Le numéro un du Hezbollah a assuré que la Résistance ne sortira pas de Syrie qu’après avoir réalisé tous ses objectifs
« La prochaine guerre, si elle a lieu, nous la mènerons sans aucun plafond ni ligne rouge », a mis en garde le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah lors d’une interview accordée à la télévision panarabe al-Mayadeen, lundi soir.
« Il n’y a pas seulement les réservoirs d'ammoniac à Haïfa mais il y a aussi d’autres usines, pour lesquels Israël semble avoir des garanties internationales et arabes, ou bien des gages de bonne volonté de la part des régimes arabes pour qu’ils ne soient pas bombardés. Il a donc construit des usines pétrochimiques, d’autres biologiques, sans compter les réacteurs nucléaires et les entrepôts destinés aux résidus nucléaires. Il y a aussi les entrepôts destinés à ranger les ogives nucléaires. Ces usines et ces réacteurs se trouvent dans les villes, ou dans leur parage. Certains sont adjacents aux villes. Ce sont toutes des cibles si les Israéliens mettent à exécution leur menace de détruire l’infrastructure de notre pays. Il est de notre droit de riposter contre toute cible pour dissuader notre ennemi », a-t-il expliqué.
Pas de guerre dans le proche avenir
Avant d’adresser cet avertissement aux Israéliens, sayed Nasrallah avait a exclu l’éventualité d’une offensive israélienne contre le Liban dans le proche avenir, assurant que l’entité sioniste ne peut jamais déclencher une guerre sans feu vert américain.
« Toutes les expériences passées dont la guerre de juillet (2006) ont été faites à la demande des Etats-Unis et de la part de l’ancienne administration Bush en particulier afin de changer le Moyen-Orient », a-t-il indiqué.
« Il est peu probable que l’administration de Barak Obama puisse donner son autorisation d’autant qu’elle est sur le point de partir. De plus, toute guerre contre le Liban est une aventure aux conséquences inconnues », a-t-il ajouté.
Vers quelles ère Israël pourrait-il retourner?
Le numéro un du Hezbollah a accusé certains arabes, d’être à la solde d’Israël. « Ce sont des régimes ou des agents. Ces régimes sont bien connus. Les Israéliens ont leurs propres calculs en fonction de leurs propres intérêts et toute guerre devrait avoir des objectifs et réaliser des résultats sans oublier que toute guerre coutera cher à Israël aussi bien sur le plan humain que moral, voire même économique », a-t-il estimé.
Il a ajouté : « la Résistance, grâce à parfaite disposition et mobilisation, moralement et matériellement, a persuadé les Israéliens que la guerre contre le Liban serait particulièrement couteûse, d’autant qu’ils se doivent de faire l’équilibre entre la rentabilité et le cout ». Et de préciser : « Israël veille à la vie de ses colons, c’est un point faible qu’on peut exploiter. Les Israéliens savent très bien que la Résistance possède des missiles capables d’atteindre toutes les régions en Palestine occupée. Nous parlons d’une guerre dans laquelle nous serons amenés à défendre notre pays et notre peuple au cas où ils seront agressés. Nous devons défendre note pays contre l’Israélien qui voudrait comme il le dit nous ramener 300 ans en arrière, en bombardant nos infrastructures. La dessus, nous devons dire que nous ne sommes pas faibles».
Apres avoir menacé de frapper toute les usines sensibles en Israël, il a ajouté : « supposons que nous bombardons tous ces objectifs israéliens, vers quelles ère retournera Israël ? Quand bien même ces sites se trouvent dans les villes, il est de notre plein droit de les bombarder. Les Israéliens se doivent de faire ses calculs à la lumière de cela. Nous possédons une liste complète des usines, des dépôts avec leurs coordonnés, sans compter les moyens que la Résistance détient en sa possession. Rien de bon pour les Israéliens qui savent que le cout sera très élevé ».
« La prochaine guerre, nous la mènerons sans plafond, ni ligne rouge. La résistance est dans le collimateur des Israéliens et des Arabes. Avec l’aide de Dieu, nous œuvrons avec sérieux et nous avons les capacités de bombarder partout en Palestine occupée », a-t-il pesté.
Des garanties arabes aux Israéliens
« C’est curieux. Ils ont des sites biologiques en pleine production et exportation. Comment ont-ils pu les édifier au sein des agglomérations tout en sachant que les gouvernements arabes possèdent des missiles précis. Cela ne peut s’expliquer que par le fait que les Israéliens ont obtenu des garanties de la part des régimes arabes », a-t-il analysé.
