Des estimations fiables évaluent "autour de 5.000 le nombre de ressortissants européens qui ont voyagé vers la Syrie et l’Irak pour rejoindre Daesh.
Le coordinateur de l'UE en matière de contre-terrorisme a pointé jeudi les "lacunes significatives" qui persistaient dans le partage d'informations entre Etats membres, lors d'une réunion de ministres européens à Luxembourg.
"Il y a encore des lacunes significatives dans l'alimentation en données d'Europol" par les Etats membres de l'UE, a pointé le coordinateur, Gilles de Kerchove, dans un document présenté aux ministres et consulté par l'AFP.
Ce document relève notamment qu'une base de données d'Europol (le "Focal Point Travellers") contenait à la mi-avril "seulement 2.956 combattants terroristes étrangers vérifiés entrés par les Etats membres", ayant quitté l'Europe pour combattre en Syrie ou en Irak.
"Plus de 90% des contributions des Etats membres" à cette base en 2015 émanaient de "seulement cinq Etats membres", est-il aussi précisé.
Une autre base de données d'Europol, le système d'information européen EIS, "contenait seulement 1.615" combattants étrangers "entrés par les Etats membres".
Or, selon le document présenté aux ministres européens, des estimations fiables évaluent "autour de 5.000 le nombre de ressortissants européens qui ont voyagé vers la Syrie et l'Irak pour rejoindre (le groupe takfiriste wahhabite) Daesh (EI) ou d'autres groupes extrémistes".
"Ces trous entre les différents chiffres, cela veut dire que certains Etats membres ne nourrissent pas toutes les bases de données communes", a commenté une source européenne. "Des individus dangereux peuvent ainsi revenir et ne pas être détectés", a-t-elle ajouté.
Les bases de données d'Interpol sur les documents d'identité volés ou perdus restent également insuffisamment alimentées, a estimé le coordinateur.
Les pays européens doivent opérer un "changement de mentalité" pour mieux lutter contre le terrorisme, en partageant davantage leurs renseignements, a appelé jeudi la Commission européenne lors de la réunion à Luxembourg.
"Nos bases de données doivent être complémentaires, accessibles et interconnectées en un seul clic", a plaidé le commissaire chargé de la lutte antiterroriste, Dimitris Avramopoulos, lors d'une conférence de presse.
Les ministres européens se sont notamment penchés sur la création d'un système rendant leurs bases de données "interopérables".
"L'utilisation des bases de données est indispensable pour renforcer la lutte contre le terrorisme", a déclaré le ministre néerlandais Ard Van der Steur, qui présidait la réunion.