Gareth Porter vise par-là la théorie de concordance spatiale de téléphones portables qui ignore selon lui les faits statistiques.
Un historien d'investigation américain et journaliste spécialiste dans les questions de sécurité nationale américaine Gareth Porter a fustigé l’acte d’accusation du TSL estimant qu’il est fondée sur des hypothèses erronées et devraient par conséquent à des décisions douteuses.
Auteur du livre à grand succès «Le danger de la domination: le déséquilibre des forces et le chemin vers la guerre du Vietnam», publié en 2006, Porter s’est penché dans une analyse publiée dans l’agence européenne «Inter Press Service - IPS», le 29 août dernier, sur cet acte d’accusation qui a accusé 4 membres du Hezbollah d’être impliqués dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Il lui reproche entre autre d’être fondé sur une théorie complexe, celle signalée sous le terme de la « concordance spatiale » des téléphones portables de cinq réseaux différents dont il est dit qu’ils étaient en lien entre eux pour mener à terme l’assassinat.
Sachant qu’il est écrit dans l'acte d'accusation que s'il y a «de nombreux cas où un téléphone s’active au même moment et endroit que d’autres téléphones, alors qu’il n'y a eu aucune communication entre eux, il est donc logique de conclure qu'une même personne est en train d’utiliser ces nombreux téléphones».
Pour Porter, cette idée-là est fausse logiquement, car elle ignore les faits statistiques selon lesquelles il est très plausible que des portables puissent se trouver sur le même lieu d’un portable dont le propriétaire est en train de surveiller Hariri durant un délai dépassant les 60 minutes, dans les jours et les semaines qui ont précédé son assassinat .
Dans la région de Beyrouth, entre le siège du parlement libanais et l’hotel St.George, (le lieu ou Hariri a été tué) et où il a été dit que le réseau rouge était actif dans la surveillance de Hariri, il y a 11 stations pour téléphones cellulaires. Vu que le délai de chacune d’entre elles vacille entre 300 et 1250 mètres, explique l'expert libanais en communications Riad Bahsoun, et dans le cadre de la couverture des radars de téléphone, il y a entre 20 et 50 mille de téléphones portables en action durant toute une journée normale de travail.
En raison du nombre de téléphones cellulaires qui fonctionnent dans cette zone relativement petite, il peut y avoir un grand nombre de mobiles actifs et enregistrés dans la zone d’une tour de téléphone cellulaire et dans un même cadre temporel, surtout si celui-ci est sélectionné en fonction de l'heure .
Porter ajoute que l’acte d'accusation ne mentionne pas, par exemple, le nombre de fois au cours desquels l’utilisation des téléphones du réseau rouge concordait avec celle de l’un des accusés à tort Salim Ayyash.
Parmi les autres lacunes constatées par le journaliste américain, est que «durant les neuf derniers jours durant lesquels le réseau rouge s’activait dans la surveillance de M. Hariri, y compris le jour de l'explosion elle-même, Ayyash n’était en contact téléphonique avec les réseaux rouge et bleu que pendant trois jours seulement, ce qui semble incompatible avec le rôle qui lui est accordé et consistant à coordonner l'ensemble de l’opération.
Porter s’est également dit surpris que l’autre accusé à tort Moustafa Badr Eddine fut soupçonné dans l'assassinat, pour la simple raison qu'il a contacté à 59 reprises Ayyash pendant la période allant du 5 Janvier jusquà 14 Février. « Les appels ont été attribués à ces deux membres du Hezbollah en se reposant sur la théorie de la concordance spatiale de leurs téléphones cellulaires avec deux téléphones du réseau vert à des occasions indéterminées, et non en se basant sur des preuves directes qu’ils ont parlé ensemble au cours des événements », conclut Porter.
Source: AsSafir