22-11-2024 07:21 PM Jerusalem Timing

France: plus de 50.000 manifestants contre une loi sur le travail, des heurts

France: plus de 50.000 manifestants contre une loi sur le travail, des heurts

78% des Français estiment qu’il y a "un risque élevé d’explosion sociale".

Déterminés à obtenir le retrait d'un projet de réforme du droit du travail "inacceptable", salariés et étudiants sont à nouveau descendus dans la rue jeudi en France à l'appel de sept syndicats, pour la quatrième fois en deux mois.

   On veut "montrer qu'on est toujours là", clame une lycéenne de Nantes
(ouest), Océane, 17 ans.

A quelques jours de l'examen du texte au Parlement, plus de 50.000
personnes (hors Paris) ont participé à des manifestations parfois marquées par
des heurts avec les forces de l'ordre, notamment dans l'ouest et le sud.

   Un jeune de 20 ans a été blessé à la tête à Rennes (ouest) et deux
policiers légèrement touchés à Toulouse (sud-ouest) par des "jets de
projectiles", selon les autorités. Plusieurs manifestants ont été interpellés.

   A Paris, un long cortège s'est mis en marche en début d'après-midi.
   La journée a valeur de test pour mesurer la détermination des opposants à
cette dernière réforme importante du quinquennat du président socialiste
François Hollande, à un an d'une élection présidentielle qui s'annonce
particulièrement difficile pour la gauche au pouvoir. Et certains en attendent
une convergence avec le mouvement citoyen informel "Nuit Debout" qui occupe le soir la place de la République à Paris depuis fin mars.

   Le climat est tendu, les journées précédentes ayant donné lieu à quelques
dérapages en marge des manifestations, malgré d'importants effectifs de
maintien de l'ordre déployés en vertu de l'état d'urgence instauré en France
depuis les attentat de novembre.

   En raison notamment de vacances scolaires, l'affluence dans les rues de
Paris pourrait cependant être moins importante que lors des précédentes
journées d'action. Mais les opposants à la loi de la ministre du Travail Myriam
El Khomri ont déjà prévu de se faire entendre lors des traditionnelles
manifestations du 1er mai, ainsi que le 3 mai, à l'ouverture du débat
parlementaire.
   
   - Retrait pur et simple -

   
   Jean-Claude Mailly, numéro Un du syndicat Force ouvrière, assure que la
mobilisation "ne s'essouffle pas parce qu'il y a de vrais problèmes sur cette
loi".

   Un sondage semble le conforter puisque 78% des Français estiment qu'il y a
"un risque élevé d'explosion sociale".
   Les opposants demandent le retrait pur et simple du texte perçu comme trop
favorable aux employeurs et facteur de précarité pour les salariés, notamment
les jeunes.

   Ce texte vise à donner plus de souplesse aux entreprises, notamment en
matière d'aménagement du temps de travail, et à clarifier les règles de
licenciement économique. Il a déjà subi des modifications, suscitant en retour
le mécontentement du patronat.

   "Des points restent à clarifier" mais "je pense qu'on est en mesure d'avoir
une majorité", a déclaré jeudi le député socialiste Christophe Sirugue,
rapporteur du projet devant l'Assemblée nationale.

   Mais pour les syndicats il reste une "ligne rouge": "l'inversion de la
hiérarchie des normes" permettant à un accord d'entreprise de primer sur un
accord de branche même s'il est moins favorable.

   Outre les manifestations partout en France, des arrêts de travail étaient
aussi prévus jeudi, notamment dans les transports, mais les perturbations sont
restées limitées.

   Quelque 20% des vols ont été annulés à l'aéroport parisien d'Orly et
quelques autres retardés à celui de Roissy.

   La contestation a commencé le 9 mars. Au soir du 31 mars, où les défilés
avaient réuni 390.000 personnes en France selon les autorités et 1,2 million
selon les organisateurs, elle s'est élargie avec la naissance de "Nuit debout".
 

  Aux rangs des mécontents de la future réforme du travail se sont greffés
les artistes qui négocient l'avenir de leur régime d'indemnisation chômage.

   Présents depuis lundi au théâtre de l'Odéon à Paris, ils ont étendu leur
mouvement d'occupation des salles en province et menacent les festivals d'été.
Un accord a cependant été trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi entre les
organisations de salariés et d'employeurs du spectacle qui doit encore être
approuvé par la base et l'organisme chargé de l'assurance chômage.