23-11-2024 07:37 PM Jerusalem Timing

Justice pour Nadim Nawara, assassiné par les troupes d’occupation

Justice pour Nadim Nawara, assassiné par les troupes d’occupation

Les forces israéliennes ont d’abord affirmé avoir seulement utilisé des balles en acier recouvertes de caoutchouc lors de l’incident.

Nadim Nawara a été tué le 15 mai 2014, lors d’une manifestation pour la Journée de la Nakba, à proximité de la prison israélienne de Ofer dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée.

Siam et son avocat se sont battus contre plusieurs reports judiciaires au cours des deux dernières années, mais le cas devrait finalement progresser ce lundi.

« Il a été difficile d’arriver à ce point, mais nous sommes confiants dans notre cas et nous sommes convaincus que cette date d’audience va enfin se concrétiser, » a déclaré à Al Jazeera Firas Easli, l’avocat de Siam.

Au cours des deux dernières années, Siam a littéralement navigué dans le système judiciaire militaire d’Israël en lançant sa propre campagne pour faire que son cas soit entendu.

Les forces israéliennes ont d’abord affirmé avoir seulement utilisé des balles en acier recouvertes de caoutchouc lors de l’incident, ce qui suggérait que les balles réelles qui ont tué Nadim et Muhammad Abu Thahar, âgé de 16 ans, devaient provenir de tireurs palestiniens...

La famille Abu Thahar avait refusé une autopsie, ce qui a conduit à la fermeture du dossier concernant son fils Muhammad, mais Siam s’est activé avec plusieurs ONGs en Cisjordanie occupée et en Israël pour tenter de prouver que les forces israéliennes ont délibérément assassiné son fils.

Après que des enregistrements de CCTV aient été diffusés avec de nouvelles images de la manifestation, Siam a estimé qu’il avait suffisamment de preuves pour contester la précédente déclaration d’Israël selon quoi la balle qui a tué Nadim ne venait pas des forces israéliennes.

Les autorités israéliennes ont d’abord prétendu que le film avait été monté de toutes pièces ou retouché - une affirmation qui a été contestée par plusieurs groupes de défense des droits humains - mais en mai dernier, l’officier de la police des frontières Ben Deri a été incarcéré pour cette affaire. Il a ensuite été relâché et placé en résidence surveillée.

« Je pense que le gouvernement israélien veut que le cas soit enterré, afin qu’ils puissent se limiter à quelques excuses pour faire baisser la tension », a déclaré Siam à Al Jazeera, depuis son petit appartement à Ramallah. « Deux ans ont passé, et je ne suis pas plus près d’obtenir justice pour la mort de mon fils que je ne l’étais quand il a été tué. »

Sceptique sur ce qui est possible avec le système judiciaire israélien, Siam a fait campagne sans relâche, dans l’espoir d’une pression internationale pour faire avancer sa cause. L’été dernier, il a passé trois mois aux États-Unis, rencontrant des membres du Congrès, des officiels des Nations Unies et des responsables de diverses ONGs pour obtenir un soutien.

Le salon de Siam a été transformé en un mémorial, avec des plaques, des affiches et des portraits de son fils mort qui occupent la majeure partie des murs. Il gère une page Facebook, un canal YouTube, un site de crowdfunding et un bulletin d’information dédié à Nadim.

 Tout ce travail et les frais juridiques induits ont eu pour effet des tensions financières sur sa famille, ce qui a poussé Siam à vendre deux activités commerciales, sa voiture, et peut-être prochainement sa maison.

« Rien est plus important que la justice pour Nadim. Tout le reste peut être remplacé, mais la vie de mon fils ne peut pas être remplacée, » dit-il.

Defence for Children International (DCI) a pris une part active dans le cas de Nadim, contribuant à une reconstitution 3D de la fusillade qui met en évidence le tireur présumé. Une enquête DCI a constaté que si l’arme portée par le suspect avait un attachement conçu pour des balles en acier recouvertes de caoutchouc, elle pourrait également avoir tiré à balles réelles.

« Je sais bien que rien de tout cela ne peut ramener mon fils », nous dit Siam. « Cela n’est pas mon objectif. Mon but est de montrer à ces soldats qu’ils seront tenus pour responsables de tuer nos jeunes. Je veux être sûr de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir qu’une autre famille ne passe pas par tout ce que je traverse moi-même » ».

Ce dimanche, l’avocat de Deri était injoignable...

Depuis 2000, les forces israéliennes ont assassiné plus de 8800 Palestiniens, dont au moins 1895 mineurs, selon la documentation réunie par les Nations Unies. Alors que les groupes de défense des droits de l’homme ont largement prouvé que de nombreux décès étaient le résultat d’exécutions sommaires, la poursuite des meurtriers par Israël est extrêmement rare.

Entre 2000 et 2013, seuls 5% des enquêtes ouvertes par la Division des enquêtes pour la police militaire d’Israël ont donné lieu à un acte d’accusation, selon Yesh Din, un groupe israélien de défense des droits de l’homme. Depuis 2013, leur nombre a encore baissé à 1,4%.

Au milieu des actes de révolte en cours en Israël et en Cisjordanie occupée, les actions de l’armée israélienne sont plus visibles que jamais. Au total, 206 civils Palestiniens ont été abattus par les forces israéliennes depuis octobre dernier, comparativement à 28 Israéliens qui ont été tués [dans les attaques].

« La meilleure chose que les Palestiniens puissent faire est de continuer à saisir ces actes avec leurs caméras », a déclaré l’avocat Easli. « La seule preuve non-réfutable pour les Palestiniens est la [capture] de l’incident dans une film vidéo, comme cela a été fait il y a quelques semaines à Hébron. »

Dans le cas de Hébron, le soldat israélien accusé d’avoir achevé un Palestinien blessé est depuis en résidence surveillée, et une enquête sur le meurtre est supposée être en cours.

Source: Info-Palestine