Sauf lorsque la souveraineté de ce pays sera violée par des forces hostiles et agressives avec des bombes atomiques, que Pyongyong aura recours à son arme nucléaire
Le parti unique au pouvoir en Corée du Nord a confirmé la stratégie de son leader Kim Jong-Un visant à mener de front développement économique et programmes nucléaire et balistique, lors de son premier congrès depuis 1980, a rapporté lundi l'agence officielle KCNA.
Dimanche, les centaines de délégués de ce qui constitue techniquement l'organe décisionnaire suprême du pays, ont adopté une motion visant à développer simultanément la construction économique et "stimuler la force nucléaire d'autodéfense à la fois en qualité et en quantité".
Samedi, le numéro un nord-coréen avait prononcé un long discours dans lequel il a exposé sa stratégie baptisée "byungjin" , et selon laquelle Pyongyang ne fera pas usage de l'arme nucléaire tant que sa souveraineté ne sera pas menacée par une autre puissance nucléaire.
"Comme puissance nucléaire responsable, notre république ne fera pas usage de l'arme nucléaire sans que sa souveraineté ne soit violée par des forces hostiles et agressives avec des bombes atomiques", avait déclaré dans son discours d'ouverture du congrès, Kim Jong-Un, samedi.
Il a également dit souhaiter améliorer les relations avec des nations jadis "hostiles", proposant d'ouvrir un dialogue militaire avec la Corée du Sud afin d'apaiser les tensions frontalières.
Cette proposition a également entérinée par le Congrès nord-coréen.
« Mais si les autorités de Corée du Sud optent pour une guerre... nous nous engagerons dans une guerre juste pour éliminer sans pitié les forces anti-réunification », peut-on lire dans le texte adopté et publié par l'agence de presse officielle KNCA.
Le congrès a affirmé que le programme d'armement nucléaire se poursuivrait "aussi longtemps que les impérialistes persisteront dans leur menace nucléaire", en allusion Etats-Unis.
L'esprit invincible
Les spéculations se sont multipliées ces derniers temps sur la possibilité que Pyongyang s'apprête à mener un cinquième essai nucléaire qui coïnciderait avec la tenue du congrès, lequel doit durer trois ou quatre jours.
La Corée du Nord est sous le coup d'une série de sanctions internationales depuis qu'elle a mené son premier essai de bombe atomique en 2006, suivi par trois autres et par de nombreux tirs de missiles.
Ce qui ne l’a pas empêché néanmoins de réaliser plusieurs essais nucléaires depuis : le dernier a eu lieu le 6 janvier, et Pyongyang a assuré qu'il s'agissait d'une bombe à hydrogène ou bombe H.
Dans son discours, Kim Jong-Un a salué cet essai "historique", qui a, selon lui, démontré l'"esprit invincible" de la Corée de la Nord face "à la pression malveillante et aux sanctions des forces ennemies".
Sans changements substantiels
En réaction aux déclarations du N°1 nord-coréen, la presse officielle chinoise les a jugées lundi "sans changements substantiels".
"La déclaration de Kim Jong-Un a été faite avec l'idée que la Corée du Nord est désormais un Etat doté de l'arme nucléaire", a relevé lundi le Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinois.
En cela, "la position (de la Corée du Nord) ne présente pas de changements substantiels, et sa plus grande (source de) conflit avec le monde extérieur n'est pas résolue."
"Les grands pays ne changeront pas leur position et ne reconnaîtront pas la Corée du Nord en tant qu'Etat doté de l'arme nucléaire", a ajouté le quotidien.
"Tant que Pyongyang n'abandonnera pas ses armes nucléaires, une normalisation des relations avec le monde extérieur restera hautement improbable."
Celui qui cèdera le premier
Pékin est le principal allié diplomatique et commercial de Pyongyang, mais les relations bilatérales sont tendues depuis que le régime nord-coréen persiste, contre l'avis chinois, à développer son programme nucléaire.
Signe des relations glaciales entre Pékin et Pyongyang, aucune délégation chinoise n'a été invitée au congrès du Parti des travailleurs de Corée (PTC).
La Chine est cependant réticente à renforcer les sanctions contre la Corée du Nord, craignant qu'un effondrement du régime nord-coréen n’entraîne un afflux de réfugiés -- et surtout qu'une Corée réunifiée ne permette à l'armée américaine de stationner aux frontières chinoises.
Le programme nucléaire nord-coréen a poussé les Etats-Unis et la Corée du Sud à "améliorer constamment leurs préparatifs militaires pour des frappes contre Pyongyang", a souligné le Global Times.
"La folle logique de la politique internationale contemporaine a tourné au jeu de celui qui cèdera le premier", a-t-il ajouté.
Avec AFP