Le Premier ministre irakien a présenté plusieurs listes sur la formation gouvernementale, mais elles ont été toutes rejetées.
Les différentes parties irakiennes s’accordent à dire que « les Etats-Unis sont retournés en Irak plus forts qu’en 2011 ». Un retour qualifié "d'en douceur" par des observateurs qui estiment que « tout le monde en Irak coordonne actuellement avec les Américains et se réunit avec eux».
L’Arabie Saoudite a emboité le pas aux Américains. En effet, Riyad opère sur deux axes : une activité notoire de son ambassadeur en Irak, Samer Sabhane, désormais ouvert à toutes les parties sans exception, et une activité accrue sous la couverture de centres de recherches qui communiquent avec les parties « embarrassées » de rencontrer en public l’ambassadeur en question.
Dans ces rencontres, toute sorte d’offres alléchantes est présentée aux parties irakiennes, alors que des ententes et des accords sont également conclus, révèle le journal libanais al-Akhbar.
A ce propos, des sources proches du Premier ministre Haydar al-Abadi prétendent que « les alliés naturels locaux et régionaux d’Abadi n’ont pas traité convenablement avec lui, pour cette raison, il a été poussé au giron américain».
Et de poursuivre : " Il est un interlocuteur flexible mais très hésitant. Peut-être à cause des grandes responsabilités qu’il assume, ou parce qu’il ne possède pas assez d’atouts de force. Ceci a donné l’impression qu’il est une personnalité faible. Son incapacité à mener les réformes nécessaires dans le pays est un indice majeur de sa faiblesse, bien qu’il soit le premier chef du gouvernement à jouir du soutien de la Référence religieuse" (marje’ya= plus haute instance religieuse chiite, ndlr) .
De même source on indique qu’Abadi a perdu l’opportunité des réformes, tant attendues par le peuple. « Il a permis aux différents courants politiques de confisquer le projet de réformes pour s’assurer une couverture. Son erreur majeure est d’avoir éliminé les postes des trois vices présidents, et de s’être distrait par le changement gouvernemental. Ce qui a révolté tout le monde contre lui sans réaliser un exploit quelconque ».
Ce désarroi populaire et politique a poussé le Premier ministre à proposer un remaniement ministériel le 31 mars dernier, mais les blocs politiques ont rejeté l’offre et réclamé le changement d’Abadi.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que les forces politiques réclament sa destitution. Début aout dernier, le nom du secrétaire général de l’organisation Badr, Hadi al-Amiri a été sérieusement avancé pour remplacer Abadi. A l’époque, on rapportait qu’Amiri jouissait du soutien de l’Iran et du non objection des Etats-Unis. Mais ce projet n’a pas vu le jour en raison de la situation sécuritaire délicate dans le pays.
Cependant, le 15 avril, tout le monde a été surpris du fait que le changement d’Abadi n’ait pas obtenu l’aval de l’Iran ni des Etats-Unis. En effet, et toujours selon al-Akhbar, les Etats-Unis veulent « nettoyer » le gouvernement des partis politiques en faveur de technocrates proches de Washington. Alors que Téhéran s’attache à un gouvernement politique, puisqu’il entretient de bonnes relations avec la majorité des partis irakiens.
Auparavant, le 27 mars dernier, le chef du courant As-Sadr, Sayed Moqtada Sadr, et le Premier ministre Haydar Abadi s’étaient mis d’accord pour effectuer un remaniement ministériel par étapes. Plusieurs obstacles liés au changement de 5 ministres chiites, 3 sunnites et un kurde ont avorté cet accord. C’est ainsi que Sayed Sadr est entré dans la « zone verte » en signe de protestation.
Les nouvelles pressions sur Abadi l’ont conduit à présenter le 31 mars sa première proposition sur la formation gouvernementale. Des informations ont circulé dans les coulisses que cette liste est d’origine américaine. Sachant qu’elle a été rejetée par tous les blocs politiques sous prétexte qu’elle ne les représente pas.
Seuls les ministres de la défense et de l’intérieur ont été maintenus dans la proposition d’Abadi. Celui-ci a allégué que la guerre contre Daech nécessite leur maintien à leurs postes. Mais ce maintien est dû à une demande US, révèle al-Akhbar. Pourtant, le ministre de l’intérieur est de l’organisation Badr, se trouve dans le camp adverse à celui de Washington !
Traduit du site al-Akhbar