Une décision judiciaire par la Cour suprême israélienne ce jeudi avait rejeté un appel pour permettre à un docteur palestinien de participer à l’autopsie elle-même.
L’autopsie réalisée sur le corps d’Abd al-Fatah al-Sharif, ce dimanche, a confirmé que le jeune Palestinien âgé de 21 ans était encore vivant quand une balle tirée à la tête par un soldat israélien l’a tué à bout portant, selon une déclaration de la Société pour les Prisonniers Palestiniens.
Le médecin palestinien Rayan Al-Ali, qui a assisté à l’autopsie d’Al-Sharif, a déclaré : « Les résultats de l’autopsie étaient prévisibles. Ce que le monde entier a vu sur la vidéo qui a filmé le moment du tir était plus que nécessaire, mais l’autopsie confirme définitivement ce qui s’est passé. »
Il a ajouté dans sa déclaration qu’il tiendrait une conférence de presse lundi pour fournir d’autres détails sur les résultats de l’autopsie, qui a eu lieu à l’Institut Israélien pour la Médecine Légale dans Abu Kabir, près de Tel Aviv.
Une décision judiciaire par la Cour suprême israélienne ce jeudi avait rejeté un appel pour permettre à un docteur palestinien de participer à l’autopsie elle-même.
La cour plus tard a accordé l’autorisation à Al-Ali de simplement y assister et de prend des notes sur le rapport d’autopsie d’Al-Sharif, dont le meurtre par un soldat israélien le 24 mars a été dénoncé par les Nations Unies comme « une exécution sommaire. »
Une vidéo diffusée par B’Tselem a capturé le moment où le soldat a fait un pas en avant et a tiré une balle dans la tête d’Al-Sharif, a bout portant, après que celui-ci ait été blessé et abandonné sur le sol, gravement touché, depuis plusieurs minutes.
Selon des médias israéliens, l’autopsie a été conduite dans le cadre d’une enquête menée par le procureur militaire public israélien pour déterminer si Al-Sharif avait été tué par les coups de fusil initiaux qui l’ont visiblement frappé d’incapacité, ou par la dernière balle tirée.
On s’attend à ce que le soldat, qui a prétendu agir en autodéfense, soit confronté à une accusation d’homicide involontaire plutôt que de meurtre.
Dans la vidéo, des soldats Israéliens peuvent être entendus disant en hébreu : « ce chien est encore vivant », et le soldat qui a tiré sur Al-Sharif pouvait également être entendu disant : « ce terroriste mérite de mourir. »
Un moment précédent dans la vidéo, avant le tir, on voit un soldat Israélien renouer le lacet de sa chaussure près d’Al-Sharif blessé tandis que des colons se déplacent tout à proximité, ce qui invalide la prétention de l’assassin selon quoi al-Sharif représentait une menace quand il l’a tué.
Le soldat israélien a été placé en détention ouverte (droit de circuler dans l’enceinte du camp) vendredi dans un camp militaire israélien, après qu’un appel pour le maintenir encore incarcéré 5 jours ait été rejeté.
Le soldat est libre d’errer le camp comme bon lui semble et de recevoir des visites de sa famille proche, ce qui semble-t-il, s’est produit fréquemment depuis vendredi.
Avant que l’autopsie n’ait lieu, les médias israéliens ont signalé que l’avocat du soldat israélien avait dit que les résultats auraient un effet majeur sur le cas de son client.
La communauté internationale a réagi à la suite du meurtre d’Al-Sharif’s, exprimant des inquiétudes sur que ce pourrait bien être une « politique israélienne pour tuer » appliquée contre les Palestiniens suspectés d’être des attaquants.
« Nous nous inquiétons du fait que ce meurtre n’est pas un incident isolé, » a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’homme, Rupert Colville, dans une déclaration récente, ajoutant que « tous les incidents où les forces de sécurité ont causé la mort ou des blessures devraient être entièrement étudiés, et leurs responsables obligés de rendre des comptes. »
Un certain nombre de familles palestiniennes ont signé une lettre, à la fin de l’année dernière, exigeant, que les familles puissent disposer dans un délai rapide d’un rapport officiel d’autopsie sur leurs parents tués. Les rapports d’autopsie sont une pièce nécessaire pour déposer des plaintes contre les autorités israéliennes devant la Cour Pénale Internationale.
Les familles demandent souvent également qu’un médecin palestinien participe à l’autopsie, car les Palestiniens se toujours et à juste raison méfiés des enquêtes militaires israéliennes et de la capacité des autorités israéliennes à réaliser des autopsies impartiales sur les corps de Palestiniens tués par les forces israéliennes d’occupation.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont à plusieurs reprises critiqué Israël pour l’impunité assurée aux Israéliens qui assassinent des Palestiniens.
Al-Sharif fait partie des plus de 200 Palestiniens abattus par les forces d’occupation et les colons depuis octobre, alors qu’une vague de révolte s’est répandue à travers les territoires palestinien occupés.
Cette révolte a été marquée par une vague d’attaques isolées avec des armes rudimentaires, lancées par de jeunes Palestiniens — principalement sur les cibles militaires israéliennes — qui ont fait près 30 victimes israéliennes, la majorité des supposés attaquants étant abattus sur place.
Source: Info-Palestine