Il a réitéré l’idée d’une armée arabe pour soi-disant lutter conre l’extrémisme
Le roi Salmane d'Arabie saoudite a achevé lundi une visite en Egypte ponctuée par des promesses d'investissements faramineux, un soutien appuyé au président Abdel Fattah al-Sissi qui dirige d'une main de fer le plus peuplé et l'un des mieux armés des pays arabes.
Cette visite de cinq jours intervient au moment où l'Arabie saoudite est engagée dans un bras de fer sans précédent avec un autre poids lourd de la région, l'Iran, pour conserver son influence au Moyen-Orient.
"La mission que nous devons mener à bien ensemble, c'est la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme", avait lancé dimanche le roi Salmane, sous les applaudissements nourris des députés égyptiens.
Une armée arabe
Il a notamment évoqué la création d'une "force arabe conjointe" pour faire face aux groupes jihadistes, un projet ambitieux présenté par l'Egypte et entériné en mars 2015 par la Ligue arabe, mais qui n'a toujours pas vu le jour.
L'Egypte et l'Arabie saoudite devraient être les principaux acteurs de cette armée arabe. Le Caire, qui possède l'armée la plus nombreuse et parmi les mieux armées de la région, a renforcé ces derniers mois son arsenal militaire, achetant notamment à la France 24 avions de combat Rafale, une frégate multi missions de type FREMM et deux navires Mistral.
Allié régional
Les deux alliés ont également signé des dizaines d'accords portant sur des investissements de plusieurs milliards de dollars, dont la promesse extravagante d'un pont enjambant la mer Rouge pour relier les deux pays, sans plus de précision.
Pour des experts, la visite survient après des mois de rumeurs dans la presse des deux pays invoquant des tensions, notamment en raison de la réticence égyptienne en coulisse à s'engager activement dans une coalition militaire arabe menée par Ryad contre les rebelles Houthis au Yémen, accusés de liens avec l'Iran.
L'aviation et la marine égyptiennes participent à cette coalition et, officiellement, Le Caire s'était engagé à mettre des troupes à disposition pour une intervention au sol si nécessaire.
"Les deux pays sont conscients que leurs intérêts communs sont plus importants que leurs différences", souligne Fawaz Gerges, spécialiste du monde arabe à la London School of Economics and Political Science.
"Dans les semaines à venir, on verra l'Egypte suivre la ligne de l'Arabie saoudite sur les questions régionales", notamment concernant l'Iran et le Yémen, parie-t-il.
Soutien économique
Durant cette visite, l'Egypte a cédé à Ryad les îles de Tiran et de Sanafir, situées à la pointe sud de la péninsule du Sinaï.
L'accord a fait polémique notamment sur les réseaux sociaux, de nombreux Egyptiens accusant le président Sissi de vendre les deux îles.
Les deux pays ont également annoncé la création d'un fonds d'investissement doté d'un capital de 60 milliards de rials saoudiens (16 milliards de dollars).
Depuis l'éviction de M. Morsi, Ryad a déjà injecté des milliards de dollars en aides et en investissements dans une économie égyptienne en lambeaux, mise à mal par l'instabilité politique et les violences jihadistes qui ont chassé touristes et investisseurs étrangers.
Car l'Arabie saoudite soutient la répression du régime de M. Sissi contre ses opposants islamistes, en particulier la confrérie des Frères musulmans de Morsi, mais aussi laïcs et libéraux.
"Même si le soutien de l'Arabie saoudite est important pour faire face à la crise économique en Egypte, ce dont le pays a besoin c'est de plus de sécurité et de stabilité politique, pour attirer les touristes et les investissements étrangers", estime Ibrahim El Ghitany, chercheur au centre Régional pour les études stratégiques, basé au Caire.
Avec AFP