L’histoire connaît des exemples de creusement de canaux navigables entre deux grosses ressources d’eau,comme le canal de navigation Volga–Don. L’Iran veut lui aussi construire un canal qui reliera la mer Caspienne à la mer d’Azov
Le projet de construction d'un canal transiranien qui relie la mer Caspienne au golfe Persique sera sans doute irréalisable sans la participation des partenaires étrangers de la République islamique, notamment de la Russie, estime un expert iranien.
Le sort du canal qui traverserait l’Iran du nord au sud et relierait la mer Caspienne au golfe Persique est entre les mains des pays riverains de la Caspienne, Téhéran à lui seul n'étant pas à même de réaliser un projet aussi ambitieux, a déclaré à Sputnik Bahram Amirahmadiyan, expert en géographie politique.
"L'histoire connaît des exemples de creusement de canaux navigables entre deux grosses ressources d'eau, comme le canal de navigation Volga–Don. L'Iran veut lui aussi construire un canal qui reliera la mer Caspienne à la mer d'Azov. (…) Ensuite, Téhéran envisage de construire un canal qui parte de la mer de Caspienne vers le golfe Persique et la mer d'Oman. L'histoire de ce projet stratégique est déjà vieille de plusieurs décennies (…) et revêt une grande importance pour, entre autres, les relations russo-iraniennes", a souligné M.Amirahmadiyan.
Et de rappeler un autre projet de canal de navigation, "Eurasie", qui serait parti du Caucase du Nord, traversant la Russie en dessous du canal Volga–Don et allant jusqu'aux pays d'Asie.
"Ce projet a été soutenu par l'Iran et le Kazakhstan, mais suite à un revirement d'intérêts géopolitiques de certains pays, il est en stand-by", a regretté l'expert.
Pour ce qui est d'un canal entre la mer Caspienne et le golfe Persique, deux itinéraires sont à l'étude. Le premier passe par Mazandaran et Gorgan vers Shahroud (Imamshahr) pour aller au centre de l'Iran, notamment vers Chabahar, l'unique port iranien dans le golfe d'Oman, pour déboucher finalement sur l'océan Indien.
L'autre itinéraire paraît plus court, en partant du sud-ouest de la mer Caspienne vers Abadan et Khorramshahr (à la frontière avec l'Irak) et, enfin, vers le golfe Persique.
"Cette dernière variante est plus attrayante sur le plan financier, mais les avis sur sa réalisation divergent (…), y compris à cause des problèmes écologiques, logistiques et autres", a relevé l'interlocuteur de Sputnik.
Toujours est-il qu'une large coopération s'impose pour mettre en pratique un projet aussi ambitieux. Rien qu’une liaison fluviale de la mer Caspienne au golfe Persique permettrait à la Russie et à d’autres pays, dont ceux d’Asie centrale, de contourner aussi bien le canal de Suez que les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles afin d’accéder à l’océan Indien et donc à la Chine, à l’Inde et au reste de l’Asie.
Par ailleurs, ce grand projet permettrait d’optimiser le trafic entre la région de l’Oural, l’Asie centrale et le golfe Persique et de connecter la route maritime du Nord (péninsule de Yamal en Sibérie) avec le golfe Persique (Bandar-Abbas) via la mer Caspienne. Une liaison entre cette dernière et la mer Noire est également envisagée.
En 2005, la conclusion d’une étude de faisabilité a été présentée au parlement iranien par l’Institut pour les études infrastructurelles. Toutes ces recherches ont démontré que les experts de la région disposent de la connaissance scientifique, de l’expérience et du savoir-faire technologique pour réaliser un tel projet, techniquement fiable et économiquement abordable.