L’histoire de la guerre froide éclaire la logique du déploiement des troupes de l’Otan en Europe orientale.
L'histoire de la guerre froide éclaire la logique du déploiement des troupes de l'Otan en Europe orientale.
L'opinion publique américaine a le droit de savoir quel est l'objectif de maintenir un contingent militaire presque permanent en Europe orientale et quelle est la menace que sont appelées à contrer les militaires américains, écrit Paul R. Pillar dans le National Interest.
Les citoyens américains ont également le droit de savoir quel scénario est envisagé par les stratèges américains, quelle sera la réponse du Pentagone à cette menace et quel sera le rôle joué par les militaires américains déployés dans les pays baltes, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie.
Afin de comprendre la logique du déploiement des troupes en Europe de l'Est, il faut se rappeler l'histoire de la guerre froide, lorsque les stratèges occidentaux se cassaient la tête en essayant de protéger l'Europe occidentale de l'attaque des troupes soviétiques.
Même à l'époque où deux cent mille soldats américains étaient déployés en Allemagne de l'Ouest, ce contingent aurait été sans doute insuffisant pour arrêter l'Armée rouge au sommet de sa puissance. Bien que disposant de l'arme nucléaire, le problème ne pouvait être résolu par son utilisation, car la question s'imposait alors de savoir si le Pentagone était prêt à sacrifier Washington ou New York pour sauver Francfort ou Hambourg. En cas d'invasion soviétique, sauver l'Europe occidentale de l'occupation signifiait la transformer en désert nucléaire.
Il a été finalement décidé de déployer les militaires américains sur des positions avancées. En cas de conflit en Europe, ils devaient essuyer de lourdes pertes dès les premières heures de la guerre, ce qui garantissait l'engagement des États-Unis. Cette mesure devait décourager Moscou.
Il se peut qu'à présent le Pentagone envisage le même scénario. Mais il serait bon de savoir quelles circonstances seraient considérées comme un casus belli par les Américains. La Russie ne dispose plus du potentiel dont disposait l'Union soviétique. Pour franchir la ligne rouge, il faudrait donc s'attendre à ce que Moscou entreprenne une action de moindre envergure, comme par exemple s'emparer des pays baltes, note l'auteur.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles ce scénario est moins probable que celui qui s'est déroulé en Crimée. Cependant, même en tenant compte de la brigade américaine déployée dans la région, la Russie pourrait accomplir un tel plan assez rapidement. La question se posera alors de savoir qui Washington préférera sacrifier, Vilnius ou Riga.
L'opinion publique américaine ne peut pas certes s'attendre à ce que le Pentagone lui expose les détails de son plan pour l'Europe. La stratégie de dissuasion des États-Unis dépend effet de leur aptitude à semer le doute dans l'esprit de leurs adversaires.
Quoi qu'il en soit, il convient de répondre aux questions des citoyens préoccupés mais aussi d'aider les gouvernements d'Europe de l'Est.
La stratégie des États-Unis en Europe n'est pas uniquement une source de dépenses importantes pour ce pays. Les relations avec la Russie en pâtissent également, laquelle a de sérieuses raisons de penser que les activités de Washington contredisent les accords intervenus avec Moscou à la fin de la guerre froide.
Ceci nuit également à la réputation des États-Unis qui semblent ne pas savoir tenir parole. Washington ne devrait pas oublier quel est le rôle de la coopération — ou de son absence — dans le règlement de problèmes comme la crise syrienne, souligne Paul R. Pillar.
Les pays d'Europe de l'Est devraient, de leur côté, se préoccuper de la réaction de la Russie vis-à-vis de leurs actes. Ni les États-Unis ni l'UE n'ont intérêt à ce que la Lettonie ignore la réaction de Moscou au traitement des russophones dans le pays. Selon le journal, cette question sensible pourrait provoquer une réponse de la part de la Russie.
Source: Sputnik