L’Union européenne ne critique pas Ankara pour ses combats contre le PKK, que Bruxelles qualifie également d’organisation terroriste, en dépit du fait que de nombreux pays européens soutiennent l’aile militaire..
La Turquie, appelée par Bruxelles à aider à régler la crise migratoire, est elle-même confrontée à une situation délicate. Une guerre civile se déroule dans le sud-est du pays, alors que des centaines de milliers d'habitants de la région deviennent réfugiés.
La confrontation entre les forces de sécurité turques et les milices kurdes dans le sud-est de la Turquie s'est aggravée, écrit le journal Politico.
Les personnes qui ont quitté Diyarbakir, considérée comme la capitale officieuse du Kurdistan turc, ne reconnaissent plus la ville où ils habitaient autrefois. De fait, cette ville a été soumise à un blocus de l'armée pendant quatre mois, et de violents affrontements s'y sont déroulés entre les forces gouvernementales et les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"La ville ressemblait à la Syrie. Nous avons pris quelques vêtements pour les enfants et nous nous sommes enfuis. Maintenant, il n'y a rien là-bas", a confié une habitante de Diyarbakir, contrainte de quitter la ville au milieu des affrontements armés.
L'Europe n'a pas prêté attention à ces explosions de violence, note Politico.
Bruxelles est préoccupé par les conflits en Syrie et en Irak et par la fuite de leur population. Pendant ce temps-là, la guerre civile en Turquie transforme les différentes parties du pays en zones dignes de la Syrie.
Ankara a des problèmes non seulement avec les réfugiés syriens, mais aussi avec ses propres réfugiés turcs. Selon des estimations, depuis août 2015, en Turquie, plus de 400.000 personnes ont fui leur lieu d'origine.
Outre Diyarbakir, Cizre, une autre ville kurde de Turquie, a gravement souffert. Selon les autorités locales, entre 100.000 et 120.000 habitants ont quitté la ville.
"La moitié de Cizre n'est plus habitable, et l'autre moitié est également détruite" a indiqué Raci Bilici, dirigeant de l'Association turque des droits de l'homme, basée à Diyarbakir.
L'Europe garde le silence, et ne s'occupe que du problème des réfugiés, ajoute M.Bilici. Lors d'une visite à Berlin, il a essayé de parler aux parlementaires allemands de la situation dans le sud-est de la Turquie, mais les politiciens ne semblaient intéressés que par une seule question: "Eh bien, qu'en est-il des réfugiés syriens?".
L'Union européenne ne critique pas Ankara pour ses combats contre le PKK, que Bruxelles qualifie également d'organisation terroriste, en dépit du fait que de nombreux pays européens soutiennent l'aile militaire du parti kurde qui lutte sur les lignes de front contre l'État islamique, indique le journal.
"Quel genre d'assistance cet État peut-il fournir aux réfugiés s'il tue ses propres citoyens et crée des réfugiés dans son propre pays? L'Union européenne ne se rend-elle pas compte que si le conflit kurde se transforme en guerre, les Turcs et les Kurdes pourraient également se précipiter en Europe", s'étonne Sibel Yigitalp, représentant du Parti démocratique des peuples (HDP).
En décembre dernier, les autorités turques ont instauré un couvre-feu dans plusieurs régions kurdes du sud-est du pays en proie à des heurts entre forces de sécurité et militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) notamment dans le quartier Sur de Diyarbakir, dans les villes de Cizre et Silopi dans la province de Sirnak ainsi qu'à Nusaybin et Dargecit dans la province de Mardin. Selon l'état-major de l'armée turque, plus de 1.000 combattants kurdes auraient été abattus dans les régions en question depuis la mi-décembre. La partie kurde affirme pour sa part qu'il s'agit pour la plupart de victimes civiles.