Sur ce thème, Sayed Nasrallah a rappelé que pendant les guerres de juillet et contre Gaza, certains responsables israéliens ont dit que des gouvernements arabes leur ont demandé de ne pas les arrêter. « Il est du droit de la Resistance de posséder l’armement nécessaire de dissuasion pour affronter les violations israéliennes ».
Selon lui, l’armée libanaise a le droit de posséder l’armement nécessaire pour abattre les drones de reconnaissance israéliens qui violent l’espace aérien libanais. « Mais cela lui est strictement interdit », a-t-il déploré.
La violation perpétuelle par les drones israéliens constitue d’après Sayed Nasrallah un des mesures de préparation de l’offensive, ainsi que l’infiltration du réseau internet libanais par les Israéliens, qui est selon lui « très dangereux».
« Le fait qu’Israël transgresse l’espace aérien libanais jour et nuit, est certes bien plus dangereux que l’infiltration du réseau en ligne », a-t-il toutefois jugé.
Le numéro un du Hezbollah a tenu a insister son attachement à l’équation en cours au Liban, « Armée, Peuple et Résistance », assurant qu’il n’est pas question qu’elle soit sapée, ni que les Israéliens en imposent une autre.
« Certains pensent ainsi dans l’entité de l’ennemi sioniste. Nous leur disons qu’ils se trompent. Nous n’admettons aucune bataille de ce genre, ni les demi-solutions », a-t-il menacé.
Une équipe spéciale au Hezbollah pour Israël
Il a ajouté : « Certains pensent que le Hezbollah est totalement impliqué en Syrie. Mais nous avons une équipe qui est totalement consacrée au sujet israélien, et à tout ce qu’il dit ».
Refusant de révéler la nature des armements détenus par la Résistance, il a assuré qu’il est de son plein droit , celui de l’armée libanaise, et du peuple libanais voire toutes les armées de la région de posséder les armements pour défendre leur existence et leur souveraineté.
« Il n’est pas question de fournir aucune garantie ni d’échanger aucun message avec l’ennemi israélien... nous lui disons seulement de ne point agresser ».
La Russie n’est pas dans l’axe de la Résistance
Passant au sujet syrien, Sayed Nasrallah a tenu a rappeler que ce pays fait partie de l’axe de la résistance contre Israël.
« Dans cet axe, il y a les Résistance libanaise et palestinienne, la Syrie, l’Irak et l’Iran, sans oublier certains catégories des peuples arabes et islamiques et les Libres du monde ». Quant à la Russie, elle ne fait pas partie de cet axe, a-t-il tenu à signaler.
« Certains analystes politiques ont cru voir une lacune chez la Résistance, en faisant la remarque que la Russie entretient des relations avec Israël. La Russie est une grande puissance, l’une des superpuissances. Elle a ses propres relations et intérêts qui se croisent avec ceux de puissances régionales. Mais elle ne fait pas partie de l’axe de la Resistance. Et elle ne se considère pas ainsi », a-t-il indiqué.
Interrogé sur la décision russe de retirer son principal contingent de Syrie, il a répondu : « Certains dans le monde ont estimé que la décision de la Russie de venir en Syrie était surprenante. Mais il en était question depuis un certain temps entre les directions syrienne et iranienne et nous étions au courant des discussions qui étaient entamées. Lorsque Poutine a pris la décision d’intervenir en Syrie, cela n’a pas surpris les dirigeants syriens et iraniens ».
Sur le retrait russe, il l’a qualifié d’un retrait partiel. « Toute l’affaire est qu’une force russe avait été dépêchée dans le cadre d’une vision militaire qui s’est fixée comme objectifs de récupérer des régions, et d’escorter les opérations des militaires syriens et de leurs alliés. Mais lorsque la Turquie a abattu un avion russe, et par crainte d’une friction russo-turque, la Russie a mis en garde contre toute violation turque de l’espace aérien syrien et dépêché des forces militaires supplémentaires qui n’étaient pas initialement destinées à l’être . Vu que les Turcs ont respecté leurs limites, la présence de cette force n’est plus utile », a-t-il expliqué.
Une chambre d'opération entre Russes, Irakiens, Iraniens et Syrie
Il a poursuivi : « Des discussions ont lieu entre l’Irak, la Russie, la Syrie et l’Iran au niveau des ministères des Affaires étrangères et des Etats-majors respectifs des pays. Une chambre d’opérations commune a même été mise au point dans laquelle des représentants des quatre pays sont présents. Nous entretenons des liens directs avec les Russes mais nous ne discutons pas avec eux de questions liées au domaine militaire ou de stratégie politique. Notre rôle se limite a l’assistance. Et nous ne prétendons faire pas plus que cela ».
L'Arabie ne veut de règlement politique en Syrie
Interrogé sur sa vision sur les négociations en cours en Genève, Sayed Nasrallah a indiqué que les Américains voudraient une solution politique qui puisse servir leurs intérêts et les buts de leurs alliés.
