Amnesty International accuse Ankara d’expulsion massives de réfugiés syriens vers la Syrie
Les accusations pleuvent de partout sur la Turquie, toujours sur fond du dossier syrien, principalement sur des liens dangereux avec Daesh, sans pour autant altérer le statut de la Turquie qui reste un des partenaires les plus importants de l'Union européenne.
A commencer par Der Spiegel, qui rejoint les soupçons de la Russie, laquelle a présenté ses preuves devant le Conseil de sécurité sur une coup de main turc à la milice wahhabite takfiriste , et en passant par celle d'Amnesty International concluant à une violation des accords conclus avec l'UE.
Ankara laissé passer Daesh
La première accusation, non la plus importante mais la plus significative, provient du magazine allemand Der Spiegel qui estime for probable que le président turc Recep Tayyip Erdogan a laissé passer les miliciens de Daesh en Syrie via son pays.
"Pour se venger de son adversaire, le président syrien Bachar el-Assad, Recep Tayyip Erdogan a misé sur les groupes islamistes et possiblement sur l'Etat islamique. Les services de sécurité turcs laissaient passer les sympathisants de Daesh via leur territoire, alors que les Kurdes et les autres insurgés menaient des combats en Syrie. Tous ces terroristes atterrissaient à Istanbul et ensuite traversaient la frontière syrienne sans être inquiétés", lit-on dans l'article du magazine allemand.
Les preuves devant le CS
Ces soupçons allemands rejoignent les accusations exprimées initialement par les Russes, avec preuves à l’appui, et qui en sont au stade de saisir le Conseil de sécurité.
Devant l’instance onusienne, l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a présenté des documents qui prouvent que la Turquie fournit illégalement des armes et de matériel militaire à destination des combattants de l’EI, et, que les livraisons sont orchestrées par les services de renseignements turcs par le biais d'organisations non-gouvernementales.
C’est l’Organisation nationale du renseignement de Turquie qui est responsable des opérations. Le transport est effectué principalement par camions, notamment par convois d’aide humanitaire, a expliqué l’ambassadeur russe à l’ONU dans une lettre dédiée au Conseil de sécurité de l’ONU.
L’année dernière, les terroristes présents en Syrie ont reçu pour 1,9 millions de dollars de matériels explosifs, selon Vitali Tchourkine.
Au total, 2,5 milles tonnes de nitrate d'ammonium, soit une valeur d’environ 788 700 dollars, ont été livrées aux terroristes de l’EI, ainsi que 456 tonnes de potassium de nitrate (468 700 dollars), 75 tonnes de poudre d’aluminium (496 500 dollars), 19 400 dollars de nitrate de sodium, 102 500 dollars de glycérine et 34 000 dollars d’acide nitrique via la Turquie en 2015, selon Vitaly Tchourkine.
«Au cours des deux dernières semaines de janvier 2016, les employés des services des renseignements turcs ont livré aux terroristes «Jabhat al-Sham» des munitions de calibre de 7,62 mm et de 12,7 mm et des munitions de lance-grenades RPG-7», a déclaré l’ambassadeur russe au Conseil de sécurité. Le 25 janvier, «le fonds turc pour la Défense des droits de l’Homme et des libertés a financé l’envoi d’environ 55 tonnes de biens et de nourriture aux terroristes de Daesh», a ajouté Vitali Tchourkine.
Le fonds le plus activement impliqué dans la fourniture d’armes, de matériel militaire et dans toute autre sorte d’assistance aux militants de l’EI est la fondation Bechar, qui en 2015 a «mis en place près de 50 convois, acheminant dans les zones d’habitation turkmènes (…) à 260 km au nord de Damas», a-t-il précisé.
Vitali Tchourkine a expliqué que les dons de personnes physiques et morales sont « officiellement » les sources principales de financement de la fondation Bechar. Mais, en réalité cet argent provient des comptes des services de renseignements turcs, et qu’avec l’aide du gouvernement, les comptes de la fondation Bechar sont ouverts dans des banques turques et étrangères.
Le trafic d’armes entre la Turquie et l’EI n’est pas le seul que la Russie a récemment dévoilé à l’ONU. En décembre, les services de renseignement russe avaient repéré près de 12 000 camions-citernes transportant du pétrole à la frontière turco-irakienne pour être revendu à l'Etat islamique à des prix très bas.
Expulsions massives
Autre sale affaire qui en incombe à la Turquie : celle de renvoyer illégalement des réfugiés syriens dans les zones de guerre.
C’est Amnesty International qui l’a proférée, dans un communiqué publié vendredi 1er avril, faisant état d’une vague d’expulsions massives de milliers de réfugiés syriens, contraints à retourner dans leur pays déchiré par la guerre, au cours des sept dernières semaines.
Or ces expulsions, si elles ont réellement lieu, constituent une violation aux accords conclus avec l’Union Européenne.
Depuis quelques jours, la Turquie a obtenu une aide financière en échange de son engagement de reprendre tous les migrants et les réfugiés qui se rendent illégalement en Grèce.
Amnesty International dit avoir collecté des témoignages dans les provinces turques à la frontière avec la Syrie, qui indiquent que «les autorités [du pays] rassemblent et expulsent des groupes, autour d’une centaine, d’hommes, de femmes et d’enfants syriens presque tous les jours depuis la mi-janvier».
Selon l’ONG, ces informations sont la preuve que la Turquie n’est pas un «pays sûr» pour les réfugiés.
Sources: Sputnik, Russia Today, Der Spigel.