le ministre cubain des Affaires étrangères a rappelé que La Havane n'était pas disposée à "renoncer à un seul de ses principes (...) pour avancer vers la normalisation".
La Maison Blanche a décrété ces derniers mois une série de mesures pour assouplir l'embargo, dont la levée totale dépend du Congrès américain.
La chaîne hôtelière Starwood a annoncé samedi avoir obtenu le feu vert du Département du Trésor pour ouvrir deux hôtels à La Havane, devenant ainsi la première multinationale américaine à s'installer à Cuba depuis l'arrivée au pouvoir à La Havane, en 1959, de Fidel Castro.
Avec AFP