Soutenu par l’Arabie saoudite, Jaïsh al-Islam se permet tous les crimes, tout en ayant sa place bien gardée à Genève.
C’est finalement la milice wahhabite pro saoudienne Jaïsh al-Islam qui a revendiqué l’attaque chimique qui a coûté la vie jeudi dernier à 23 personnes et blessé plus de 100 autres dans le quartier cheikh Maksoud à Alep.
L’information du bombardement du quartier a été confirmée par le représentant européen de l'administration du Kurdistan syrien Senam Mohamed dans une interview à Sputnik Kurdistan.
"Le 7 avril 2016, les troupes de la coalition de l'opposition syrienne ont bombardé le quartier cheikh Maksoud, situé à Alep, avec des armes contenant des matières chimiques ainsi que des roquettes improvisées, des mortiers et des roquettes Grad", a déclaré М.Mohamed.
Le Croissant-Rouge kurde a à son tour déclaré que les victimes de l'attaque hospitalisées présentaient des signes d'intoxication au chlore.
Des vidéos mises en ligne sur internet montrent un gaz jaune s’élevant au-dessus de ce quartier contrôlé par les combattants kurdes, au milieu de la journée. D’autres vidéos ont montré des cas de suffocations et malaises, rapporte l’agence russe Sputnik.
A la place du Front al-Nosra
Au début, c’est la branche d’Al-Qaïda le front al-Nosra qui a été accusé d’être l’auteur de l’attaque. D'autant que plus de 1.000 de ses combattants en plus de sept chars et de 24 véhicules tous-terrains étaient basés dans les banlieues du nord d’Alep, selon le ministère russe de la Défense, et se préparaient à lancer attaque pour s'emparer de ce quartier .
Mais, c’est Jaïsh al-Islam qui a reconnu avoir usé d’armes chimiques contre les Kurdes et a promis de punir les responsables. «Lors des affrontements, un des leaders des brigades de Jaïsh al-Islam a utilisé des armes prohibées», lit-on dans le communiqué officiel.
Il n'en demeure pas moins que cette revendication à la place de la milice d'al-Qaïda est étrange. Elle rappelle celle de la milice Ahrar al-Sham d'avoir enlevé le pilote de l'avion militaire syrien, abattu lundi dernier au dessus de la région d'Eiss, alors que l'enlèvement avait été au début attribué au front al-Nosra aussi.
Des observateurs soupçonnent l'intention des milices attroupées au côté du Nosra dans cette région de couvrir les actions de ce dernier, pour éviter une riposte de la Russie qui exclut le Nosra et Daesh du cessez-le-feu, entré en vigueur depuis fin février.
Link avec l’attaque de la Ghouta orientale
Autre constat: le communiqué de Jaïsh al-Islam n’explique pas d’où sa milice détient cet armement chimique interdit. Sachant que l’ONU avait démantelé exclusivement l’arsenal chimique entre les mains du pouvoir syrien.
Cet événement rappelle la célèbre attaque chimique meurtrière perpétrée en aout 2013 contre la Ghouta orientale, et qui avait été imputée au pouvoir par les milices rebelles.
A cette époque, la pouvoir syrien avait catégoriquement démenti en être l’auteur, déclarant ne pas être aussi crédule pour la réaliser le jour de l’arrivée de l’équipe onusienne pour enquêter sur l’emploi d’armes chimiques dans d’autres régions syriennes.
Certains observateurs étaient persuadés que ce sont les milices sur place qui l’ont réalisé, pour servir de prétexte pour une intervention américaine militaire en Syrie.
Sachant que Jaïsh al-Islam est la plus importante milice qui contrôle Douma et la Ghouta orientale. En bombardant cheikh Maksoud au chimique, il donne la preuve qu’il détient des armes chimiques.
Un répertoire de crimes
Or, aucune instance internationale ne se pose de questions. Ni d’ailleurs sur les crimes innombrables de cette milice.
En juin 2015, il a publié une vidéo montrant l’exécution de combattants de Daesh capturés, dans la veine de celles diffusées par ce dernier.
En novembre de la même année, cette milice s’est fait remarquer en utilisant des femmes et des hommes comme boucliers humains, les exposant dans des cages dans différents quartiers Ghouta. Selon Russia Today, il s’agirait d’Alaouites et d’officiers de l’Armée syrienne, ainsi que des membres de leurs familles. Les images de ces prisonniers en cage ont fait le tour du monde.
Négociateur principal à Genève
Or, malgré ces crimes, Jaïsh al-islam participe aux négociations de Genève, par la personne de Mohammed Alloush, le frère du fondateur du groupe Zahran Alloush. Plus encore, celui-ci a été élu comme négociateur principal pour les négociations soutenues par l’ONU à Genève.
Jaïsh al-Islam avait auparavant envoyé une délégation à Riyad où l’Arabie saoudite avait organisé une conférence des différents groupes armés syriens.
Ce privilège dont jouit de Jaïsh al-Islam, « Armée de l’islam » en français, il le doit au soutien que lui procure Ryad.
Ce groupe, connu précédemment sous le nom de Liwa al-Islam, brigade de l’islam, se compose d’ailleurs d’une coalition des groupes salafistes (wahhabites).