Il semble que la situation en Libye s’approche de plus en plus de celles égyptienne et tunisienne. Les manifestations contre le régime de Kadhafi se poursuivent et prennent de plus en plus d’ampleur.
Au moins quatre personnes ont été tuées mercredi en Libye dans des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants anti-régime, dans la ville d'Al-Baïda (est), ont rapporté jeudi des sites d'opposition et des ONGs libyennes, basés à l'étranger.
"Les forces de la Sécurité intérieure et des milices des comités révolutionnaires ont dispersé, en usant des balles réelles, une manifestation pacifique de jeunes de la ville d'Al-Baïda", faisant "au moins quatre morts et plusieurs blessés", a indiqué dans un communiqué Libya Watch, une organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres.
Des sites d'opposition, dont Libya Al-Youm, basé à Londres, ont fait état également d'au moins quatre manifestants tués par balles réelles.
L'organisation libyenne Human Right Solidarity, basée à Genève, qui cite des témoins a indiqué de son côté que des snipers postés sur des toits ont tué 13 manifestants et blessé des dizaines d'autres.
Des vidéos circulant sur internet, montraient des dizaines de jeunes libyens rassemblés la nuit dernière dans la ville d'Al-Baïda et scandant: "le peuple veut faire tomber le régime", « Ce régime est barbare et nous ne le sommes pas », tandis qu'un bâtiment prenait feu, en l'absence des forces de sécurité.
Des appels ont été lancés sur Facebook pour faire de jeudi une "journée de la colère" contre le régime dirigé d'une main de fer depuis bientôt 42 ans par le colonel Kadhafi.
Mais les manifestations ont commencé bien avant, comme à Benghazi (1.000 km à l'est de Tripoli) où 38 personnes avaient été blessées dans la nuit de mardi à mercredi.
Ces rassemblements hostiles au pouvoir, rares en Libye, sont inspirés par les révoltes dans deux pays frontaliers, la Tunisie et l'Egypte.
Amnesty Internationale Londres et l'Union européenne ont appelé mercredi soir à éviter le recours à la force, tandis que les Etats-Unis ont demandé à Tripoli de "prendre des mesures spécifiques qui répondent aux aspirations, aux besoins et aux espoirs de leur peuple".
Mercredi soir, des SMS ont été envoyés par "les jeunes de la Libye" sur le réseau de téléphonie mobile, mettant en garde celui qui "oserait toucher aux quatre lignes rouges", Mouammar Kadhafi, l'intégrité territoriale, l'islam et la sécurité du pays.
Le cas échéant, il devrait "nous affronter dans n'importe quelle place ou avenue de notre pays bien aimé", selon le texte du message.
Pour répondre à leurs détracteurs, des centaines de manifestants pro-régime ont défilé mercredi à Benghazi, Syrte (est), Sebha (sud) et Tripoli, selon des images de la télévision d'Etat montrant des manifestants brandissant des drapeaux et des photos du numéro un libyen et scandant des slogans à sa gloire.
Les comités révolutionnaires, épine dorsale du régime, ont prévenu de leur côté qu'ils ne permettraient pas "de piller les acquis du peuple et de menacer la sécurité du citoyen et la stabilité du pays".
Pour le porte-parole du Congrès national de l’opposition libyenne basé à Londres, Abdel Hamid Salem, « la pression de la rue libyenne est grande. Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte aura lieu en Libye ».
Il a appelé les jeunes compatriotes à manifester pacifiquement et à ne pas chercher la confrontation avec les autorités.