Ce n’est pas la première fois que les forces de sécurité sont accusées de commettre des abus contre la population.
Les forces de sécurité soudanaises ont recours aux violences sexuelles et à des actes d'intimidation pour réduire au silence les femmes qui défendent les droits humains au Soudan, a dénoncé ce jeudi Human Rights Watch (HRW) dans un rapport.
Le puissant Service national de renseignement et de sécurité (NISS) arrête régulièrement des défenseurs des droits de l'Homme ou des opposants politiques mais selon HRW, ce sont les femmes les plus exposées.
"Les femmes engagées dans ce genre d'activités sont les cibles de toute une série d'abus, allant du viol ou des menaces de viol" à des tentatives de "ternir leur réputation", déplore l'organisation basée à New York dans son rapport intitulé Good Girls Don't Protest (Les filles bien ne protestent pas).
L'ONG dit avoir documenté plus d'une douzaine de cas dans lesquels des agents de la sécurité ont "violé ou menacé de violer des femmes activistes".
"De nombreuses femmes ont déclaré (...) n'avoir pas d'autre choix que d'abandonner leurs activités ou de fuir le pays, laissant derrière elles leur carrière et leur famille", rapporte HRW.
Le rapport fait notamment état d'étudiantes originaires du Darfour, dans l'ouest du Soudan, battues et harcelées sexuellement par des agents de la sécurité alors qu'elles protestaient contre leur éviction d'une résidence du campus de l'Université de Khartoum. L'une des meneuses du groupe a confié à HRW avoir été emprisonnée plus d'un mois et violée avant d'être relâchée. Elle a depuis quitté le Soudan.
Pour Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch, les auteurs de ces viols et intimidations "profitent souvent des lois discriminatoires en vigueur dans le pays et des conventions sociales pour réduire ces femmes au silence".
Ce n'est pas la première fois que les forces de sécurité sont accusées de commettre des abus contre la population.
Les autorités soudanaises n'étaient pas joignables pour commenter ce nouveau rapport mais Khartoum a nié par le passé plusieurs accusations de violations des droits de l'Homme par ses forces de sécurité.
Selon les informations récoltées par HRW, aucun agent de sécurité n'a été poursuivi pour ces violations.
"Le fait que le gouvernement s'abstienne d'enquêter sur les allégations de violences et de harcèlement sexuels favorise l'existence d'un environnement hostile pour les femmes militantes", a observé Bekele.