La ministre des Droits de la Femme a violemment critiqué les grandes marques de modes occidentales qui se sont lancées dans les tenues pour femmes voilées.

Il n’appartient pas à la ministre de décider si oui ou non, la femme  doit porter le voile en toute liberté. De nombreuses  femmes voilées en France se sont révoltées contre une nouvelle campagne contre le voile menée en France, par la diatribe de la ministre française des droits de la femme Laurence Rossignol qui a violemment fustigé certaines grandes marques développant les vêtements respectant la religion islamique pour les femmes en Europe, les accusant de promouvoir un mode de vie contraire à la liberté.

"Lorsque des marques investissent ce marché (...) parce qu'il est lucratif, un marché pour les pays d'Europe, pas un marché pour les pays du Golfe (...), elles se mettent en retrait de leur responsabilité sociale", a dénoncé la ministre, Laurence Rossignol, sur la radio RMC.

Certaines de ces maisons se sont même lancées dans le "burkini", un maillot de bain intégral, ou dans la Aabaya, longue soutane noire qui a longtemps été le vêtement traditionnel des femmes dans les pays du Golfe en particulier.

Une femme voilée a également récemment posé lors d'une campagne de publicité du géant suédois du prêt-à-porter.
   
Ces marques sont "irresponsables" et font "d'un certain point de vue la promotion de l'enfermement du corps des femmes", a-t-elle tancé, affirmant que ces tenues s'accompagnent d'un phénomène grave: la raréfaction des femmes dans la rue ou dans les cafés dans certains quartiers.

Alors que le journaliste lui faisait remarquer que certaines femmes choisissent de porter ces vêtements, la ministre a répondu: "Mais bien sûr. Il y a des femmes qui choisissent, il y avait des nègres afr..., des nègres américains qui étaient pour l'esclavage".

Femmes voilées et nègres

 
Sur les réseaux sociaux, les propos de Laurence Rossignol ont immédiatement provoqué un tollé, que ce soit sur le fond, ou sur la forme.

Alors que sur l'emploi du mot "nègre", la ministre a tenté de se justifier, sur le fond, Laurence Rossignol n'a rien retiré à ses propos.

Elle s'est attiré les réponses de nombreuses femmes voilées et non voilées

"Je suis noire, je peux dire nègre=réappropriation de l'insulte. Tu es blanc-he: RESTE TRANQUILLE ET FERME-LA", lui a pesté Amandine Gay.

« On ne veut pas dune ministre vulgaire néocolonialiste qui nous impose son opinion à nous, pauvres esclaves de nos voiles », a dit l’une d’entre elles, Myriem sur Twitter.

« Je ne sais quel est le pire:
1) que la ministre des droits des femmes méprise le choix des femmes
2) qu'elle dise "nègre" », a dit une autre (GuedGued).

Selon la télévision BFM TV, rapidement, de nombreux internautes ont lancé le hashtag "#RossignolDemission" pour demander le départ de la ministre. Une pétition lancée en ligne a déjà recueilli plus de 15.000 signatures.

L’Observatoire contre l'islamophobie n’a pas tardé non plus à faire part de sa colère, dénonçant des propos "stigmatisant".
   
"Est-ce qu'un ministre a le droit de s'ingérer dans la manière dont une femme souhaite s'habiller, dans la mesure où elle respecte les lois de la République et qu'elle ne cache pas son visage ?", a demandé Abdallah Zekri, président de cet observatoire et secrétaire général de l'instance représentative du culte musulman auprès de l'Etat.

Pendant plusieurs décennies, la France a été l'un des pays qui a le plus violemment réprimé le voile islamique au motif qu'il distille des valeurs incompatibles avec les valeurs de la laïcité.

Après un débat houleux, une loi sur le port de signes religieux ostensibles a été votée en 2004, autorisant le voile dans les lieux publics, l'université, mais l'interdisant dans les écoles publiques. Le voile intégral est quant à lui interdit depuis 2010.

 

Sources: AFP, al-Manar, BFM TV