"Aujourd’hui, il n’y a aucune raison de croire que les Etats-Unis sont en avance dans les domaines de l’informatique, des équipements au fonctionnement autonome ou de la robotique.."
Les Américains étaient en avance sur les Soviétiques dans le domaine des armes technologiques, mais cette époque semble révolue.
Les Etats-Unis perdent leur avantage en matière de conception de capteurs avancés, de systèmes de gestion de combat sur ordinateur et d'armes de précision, estime Daniel Goure, vice-président du groupe de réflexion américain Lexington Institute, dans un article publié par le magazine The National Interest.
A la fin des années 1970, la conception des systèmes de combat sophistiqués était un pilier de la Deuxième "stratégie américaine de contrepoids" (Second Asset Strategy), un plan permettant de maintenir la supériorité technologique de l'armée américaine. Selon M.Goure, cette stratégie permettait aux Etats-Unis de faire face à l'URSS et aux autres pays signataires du Pacte de Varsovie qui avaient atteint la parité nucléaire avec les Etats-Unis et disposaient en outre d'un nombre plus important d'armes conventionnelles.
"Aujourd'hui, il n'y a aucune raison de croire que les Etats-Unis sont en avance dans les domaines de l'informatique, des équipements au fonctionnement autonome ou de la robotique (…). Des pays comme la Russie ou la Chine ont déjà rattrapé leur retard, voire dépassé les Etats-Unis dans beaucoup de domaines prévus par la Deuxième stratégie de contrepoids", note M.Goure.
Selon l'expert, le Pentagone doit désormais se consacrer à la création de la Troisième stratégie de contrepoids. Les Américains devraient surtout développer des technologies militaires concrètes – des systèmes intelligents autonomes, des interactions homme-machine, des drones et des armes semi-autonomes destinées à faire face aux moyens de guerre électronique.
Daniel Goure appelle également à créer des armes à énergie dirigée (DEW en anglais) qui émettent de l'énergie dans une direction voulue sans avoir recours à un projectile. Il s'agit des canons laser, des masers (armes à micro-ondes) et des canons électriques.
Il est à noter que les scientifiques et ingénieurs militaires russes mènent aussi des études dans ces domaines.
Une antenne de l'Institut unifié russe des températures élevées, située à Chatoura, dans la région de Moscou, travaille depuis plusieurs années sur un canon électromagnétique puissant qui pourra tirer un projectile en métal à une très grande vitesse, a rapporté le journal Rossiïskaïa Gazeta.
"La vitesse maximale des projectiles de plusieurs grammes tirés lors des tests dans nos laboratoires a atteint 6,25 km par seconde, ce qui est proche de la première vitesse cosmique", a déclaré dans une interview Alexeï Chouroupov, directeur de l'institut de Chatoura.
D'après le Consortium unifié de construction d'instruments de précision (OPK), les scientifiques russes ont créé un canon à micro-ondes destiné à neutraliser les drones et les armes de précision. Les caractéristiques tactiques et techniques du canon sont tenues secrètes. Le seul détail connu est que le canon est doté d'un générateur de micro-ondes puissant, d'une antenne, d'un système de commande et d'un émetteur.
Le nouveau canon équipera le système de défense antiaérienne Bouk. Il est surtout destiné à neutraliser les moyens de guerre électronique des engins et aéronefs volant à basse altitude et des armes de précision. Le système servira également à tester la résistance des systèmes de guerre électronique russes aux micro-ondes puissantes.
La Troisième stratégie de contrepoids du Pentagone risque donc de donner les mêmes résultats que ses prédécesseurs.