Le quotidien Yedioth Ahronoth évoque une "annexion par la porte de derrière".
Deux ministres israéliens extrémistes du gouvernement de Benjamin Netanyahu se sont dits favorables à l'application de la loi israélienne dans les colonies de Cisjordanie, ce qui, selon l'opposition, reviendrait à une annexion des deux tiers du territoire palestinien occupé.
"Mon objectif est que d'ici un an, les lois votées par la Knesset (Parlement) s'appliquent à la Cisjordanie", a affirmé la ministre de la Justice Ayelet Shaked, membre du parti Foyer juif, lors d'une réunion publique dimanche.
Environ 400.000 Israéliens vivent dans les colonies de Cisjordanie, considérées par la communauté internationale comme illégales, et un obstacle majeur à la paix avec les Palestiniens. Les colonies sont actuellement gouvernées par les règles édictées par le commandement militaire de l’occupation.
Le ministre de l'Education Naftali Bennett, chef de file du Foyer Juif, parti qui milite pour l'annexion de la Cisjordanie et attire une bonne partie du vote des colons, a prétendu lundi sur la radio publique de l’occupation qu'il s'agissait de mettre fin à une "anomalie".
Le projet s'appliquerait à la zone "C", les 60% de la Cisjordanie placés entièrement sous le contrôle de l'armée d’occupation israélienne et où se trouvent les grands blocs de colonies, a-t-il dit, selon l'AFP.
Environ 150.000 des 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie vivent en zone C, où la construction et l'aménagement échappent totalement à l'Autorité palestinienne.
Bombe politique
En réaction, un député centriste de l’opposition israélienne, Yaakov Peri, a dénoncé une "annexion en sous-main" et le quotidien Yedioth Ahronoth a évoqué une "annexion par la porte de derrière".
Les propos de Shaked faisaient les titres de la presse palestinienne lundi. Le quotidien Al-Hayat al-Jadida évoquait une "bombe politique" et un "projet prévoyant d'intégrer la Cisjordanie à Israël".
Pour la presse palestinienne, les partisans de ce projet veulent à terme annexer tous les territoires occupés depuis 1967 et ont choisi le moment où les Etats-Unis sont en campagne électorale et où une initiative de paix française est confrontée à un rejet israélien.
Un projet de loi similaire présenté il y a un an et demi par deux députés de droite sous le précédent gouvernement Netanyahu avait été rejeté après un avis défavorable du conseiller juridique du gouvernement.