Le président Abdel Fattah al-Sissi a récemment mis en garde les policiers qui recourraient à ce type d’exactions et certains font l’objet de procès.
Le ministère égyptien de l'Intérieur a affirmé que les policiers ont tué jeudi au Caire tous les membres d'un gang criminel qui s'était spécialisé dans l'enlèvement d'étrangers en se faisant passer pour des policiers.
Aucun étranger n'a été enlevé récemment en Egypte, en dehors de l'étudiant
italien Giulio Regeni qui avait disparu le 25 janvier dernier en plein coeur du
Caire. Son corps avait été retrouvé 9 jours plus tard dans un fossé en bordure
d'autoroute dans la banlieue de la capitale, atrocement mutilé et portant les
stigmates de nombreux actes de tortures.
"Les forces de sécurité ont réussi jeudi à repérer, dans le quartier du
Nouveau Caire, un gang qui s'était spécialisé dans l'enlèvement d'étrangers
pour les voler, en se faisant passer pour des officiers de police", lit-on dans
un communiqué du ministère de l'Intérieur sur son compte Facebook.
"Lors de l'intervention, il y a eu un échange de tirs avec les forces de la
police, et les éléments du groupe ont tous été tués", poursuit le texte, qui ne
livre aucun détail supplémentaire ni n'évoque le cas de Giulio Regeni.
Depuis que son corps a été retrouvé le 3 février, la presse italienne et
les milieux diplomatiques occidentaux en Egypte soupçonnent ouvertement ou en aparté des membres des services de sécurité de l'avoir enlevé et torturé à
mort. Ce que le gouvernement égyptien dément avec force, promettant à Rome une "enquête transparente" et "toute la vérité" sur la mort de ce doctorant de 28 ans de l'université britannique de Cambridge, qui effectuait un mémoire sur les syndicats ouvriers en Egypte.
Certains services de la police ou du renseignement sont régulièrement
accusés par les organisations de défense des droits de l'Homme égyptiennes et
internationales de disparitions forcées, de détentions illégales d'opposants
égyptiens, voire d'actes de torture et d'assassinat.
Le président Abdel Fattah al-Sissi a récemment mis en garde les policiers qui recourraient à ce type d'exactions et certains font l'objet de procès.
Fin février, le ministère de l'Intérieur avait indiqué que "toutes les
pistes" étaient possibles, y compris celle du crime de droit commun, pour
l'assassinat du jeune étudiant italien.
Le Parlement européen avait réclamé le 10 mars la "vérité" sur ce meurtre
et exhorté les autorités égyptiennes à coopérer avec l'Italie dans l'enquête,
exigeant dans une résolution que "tous les efforts soient faits pour traduire
les auteurs du crime devant la justice".