22-11-2024 10:27 PM Jerusalem Timing

Arabie: jugement d’une présumée cellule d’espions au profit de l’Iran

Arabie: jugement d’une présumée cellule d’espions au profit de l’Iran

L’affaire fabriquée par le régime des Saoud sur une présumée cellule d’espionnage iranienne en Arabie-saoudite est une carte de pression contre l’Iran.

Trente-deux  personnes, principalement des Saoudiens, hormis  deux d’entre eux dont l’un est un iranien et l’autre  Afghan, sont accusés par Riyad de faire partie d’une « cellule d’espionnage iranienne ».


En apparence, l’affaire est d’ordre sécuritaire mais dans le fond, il s’agit d’une affaire tronquée de violations criantes. Aucune preuve présentée, tangible ou matérielle,  qui puisse condamner les accusés d’avoir créer une « cellule d’espionnage », hormis des aveux arrachés sous la torture que le juge estime comme preuve suffisante selon l’article : «  tout aveu est une preuve » .


Or,  il semble que les autorités tentent de rassembler à la hâte les membres présumés de cette «cellule » afin de donner l’impression qu’ils sont tous connectés à une cellule d’espionnage. Elles ont jugé les accusés en plusieurs séances, et ce malgré le fait que les  accusés ont catégoriquement démenti s'être connus auparavant.  Cela semble évident d'autant qu'ils viennent de milieux éparses: l'un d'entre eux est physicien, un autre, un cuisinier. Sans compter que l’affaire a été cachée durant trois années pour éclater au grand jour, au summum des tensions entre Riyad et Téhéran.


Selon la version officielle, les accusés seraient impliqués, en fonction de leur rôle, dans différentes affaires notamment la création d’une cellule d’espionnage avec la collaboration des éléments du renseignement iranien.

Selon  Riyad, la «cellule»  aurait fourni des informations hautement confidentielles et dangereuses dans le domaine militaire et certains de ses membres  auraient rencontré  le Guide suprême de la révolution islamique l’ayatollah  Ali Khamenei. D’autres sont accusés de  "tenter de torpiller et de diviser l'unité de la communauté en y semant le chaos, en incitant aux  conflits sectaires  ou en  menant à des actes hostiles contre le royaume", selon les termes de l'acte d'accusation.


Le communiqué des dignitaires religieux de Qatif et d’al Ahsaa


Quand les autorités saoudiennes ont arrêté  les présumés membres de cette  «cellule d'espionnage», Riyad n’a pas  accusé Téhéran d’avoir créé une «cellule», mais a indiqué que cette cellule avait pour mission « de récolter des informations sur des sites vitaux de l'Arabie Saoudite».


Suite à cette première arrestation, des milliers de citoyens saoudiens sont descendus à la rue pour exprimer leur  colère contre la déclaration du ministère de l'Intérieur. Ils ont été sévèrement réprimés par les forces saoudiennes et plusieurs  arrestations arbitraires ont lieu dans les villes de personnalités importantes comme Cheikh Badr Al-Talib, cheikh Mohammed Al-Attiyah, Dr Ali al-Haji, Ibrahim Hamidi, et cheikh Abdul Jalil Laithan .


Le 3 Mars 2013, en réaction à la violence brutale du régime saoudien, les dignitaires religieux et les intellectuels de Qatif ont dénoncé dans un communiqué  les pratiques "barbares" des autorités , qui  «visent à exploiter les tensions sectaires croissantes dans la région pour détourner l'attention de la demande du peuple des  réformes politiques et des détentions sans procès équitable que subissent des milliers de citoyens à l'heure actuelle.»


Quelques semaines plus tard, les dignitaires religieux de la région d'al-Ahsaa a publié un communiqué dans lequel  ils ont expliqué que «   les détenus jouissent d’aptitudes scientifique et d’un certain statut social, ils sont réputés pour  leur honnêteté et leur loyauté envers leur pays», soulignant «  leur refus de recourir à la carte confessionnelle pour régler les différends en politique étrangère ».

Un faux-procès avec une peine de mort à l’horizon

Après une longue bataille de trois ans durant lesquelles les accusés ont été emprisonnés dans prison individuelle, les parents et les accusés ont pu enfin communiquer.

Ils ont réussi à engager des avocats sachant  que les  autorités saoudiennes avaient refusé durant des années la demande des avocats de rencontrer leurs clients. Les avocats n’ont pas eu le droit  d’étudier les dossiers de leurs clients ni d’être présents aux interrogatoires. En fait, ils n’avaient aucun rôle si ce n’est que la Cour pénale de Riyad a profité de leur  présence afin de montrer à la communauté locale et internationale qu’elle respectait les conditions et les règles des procédures juridiques.


Conséquence de cette désignation d'avocat, les réformateurs pourront faire passer la peine de mort par pendaison contre les 32 citoyens et résidents.
Selon une source proche des parents, cité par le quotidien libanais alAkhbar  les «procès étaient purement formels car tous étaient d’accord pour enpêcher les avocats de rencontrer leurs clients  ou  de consulter leurs dossier».


 Or, selon la source , les avocats « avaient demandé  plus de temps pour pouvoir étudier leurs dossiers et préparer une défense en bonne et due forme». Une requête qui a bien-sûr été rejetée en bloc.


Selon consultant juridique, interrogé par al-Akhbar «  il est clair que l’absence d'avocats lors des dernières auditions a pour but  de terminer vite le procès afin  de pouvoir reporter autant que possible le jugement ».


Autrement dit,  le jugement dépend en fait  d’un « possible changement de  la politique régionale, en particulier en ce qui concerne la relation avec l'Iran». En un mot, il s'agit d'une carte de pression contre l’Iran.