Comment les Saoudiens tentent d’influer dans la politique des Etats-Unis?
Les Saoud ne lésinent pas dans les moyens les plus perfides pour faire prévaloir leurs intérêts.
Leur moyen favori n’en demeure pas moins la distribution de pots-de-vin aux Etats et organisations, voire à des hommes politiques et des hommes de médias, et dont le montant peut atteindre parfois des centaines de millions de dollars. Comme ce fut le cas du Premier ministre malaisien Najib Razzak qui a perçu en 2013 une pacotille de 681 millions de dollars sous forme de dons.
Certaines de ces affaires de pots-de-vin ont été divulguées par WikiLeaks, sous forme de documents émanant du ministère saoudien des AE et rendues publiques en juin 2015.
Généralement, en échange de ces dons, le récepteur se doit de redorer l’image du royaume wahhabite dans les deux mondes arabe et islamique.
Ces procédés semblent être de mise aux Etats-Unis aussi, où l’Arabie saoudite est vivement soupçonnée d’avoir acheté des candidats à la présidentielle américaine.
En Avril 2015, le candidat républicain avaient accusé la candidate démocrate Hillary Clinton d’avoir empoché des millions de dollars de l’Arabie !
La président américain actuel Barak Obama n’a pas non plus manqué de s’attaquer à l’Arabie, en la décrivant comme « une vache laitière qui donne de l’or et des dollars à la demande des Américains lesquels ne manqueront pas de l’abattre lorsque son lait sèchera ».
A l’heure actuelle, l’hégémonie des Saoud est fortement imprégnée au pays de l’oncle Sam. Grâce aux pétrodollars et au pétrole qui leur ont servi de s’introduire dans des milieux hautement sensibles à Washington à l’instar du Congrès et du Parlement.
Or, l’un de ses atouts le plus puissant est sans aucun doute la compagnie pétrolière Aramco.
S’inscrivant dans le prolongement de la politique inaugurée par le fondateur du 3ème Etat saoudien le roi Abdel Aziz, lorsqu’il avait accordé à une compagnie pétrolière américaine la concession d’explorer à elle seule le pétrole saoudien pour une durée de 60 ans, ce dernier s’est avéré être la véritable poule d’or des Américains.
Même lorsuq'il a été nationalisé via Aramco, dans sa totalité à partir des années 80, l’influence américaine au sein de son conseil d’administration ne s’est pas estompée pour autant.
Et pour preuve : entre 1991 et 2003, l’or noir saoudien était vendu aux Américains à des prix nettement inférieurs à ceux accordés au marché asiatique. Alors que tout le monde pensait que l’Arabie vendait son pétrole à un prix unique. Durant cette période, les économies qui ont découlé des réductions ont été estimées à plus de 8 milliards et demi de dollars. La réduction atteignant parfois l’ordre de 30% par rapport aux prix mondiaux.
Cette baisse n’est pas accordée à l’aveuglette. Ce sont surtout certaines compagnies de raffinage qui l’obtiennent. Pas n’importe lesquelles et selon des critères biens définies, qui ont longtemps été ignorées du grand public, voire des milieux académiques.
Ce n’est qu’en 2012, qu’une chercheuse universitaire s’est penchée sur cette question. Elle a découvert les normes à travers lesquelles ces réductions dans le prix des hydrocarbures étaient accordées aux USA par les Saoudiens, et la nature des décisions politiques qui étaient convoitées.
Dans sa thèse d’études, Jennifer Bek découvre que les compagnies de raffinage qui profitaient le plus de ces remises du prix de pétrole consenties par Aramco étaient celles qui offraient des contributions aux membres de la Commission des forces armées du parlement américain et de la Commission des relations extérieures du Sénat américain. Et pour cause, toutes deux jouissent de prérogatives que les autres n’ont pas. Entre autre celles d’accepter ou de refuser l’exportation des technologies militaires et de superviser les exportations de sociétés d’armes américaines. De nombreuses fois, des transactions militaires ont été admises à l’Arabie saoudite, en dépit des réticences sérieuses du Congrès.
Or, ces velléités saoudiennes avaient été détectées dès la nationalisation totale d’Aramco, en 1980, par le responsable de l’équipe de planification des politiques et le président du département de l’énergie internationale et des affaires sécuritaires du Golfe au département d’Etat américain pour les AE entre 1973 et 1980, Théodore Morin.
Mais les responsables américains ne lui ont pas prêté l'oreille. Ou alors, voulaient-ils que cela se passe réellement pour profiter des rentrées pétrolières saoudiennes en échange de quelques privilèges médiocres qu'ils accordent à l’Arabie au Moyen-Orient.
Traduit en résumé à partir du journal al-Akhbar