Les vraies lignes rouges dont personne ne parle, sont celles que Moscou est en train de poser en Syrie comme sur la frontière Ouest de la Russie.
Selon The Times of Israel, citant un rapport paru vendredi matin dans le journal hébreu Yediot Aharonot, les forces russes auraient tiré sur des avions de l’armée de l’air israélienne à au moins deux reprises au cours des dernières semaines.
Selon cet article, la question des incidents aériens a été soulevée entre les présidents des deux pays lors de la visite du président Israélien à Moscou le mois dernier. Mais Vladimir Poutine lui avait assuré que c’était la première fois qu’il en entendait parler.
Benjamin Netanyahou a aussi rencontré Vladimir Poutine Jeudi à Moscou, essentiellement pour parler de ces incidents, dont le dernier a été signalé ce Mardi par les médias israéliens qui rapportent que des avions israéliens auraient été interceptés par un ou plusieurs (selon les sources) avions russes le long de la frontière syrienne.
Les visites du premier ministre et du président israéliens à Moscou, à quelques jours d’intervalle, montrent que quelque chose de sérieux est en train de se passer. La communication de Netanyahou à destination de sa presse, après sa visite, insiste comme l’on pouvait s’y attendre, sur la sécurité du pays et sa liberté d’action. Ce qui prouve, au moins, que cette liberté a été limitée d’une manière ou d’une autre, par l’aviation russe ou le système de défense anti-aérien mis en place en Syrie par la Russie.
Au cours de la guerre de Syrie, Israël est intervenu à plusieurs reprises par des raids sur le sol syrien, sous prétexte de bombarder des livraisons d’armes destinées au Hezbollah. L’aviation israélienne bombardant le Hezbollah, quoi de plus naturel ? Israël a, en effet, réussi à faire admettre à tout le monde qu’il est en droit de pouvoir frapper les cibles du Hezbollah où qu’elles se trouvent, juste parce qu’il considère ce mouvement comme son ennemi.
C’est d’ailleurs le comportement général de tous les pays de l’alliance atlantique, à commencer par les Etats-Unis. Imaginez que l’armée arabe syrienne décide de frapper tous les stocks et convois d’armes, ou les centre logistiques, se trouvant dans les pays voisins et destinés aux terroristes qui se battent en Syrie. Tous les pays atlantistes, qui ont toujours agi ainsi, hurleraient leur indignation et appelleraient à s’armer pour aller punir l’insolent.
La Syrie n’en est pas encore à attaquer ses voisins, mais est en train de raffermir l’étanchéité de ses frontières terrestres et aériennes, ces dernières étant sous la garde de l’aviation russe. Quel que soit le résultat de la rencontre entre le président russe et le premier ministre israélien, il est probable que les incidents continueront. D’une part, Israël ne pourra pas rester les bras croisés à regarder laminer les hommes qu’il a la charge de protéger, et d’autre part, la Russie, sachant parfaitement quel rôle joue Israël dans cette guerre, continuera à mettre en place toutes les barrières possibles contre les actions militaires contre la Syrie, tout en cherchant à éviter le clash avec Israël.
Il est peu probable qu’un avion russe descende délibérément un avion israélien. Mais l’inverse ne serait pas impossible, si la situation des terroristes en Syrie devenait brutalement catastrophique. Nous aurions alors un scénario qui rappellerait celui de la Turquie, malgré les liens qui unissent les Israéliens aux Russes.
C’est un scénario que personne, apparemment, ne souhaite, surtout pas Israël, si l’on en juge par les deux visites des dirigeants israéliens à Moscou. Benjamin Netanyahou a beau se pavaner devant sa presse, avec ses expressions favorites dont raffolent les journaux, parlant de sécurité et de lignes rouges, mais les vraies lignes rouges dont personne ne parle, sont celles que Moscou est en train de poser en Syrie comme sur la frontière Ouest de la Russie. Et ces lignes rouges ne sont pas seulement adressées à l’Etat hébreu, mais aussi et surtout à ceux qui sont derrière cet état qui n’est, après tout, qu’une puissance régionale, puissance gonflée par une propagande efficace, alors qu’elle n’a jamais gagné une guerre seule, sans l’aide des puissances étatsunienne et européennes.
Les dirigeants israéliens ont parfaitement conscience de cette réalité, et pour pouvoir continuer à jouer pleinement leur rôle, ils doivent jouer au chat et à la souris avec les Russes. C’est loin d’être gagné, car le Moyen-Orient est en train d’évoluer selon des plans qui n’étaient pas initialement prévus.
Source : Réseau International