Les voisins de la Belgique renforcent leur sécurité.
Des visages en sang, des hommes et des femmes en pleurs, au moins 34 morts et 200 blessés: plusieurs explosions à l'aéroport international et dans le métro perpétrés ont plongé Bruxelles et sa population dans la stupeur et l'horreur mardi matin.
C'est la milice wahhabite takfiriste Daesh (etat islamique-EI) qui a revendiqué les attentats perpétrés en coordination.
"Des combattants de l'Etat islamique ont mené une série d'attentats à l'aide de ceintures et d'engins explosifs mardi, prenant pour cible un aéroport et une station de métro dans le centre de la capitale belge Bruxelles, un pays
participant à la coalition internationale contre l'État islamique" (EI), a
affirmé l'Agence de presse Aamaq, liée au groupe takfiriste.
Les deux premières explosions sont survenues vers 08H00 (07H00 GMT) à l'aéroport, faisant 14 morts et 96 blessés à l'aéroport, selon les pompiers. L'une d'elles a "probablement" été causée par un "kamikaze", a indiqué le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw.
Selon le gouverneur de la province du Brabant Flamand, Lodewijk De Witte, "trois bombes avaient été introduites" dans l'aéroport, mais l'une d'elles "n'a pas explosé".
"On a entendu un grand boum", raconte Anne, qui travaillait dans le hall d'entrée. "On a cru que c'était les travaux parce qu'il y a beaucoup de travaux, mais on a vu des personnes arriver en panique. Elles pleuraient, elles avaient peur", dit-elle.
'Du sang dans l'ascenseur'
Parmi une trentaine d'employés évacués de l'entreprise Swissport, une compagnie de sous-traitance aérienne au sol, des femmes en larmes, certains qui s'étreignent.
Peter était dans le hall des départs, au comptoir Swissport. "J'ai entendu la première explosion, j'ai pris un enfant dans mes bras, je l'ai caché sous un comptoir, après je l'ai confié a un policier", temoigne-t-il.
"Il y avait des blessés partout, certains ne bougeaient plus. Je voulais aider mais je ne pouvais pas", explique-t-il. "Je me suis sauvé le plus vite possible".
Jean-Pierre Lebeau venait lui d'arriver à l'aéroport, en provenance de Genève, quand il a entendu la première déflagration. "On a senti le souffle", dit-il, décrivant ensuite "le plafond tombé... une odeur de poudre... du sang dans l'ascenseur". "On a d'abord été parqués vers la Police aux frontières puis on nous a donné l'ordre d'évacuer".
A l'extérieur de l'aéroport, un couple est enlacé, visiblement choqué. "Ma femme venait juste d'arriver. Nous nous sommes salués et nous avons pris l'ascenseur", se souvient Jean-Pierre Herman. Tous deux ont alors "couru vers une sortie d'urgence".
'C'est horrible'
A une dizaine de kilomètres de là, peu après 09H00, c'est le coeur du quartier européen de Bruxelles qui a été gagné par la panique après une explosion dans la station de métro de Maelbeek.
Elle a provoqué "probablement une vingtaine de décès" et 106 blessés, selon le maire de Bruxelles Yvan Mayeur.
Le bilan des pompiers était lui d'une "quinzaine de morts" et 72 blessés.
La situation était très confuse devant cette station, d'où s'échappait un nuage de poussière vers 09H30. Un journaliste de l'AFP a vu une quinzaine de personnes au sol, recevant les premiers soins sur le trottoir. Parmi eux, plusieurs ont le visage en sang, certains pleurent.
La scène se déroule à trois cents mètres du bâtiment de la Commission européenne et des autres sièges des institutions européennes, devant laquelle affluaient dans la matinée des forces de sécurité.
Rapidement, autour de la sortie du métro, des agents de police établissent un périmètre de sécurité, repoussent fermement les badauds et coupent la circulation des voitures dans le quartier où des dizaines de fonctionnaires européens, en costume cravate, cherchent dans la confusion un moyen de gagner leur lieu de travail.
Alerte antiterroriste
L'alerte antiterroriste est passée pour l'ensemble de la Belgique à son niveau maximal de 4, et l'aéroport de Bruxelles a été fermé "jusqu'à nouvel ordre". Le trafic du métro a été suspendu de même que le trafic des trains Thalys avec la France.
Le trafic du métro a également été suspendu à Bruxelles, siège de l'Union européenne et de l'Otan, qui était pratiquement à l'arrêt complet, la population étant appelée à éviter les déplacements.
La sécurité des centrales nucléaires a été renforcée, a annoncé Belga.
La justice belge a demandé à la presse de ne pas communiquer sur l'enquête en cours, alors que des médias faisaient état de perquisitions dans la capitale et que Bruxelles craignait qu'il y "ait encore des personnes dans la nature".