« L’un de ces buts consiste à changer le régime en Syrie, pour que ce pays devienne dépendant des Etats-Unis », a-t-il indiqué.
Selon lui, l’Iran et la direction syrienne aussi voudraient également un règlement politique en Syrie. « Mais ce sont les autres protagonistes qui refusent. Alors que les Américains sont persuadés que les moyens militaires ne peuvent aboutir à une solution en Syrie. Et que l’alternative serait le front al-Nosra et Daesh ».
Sayed Nasrallah estime qu’il n’est pas bon que le règlement de la crise syrienne soit dicté de l’extérieur et qu’il faut laisser faire les Syriens entre eux.
« Les Turcs pourraient faire preuve de plus de réalisme que les Saoudiens concernant la condition sur le départ du président Assad. Ceux qui torpillent le règlement politique sont les Saoudiens, ceux qui compliquent les choses sont eux, et ils refusent le lancement de l’opération politique en Syrie », a-t-il accusé.
L’Arabie derrière la décision sur le Hezbollah
Sur la décision des régimes arabes de mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, il a accusé l’Arabie saoudite d’être l’instigatrice de cette décision.
« Ceux qui nous considèrent comme des terroristes sont les Saoud et non les Saoudiens… Le projet saoudien a dépensé beaucoup d’argent au Liban depuis l’an 2005 pour mettre un terme à la Résistance. Durant la guerre 2006, l’Arabie voulait qu’elle continue pour qu’elle réalise ses objectifs. Nous avons des preuves sur cela… », a-t-il dit.
Selon lui, l’Irak n’a pas accepté la décision du Conseil de coopération du Golfe parce qu’il était visé lui aussi. « La décision du CCG est saoudien par excellence et tous les autres ont acquiescé. C’est l’Arabie saoudite qui possède l’argent, les medias et le décret religieux d’apostasie et menace de les brandir contre tous ceux qui s’opposent à elle ».
Leur cible, c'est l'Iran
« L'Arabie possède un pouvoir financier, religieux et contrôle des tafkiristes qu'elle menace d'utiliser contre ceux qui s'opposent à elle », a estimé le secrétaire général du Hezbollah. « Mais le vrai problème de l'Arabie saoudite est l'Iran, et ce problème n'est pas lié à des considérations communautaires», a-t-il expliqué.
Selon Sayed Nasrallah, « le projet saoudien en Syrie, en Irak et au Yémen s’est soldé par un échec, l’Arabie a dépensé plus de 200 milliards de dollars dans la guerre de Saddam contre l’Iran. La guerre contre l’Iran n’a rien à voir avec le fait que ce pays est chiite. Le Shah d’Iran était bel et bien chiite, mais n’était pas perçu comme un ennemi. L’Iran d’aujourd’hui est perçu ainsi parce qu’il est sorti de la tutelle américaine. C’est l’Arabie qui est derrière la guerre imposée à l’Iran et l’Irak n’a été qu’un simple outil.
Tout le monde sait très bien que le régime saoudien a déployé tous ses efforts pour interdire l’accord nucléaire, et qu’il œuvrera pour qu’il ne soit pas mis en exécution ».
Il a continué : « le Hezbollah jouit d’une bonne réputation dans le monde arabo-islamique. Nous avons régulièrement des échos de cela. Mais le régime saoudien ne peut admettre aucune d’être critiqué. Le seul crime de cheikh Nimr c’est qu’il le critiquait le régime saoudien qui ne peut admettre d’être rejeté, et craint la vérité. Comme il veut faire taire le Hezbollah, il a eu recours à plusieurs mesures dont celle de faire pression sur les Libanais et il nous a mis sur la liste des terroristes ».
Les accusations sur le Hezbollah au Bahreïn, des mensonges
Sur le Bahreïn, Sayed Nasrallah a récusé les accusations selon lesquelles le Hezbollah a équipé et entrainé des contestataires bahreinis.
« C’est une accusation mensongère. Nous n’avons jamais envoyé d’arme au Bahreïn. Nous n’avons jamais formé de cellules terroristes au Bahreïn. Si nous l’avions fait, la situation aurait été différente. Nous avons toujours incité le peuple bahreïni à recourir aux méthodes pacifistes et à suivre les recommandations des Ulémas. Nous n’avons jamais participé à quoique ce soit, ni aidé en quoique ce soit ni ne sommes intervenus dans ce pays. Toute accusation contre le Hezbollah est pure mensonge et une injustice contre le Hezbollah. Si la décision arabe s’est basée sur ces accusations, elle est invalide. Je dis au ministres des AE et de l’intérieur arabes qu’il devraient vérifier leurs informations ».
