L’armée syrienne avance en direction du quartier Salaheddine à Alep, où les milices ont rompu la trêve.
La Russie est persuadée que la milice soutenue par les monarchies arabes, Ahrar al-Sham combat aux côtés de la branche d’Al-Qaïda en Syrie le Front al-Nosra.
Selon l'ambassadeur russe en République arabe syrienne Alexandre Kinchtchak, la création d'une telle alliance signifie un échec de la politique de plusieurs pays du Groupe international de soutien pour la Syrie (ISSG — International Syria Support Group) de distinguer entre "l'opposition modérée" et les terroristes.
Ahrar al-Sham est représentée dans le Haut comité des négociations (HCN), instance fondée par Riad pour regrouper les opposants syriens, par la personne de Labib Nahhas et Hassan Hajja Ali. Ce dernier dirigeait la milice brigade Soqour al-Jabal qui s’est fusionnee avec Ahrar al-Sham.
Selon M. Kinchtchak, cité par l'agence russe Sputnik , le fait que les terroristes du Front al-Nosra qui combattent dans la région d'Alep soient accompagnés par différents groupuscules, y compris Ahrar al-Sham constitue "une tendance inquiétante". D’après lui, les Syriens seront désormais obligés de combattre leurs ennemis sans distinction, ce qui pourrait entraîner une escalade du conflit dans les régions avoisinantes.
Raqqa: approvisionnements de Daesh bombardés
Par ailleurs, l’agence Fars News a rendu compte de plusieurs frappes aériennes russes contre des positions de la milice wahhabite Daesh (Etat islamique) près d’une base militaire stratégique située à l’ouest de la ville de Raqqa, la capitale du "califat autoproclamé".
"Ces frappes conjointes ont permis de détruire plusieurs véhicules de transport militaire et logistique appartenant au groupe terroriste Daesh, qui avait pris ses quartiers près de la base aérienne de Tabqa", précise l'agence.
Et d'ajouter: "Les frappes ont sapé la capacité de lutte et d'approvisionnement des combattants de Daesh, notamment aux alentours de la ville de Palmyre, récemment libéré ».
Alep: l'armée avance vers Salaheddine
Dans la province d’Alep, l’armée syrienne a restitué des régions qui avaient été envahies par Daesh dans la province sud-est, dans le cadre de l’opération qu’elle mène pour élargir son contrôle et sécuriser l’axe routier Athriyya-Khanacer-Alep.
Elle a dans la foulée de son avancée pris le contrôle de quelques blocs résidentiels du quartier résidentiel, Salaheddine, au sud-ouest d’Alep après des combats violents avec la milice Ahrar al-Sham , les brigades Jaïch al-Naser et al-Jabhat al-Shamiyyat, selon le journal libanais al-Akhbar.
Il y est question d’une vingtaine de tués dans les rangs des miliciens.
Plus de 30 syriens tués
En même temps, rapporte la télévision syrienne, 10 civils syriens son tombés en martyre ce lundi à Salaheddine et Hamidiyyé dans un pilonnage sporadique en provenance des zones occupées par les milices.
Dimanche, ce sont 22 personnes qui avaient été tuées dans les quartiers Boustane Bacha et Khan al-Zaytoune qui ont fait l'objet d'un bombardement aux roquettes et aux bombonnes de gaz bourrées d'explosifs. Selon la télévision syrienne, c'est la milice soutenue par la Turquie Liwa al-Soultane (Brigade du Sultan) qui est derrière ce bombardement.
Rupture de la trêve
Dimanche, les deux milices Ahrar al-Sham et Jaïch al-Islam, toutes deux soutenues par la Turquie et l'Arabie saoudite ont annoncé la fin de la trêve, entrée en vigueur depuis le 27 février dernier, arguant les violations commises par les forces gouvernementales.
"Mes frères, je vous ai déjà demandé d'allumer tous les fronts . N'attendez-pas le régime. N'ayez aucune pitié envers eux. Décapitez-les. Frappez-les partout", a écrit sur son compte Twitter le numéro un de Jaïch al-islam Mohammad Allouche, depuis Genève à combattre les forces syriennes..
Selon Al-Manar, Allouche répondait à un communiqué des Ahrar al-Zham dans lequel ils critiquaient le manque de transparence de Jaïch al-Islam, et "son admission des demi-solutions", en allusion à sa participatin aux négociations de Genève.
Attroupement de miliciens pour la bataille d'Alep
Cette avancée intervient au moment où les comités de coordination des milices combattants dans la province d’Alep rendent compte d’un attroupement militaire important à Alep, en provenance des deux provinces de Hama et d’Idleb, en préparation à "la bataille contre les forces du régime".
La cellule d’opération de la conquête d’Alep laquelle regroupe toutes les milices en action dans cette province, dont le front al-Nosra, a publié un communique dans lequel elle affirme vouloir à tout prix conquérir le quartier Cheikh Maksoud des combattants kurdes des Forces démocratiques de Syrie et l’armée des révolutionnaires.
50 mille syriens à la frontière avec la Jordanie
Dans le sud syrien, environ 50.000 Syriens sont désormais bloqués le long de la frontière avec la Jordanie, rapporte l’agence officielle jordanienne Petra. Un nombre en forte augmentation alors qu'ils étaient 16.000 trois mois plus tôt, selon des déclarations officielles jordaniennes publiées lundi.
Ces réfugiés sont massés autour des deux points de passage de Hadalat et Rokbane, dans une zone désertique dans le nord de la Jordanie.
"La situation sécuritaire pousse la Jordanie à contrôler de près les réfugiés syriens avant de leur permettre d'entrer, donnant la priorité aux personnes âgées, aux femmes et aux enfants", selon le texte.
Quelques jours plus tôt, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) avait exhorté la Jordanie à "cesser de bloquer les gens dans les zones frontalières reculées pendant des mois et de les transférer rapidement vers des centres de transit".
Mais la Jordanie avance des "considérations sécuritaires" pour expliquer la lenteur de l'accueil des Syriens, affirmant craindre que des membres de la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique-EI) ne s'infiltrent parmi les réfugiés.
Selon l'ONU, la Jordanie accueille plus de 600.000 réfugiés syriens alors que les autorités du royaume affirment que ce chiffre se monte à 1,4 million.