Ces attentats surviennent quatre jours après la capture spectaculaire dans la commune bruxelloise de Molenbeek du Français Salah Abdeslam, seul survivant du commando auteur des attentats revendiqués par l'EI de novembre à Paris (130 morts), et désormais dans une prison belge de haute sécurité avant son transfèrement en France.
"Nous redoutions un attentat et c'est arrivé", a réagi le Premier ministre Charles Michel après ces attentats "aveugles, violents et lâches" en évoquant "un moment noir pour ce pays".
Le gouvernement belge a décrété un deuil national de trois jours.
Cris en arabe
Mardi matin, des tirs ont d'abord été entendus dans le hall des départs de l'aéroport international, avant qu'une personne ne lance des cris en arabe et que deux explosions retentissent, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP et à l'agence de presse Belga.
"Un monsieur a crié en arabe. Il a crié quelques mots et j'ai entendu une grosse déflagration", a témoigné Alphonse Lyoura, un employé de la sécurité des bagages.
C'était "une panique générale" et "beaucoup de personnes ont perdu des jambes", a déclaré à l'AFP un homme qui se trouvait à cinq mètres de l'explosion qui a provoqué des panaches de fumée au-dessus de l'aérogare.
Cheryl Miller, passagère en provenance de New York, a dit à l'AFP qu'elle était dans une file d'attente quand "il y a eu une énorme explosion et beaucoup de secousses. La poussière tombait des conduits d'aération. Nous avons tous couru pour nous protéger."
Selon un témoin cité par la radio publique francophone RTBF, les explosions ont eu lieu près d'une porte d'embarquement vers les Etats-Unis.
Moins d'une heure après l'aéroport, le métro était ciblé, une explosion soufflant une rame arrêtée à 300 mètres de la Commission européenne.
Une photo diffusée par la chaîne publique RTBF montrait une rame de métro éventrée, sièges déchiquetés, et parois calcinées, à la station frappée en pleine heure de pointe.
La déflagration a été telle qu'elle a provoqué l'écroulement de trois murs d'un parking souterrain attenant à la station de métro, a décrit le porte-parole des pompiers bruxellois.
"Il y a beaucoup de nationalités" parmi les blessés, a déclaré le maire de la ville, ajoutant que l'identification des victimes allait "prendre du temps" en raison de la situation "chaotique".
Les voisins de la Belgique renforcent leur sécurité
Les attentats de Bruxelles ont créé une onde de choc ailleurs en Europe et entraîné des réunions d'urgence des gouvernements à Paris et Londres.
Plusieurs pays européens voisins de la Belgique ont renforcé leurs mesures de sécurité et les contrôles aux frontières après les attentats meurtriers mardi à Bruxelles, en appelant aussi au renforcement de la lutte européenne contre le terrorisme.
La France, l'Allemagne et les Pays-Bas mais aussi la Grande-Bretagne ont annoncé de nouvelles dispositions quelques heures après les attentats qui ont fait au moins 26 morts à l'aéroport international et dans le métro de Bruxelles.
En France, 1.600 policiers et gendarmes supplémentaires vont être déployés en différents points du territoire, pour contrôler les frontières mais aussi dans les infrastructures de transports, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à l'issue d'une réunion d'urgence à l'Elysée.
Depuis les attentats du 13 novembre à Paris et en banlieue, 5.000 policiers et gendarmes sont "entièrement mobilisés aux frontières", et "10.000 individus ont été empêchés d'entrer sur le territoire national", a rappelé le ministre.
Au Royaume Uni, la présence policière a été renforcée "dans les endroits névralgiques", dont les transports, "afin de protéger la population et de rassurer", a annoncé le chef de la section antiterroriste de la police, Mark Rowley.
Plus tôt, l'aéroport londonien de Gatwick avait annoncé avoir mis en place des mesures de sécurité renforcées.
Les Pays-Bas ont également mis en place des mesures de sécurité dans les aéroports et les contrôles à la frontière avec la Belgique. "Nous prenons par précaution des mesures supplémentaires", ont indiqué les services néerlandais de lutte contre le terrorisme. "Cela signifie des patrouilles supplémentaires par la gendarmerie à Schiphol (aéroport), Rotterdam et Eindhoven ainsi que des contrôles renforcés à la frontière sud", selon le site internet des services.
Enfin en Allemagne, les contrôles à la frontière avec la Belgique ont été intensifiés, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police fédérale. Des mesures de sécurité ont été renforcées dans les aéroports et les gares en Allemagne, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, France et Allemagne ont ouvert des cellules de crise.
Les attaques de Bruxelles ont déclenché un relèvement de l'alerte antiterroriste à son niveau maximal en Belgique, une fermeture jusqu'à nouvel ordre de l'aéroport international de Bruxelles, de même qu'un renforcement de la sécurité dans des aéroports à Londres, Paris, Francfort et Copenhague.
Avec AFP