L’opinion publique arabe s’intéresse beaucoup plus à qui a cédé ces îles à qui.
L’Arabie saoudite -et par extension les monarchies arabes- s’approche de plus en plus de l’accord avec l’entité sioniste.
C’est le constat qui découle de la disposition de Ryad à respecter les clauses de l’entente sur le statut des deux îles de Tiran et Sanafir, cédées dernièrement par Sissi au roi Salmane.
Cette entente avait été conclue dans la foulée de l’accord de paix signé entre l’Egypte et l’entité sioniste en 1979, ouvrant la voie à la capitulation des Arabes face à Israël.
Jusqu’à cet engagement saoudien, des signes de normalisation sans accord, s'étaient manifestés entre monarchies arabes et l'entité sioniste. Inversement aux processus réalisé avec l'Egypte et la Jordanie où l'accord a précédé la normalisation . S’étaient multipliés des activités communes et des échanges à plus d’un niveau. Lors du dernier tournoi de volleyball organisé à Qatar, les joueurs israéliens n'ont pa eu besoin de recourir à leur nationalité occidentale et le drapeau israélien a été arboré pour la première fois.
Ont été médiatisées, par des médias israéliens surtout, les visites de délégations israéliennes vers les pays arabes n'ayant pas encore conclu d'accord. Puis les rencontres entre responsables arabes et israéliens se sont affichées plus ouvertement, à plus d’un niveau, directement ou indirectement. Comme ce fut le cas lorsque l’ancien président israélien Shimon Perez s’est adressé aux souverains des pays du CCG via écran en 2013.
Et puis, il y a eu surtout les discussions secrètes qui ont eu lieu entre Saoudiens et Israeliens depuis 2014, à cinq reprises et qui s'étaient clôturées ostensiblement par la rencontre entre l'ancien général saoudien Anwar Majed Eshki et l'ex-ambassadeur israélien à l'ONU Dore Gold, désormais nouveau directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères.
Sur le plan économique, des transactions commerciales contractées entres des sociétés arabes et israéliennes (en l’occurrence sécuritaires), sont beaucoup moins médiatisées.
Or, l’engagement saoudien pour les deux îles à l’encontre d’Israël va au delà de la normalisation, puisque Ryad en rejoignant camp David entame le contexte juridique. Ceci est bien clair pour les Israéliens.
« Nous sommes parvenus à un accord quadripartite entre l’Arabie saoudite, l’Égypte, Israël et les États-Unis pour transférer la responsabilité des îles à condition que les Saoudiens remplacent les Egyptiens dans l’annexe militaire de l’accord de Camp David », a affirmé le ministre israélien de la guerre Moshé Yaalone. Selon lequel « Israël a reçu un document écrit qui atteste la liberté de navigation israélienne dans le golfe de Tiran ».
Il est vrai que depuis l’annonce de la décision par l’Egypte, les responsables israéliens ont veillé à assurer à leur opinion publique qu’Israël a été informé au préalable de la décision égyptienne, et qu’il a reçu l’engagement saoudien de respecter l’entente, avant qu'il ne donne son consentement.
Idem pour l’édification du pont entre l’Egypte et l’Arabie au dessus de la mer Rouge, qui a lui aussi obtenu un feu vert israélien, comme a tenu à l’indiquer Yaalone.
Les responsables israéliens semblent persuadés que l'entité sioniste est plus que jamais admise au sein de la nation arabe. La preuve, celle qu'ils ne révèlent pas, n'est certes pas la récente intiative saoudienne, et toutes celles qui l'ont précédée, ces états n'ont jamais constitué une quelconque menace au projet sioniste.
Elle réside surtout dans l'apathie avec laquelle l'opinion publique arabe a accueili cette affaire d'engagement saoudien à Israël, alors que l'intérêt est davantage porté sur qui a cédé ces îles à qui.