Sayed Nasrallah a rappelé que le Hezbollah ne veut entrer en conflit avec personne « Nous combattons Israël dans la zone frontalière. Lorsqu’on a visé l’axe de la Resistance, nous sommes partis en Syrie »,
Selon lui, Riad refuse de dialoguer avec les Iraniens, alors que ces derniers sont plus ouverts. « Zarif dans son premier point de presse a déclaré vouloir un dialogue avec l’Arabie saoudite et a même demandé une visite, mais elle ne lui a jamais été fixée. Les Saoudiens ne veulent ni dialogue avec l’Iran, ni avec la Syrie ni avec le Hezbollah. Comme ils ont vu qu’ils ont essuyé des échecs importants dans la région, ils ne peuvent admettre être en position de faiblesse. Bien entendu, nous soutenons toutes les formes de dialogue. Mais le problème est qu’il y a un régime irrité qui mène une bataille contre un parti ».
Campagne de diffamation contre le Hezbollah
Sayed Nasrallah a indiqué que le Hezbollah fait l’objet d’une campagne de diffamation pour ternir sa réputation.
« Depuis quelques jours, ils ont parlé dans les medias koweitiens d’une bande accusé soi-disant liée au Hezbollah, et impliquée dans de activités de trafic de drogue. Ce ne sont que des balivernes. Ces accusations sont injustes. Mêmes les Arabes de l’ère pré islamique ne recouraient pas à des procédés pareils».
Sur la relation avec les différentes factions de la résistance palestinienne, Sayed Nasrallah a assuré qu’elles étaient bonnes, précisant qu’elles sont fondées sur « une position claire et tranchée sur Israël ».
« Nos alliances sont basées sur un critère politique et non religieux, ni idéologique. C’est d’ailleurs la norme qui régit au sein des forces du 8-mars. Il y a des courants politiques, nationalistes, et pan arabes qui étaient plus proches de nous que les courants islamistes », a-t-il poursuvi.
Futur: rallier le Liban aux exigences saoudiennes
Concernant la relation avec le courant du Futur, il a révélé: « depuis le retour de Hariri (Saad) au Liban, il est en campagne contre le Hezbollah. Il y a un dialogue entre nous deux, et ce n’est pas bon. Il tente de rallier la situation au Liban avec les exigences saoudiennes ».
Sayed Nasrallah a évoqué sa relation avec le président iranien Hassan Rohani révélant le connaitre depuis longtemps, et l’avoir rencontré après son élection.
« Depuis la victoire de la révolution islamique en Iran, il y a toujours eu plusieurs courants qui divergent entre eux sur les questions économique ou la politique étrangère, mais jamais sur la question palestinienne et la résistance à l’occupation israélienne. Il y a un consensus sur cette question au niveau politique et idéologique. Il y a toujours eu une relation amicale entre le Hezbollah et les different5es dirigeants de ces courants. Il nous importe que l’Iran soutienne la cause palestinienne ».
Pas de retrait de la Syrie
Sayed Nasrallah a enchainé son entretien en parlant de la Syrie.
« Ce qui est propagé (dans les médias) sur notre retrait de Syrie n’est pas exact. Nous resterons en Syrie pour empêcher qu’elle ne tombe entre les mains de Daesh et du front al-Nosra. Il a été clair dès le début que ces groupuscules ne supportent ni élection ni démocratie et qu’ils apostasient tous ceux qui recourent aux urnes. Si la Syrie tombe, c’est le Liban qui tombera aussi. Le sort des deux pays est lié ».
Il a poursuivi : « Nous somme allés en Syrie pour réaliser un but. Et nous y resterons tant qu’il le faut. Nous au Hezbollah, notre destinée est scellée à celle de nos frères syriens. Nous voulons certes que cesse l’effusion de sang et que les revendications de l’opposition soient exaucées ».
Haykal est une stature qui n'a pas plié face au pouvoir de l'argent
Interrogé sur la visite de la délégation du Hezbollah en Egypte, il a répondu :
« nous nous sommes rendus au Caire exclusivement dans le but de présenter nos condoléances pour le décès du grand journaliste Mohammad Hassanine Haykal , avec lequel nous sommes en relations depuis le martyre de mon fils Hadi. Depuis nos rencontres se sont poursuivies, même après l’entrée du Hezbollah en Syrie. Il a toujours pris notre défense, dans les situations les plus critiques. C’est sûr qu’avec son départ, le monde arabe a perdu une stature arabe qui ne s’est pas plié face au pouvoir de l’argent, et qui n’a pas été intimidé par les menaces, ni par les avertissements d’apostasie », a-t-il conclu.