Al-Qaïda amasserait deux millions de dollars par jour en taxes sur les produits arrivant ou partant du port de Moukalla.
"Merci au Royaume-Uni et à l'intervention américaine, Al-Qaïda dispose désormais d'un mini-Etat au Yémen. Le scénario de l’Irak et de Daesh a été de nouveau reproduit", c’est ce qu’a écrit le journaliste du quotidien britannique Independant, Patrick Cockburn.
Et d'ajouter: "Ils l'ont fait à nouveau. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés régionaux dirigés par l'Arabie Saoudite ont convenu d’intervenir dans un autre pays (cette fois-ci le Yémen). Effet: des conséquences désastreuses. Au lieu d'atteindre leurs objectifs, ils ont provoqué le chaos, ruiner la vie de millions de personnes et créer des conditions idéales pour le développement des mouvements (takfiro-wahhabite) comme Al-Qaïda et Daesh".
"Soutenue par les États-Unis et la Grande-Bretagne, l'intervention militaire saoudienne contre le Yémen n’a fait qu’empirer la situation. La campagne des frappes aériennes, ont débuté depuis plus d’un an, pour imposer le président démissionnaire et non élu Abd Rabbo Mansour Hadi qui a fui vers l'Arabie Saoudite. Leur but était de vaincre les Houthis (Ansarullah) qui controlaient aux côtés de l’armée yéménite restée en grande partie loyale à l'ex-président Ali Abdullah Saleh la majorité du pays. Les bombardements inefficaces n’ont donc pas aidé les forces du président Hadi à reprendre la capitale Sanaa. Et puis, au cours de la semaine dernière, une trêve fragile est entrée en vigueur", explique M.Cockburn.
"Il s’avère donc que les vrais gagnants de cette guerre sont Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui a profité de l'effondrement du gouvernement démissionnaire pour créer son mini-Etat. AQPA que la CIA considère comme l’organisation la plus dangereuse dans le monde gère aujourd'hui une partie des territoires yéménites, tout en jouissant de ses propres recettes fiscales", constate-t-il.
Le groupe terroriste peut en fait compter sur un énorme trésor de guerre provenant notamment du pillage de la banque centrale et de la collecte d'impôts.
La capitale des takfiristes est Moukalla, une ville portuaire du sud-est du pays, comptant environ 500 000 habitants. Là-bas, l'organisation se comporte en véritable exécutif. Les miliciens takfiristes y ont créé une zone libre d'impôts pour les résidents et Al-Qaïda amasserait deux millions de dollars par jour en taxes sur les produits arrivant ou partant du port.
Cette situation est décrite par les diplomates, des officiels et des résidents de la ville. Mais le plus grave pourrait être que le groupe endoctrine la population. Certains estiment en effet que la partie du Yémen sous la coupe du groupe terroriste est plus stable. Le groupe effectue une importante propagande, se targuant de construire des routes et d'approvisionner les hôpitaux. Le groupe profiterait du ressentiment des Yéménites du Sud, qui se sont depuis longtemps sentis délaissés par l'élite du Nord.
Traduit par AlManar à partir Independent + Atlantico