23-11-2024 12:23 AM Jerusalem Timing

Plus de 700 tués en 3 semaines de combats fratricides dans la Ghouta orientale

Plus de 700 tués en 3 semaines de combats fratricides dans la Ghouta orientale

Le temps est venu pour la milice pro saoudienne Jaïsh al-Islam de se débarasser de ses alliés.

Cela fait trois semaines que des combats fratricides entre les milices à l’obédience wahhabite takfiriste déchirent la Ghouta orientale, à l’est de Damas. Et il est question de plusieurs centaines de tués dans les rangs des belligérants : la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, associé a d’autres milices, contre Jaïch al-islam, qui est soutenu par l’Arabie saoudite.

Pour ce mardi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme qui siège à Londres a fait part d’au moins 50 tués parmi les combattants et deux parmi les civils. Un bilan qui n’a pas été confirmé de source indépendante.
 
Lundi, la chaine de télévision pan arabe al-Mayadeen avait fait état d’au moins 700 miliciens qui ont péri durant ces trois semaines, alors que l’OSDH parle de 500 combattants et d’une dizaine de civils.
Parmi les civils tués figure le seul gynécologue travaillant encore dans la Ghouta orientale, indique l’AFP.
   
Jaïch al-Islam qui est soutenu financièrement et politiquement par l’Arabie saoudite est le principal groupe rebelle dans la Ghouta orientale. Avec l’appui de Riyad, un de ses chefs politiques, Mohammed Allouche, a été désigné comme le négociateur en chef pour les pourparlers de paix avec le pouvoir syrien à Genève.

Une coalition avec le front al-Nosra
   
Sur le terrain, cette milice wahhabite fait désormais face à une alliance regroupée autour du front al-Nosra, comprenant des factions également d’obédience wahhabite, dont Faylaq al-Rahmane, Jaïch al-Foustate, Liwa Fajr al-Oumma... La présence des Ahrar al-Sham n’est pas à exclure non plus, celle-ci combattant au côté du Nosra dans la plupart des régions. 

La situation est d’autant plus compliquée que des enlèvements ont eu lieu de part et d’autre. Selon Jaïch al-Islam qui compte quelque 15.000 hommes, 500 d’entre eux sont assiégés au sud de la Ghouta.

Apostasie et contre apostasie

De plus, les religieux respectifs des belligérants  refuse toute concession. Chacun d’entre apostasiant les partisans de l’autre

Dans un enregistrement sonore, celui du front al-Nosra, le jordanien Abou Mohammad al-Ordoni a exigé « une éradication totale des tous les corrompus de Jaïch al-Islam ».

Même son de cloche de la part de cheikh Abou Anis, le responsable religieux de ce dernier, qui a accusé son homologue d’avoir « un accent étranger ». Il a été relayé par le porte-parole de l'état-major militaire Hamza Bayrakdar qui a menacé d’une guerre totale.

Selon al-Mayadeen, la plupart des religieux de la Ghouta se sont ralliés au front al-Nosra et Cie, et accusent Jaïsh al-Islam d’avoir déclenché la bataille, et de travestir la version des faits. 

Mardi, un porte-parole de Jaïsh al-Islam a affirmé que sa formation était prête à mettre fin aux combats, répondant à une initiative du coordinateur de l'opposition syrienne Riad Hijab.
"Mais nos frères de Faylaq al-Rahmane ont complètement rejeté cette initiative", a souligné Islam Allouche dans un communiqué distribué aux journalistes.  

Les débuts du combat

Les combats ont commencé au début de mois-ci lorsque Jaïch al-Islam a émis une fatwa dans laquelle il a lancé un appel pour l’élimination de toutes les milices qui  n’opèrent pas sous sa bannière, et lancé un assaut contre les régions qu'elles occupent.

Il était auparavant  accusé par les autres milices de s’être s’accaparé la dernière somme de 15 millions de dollars dépêchés par les pays du Golfe, alors que dans le passé ces aides étaient partagées.


Ces combats interviennent dans un contexte international qui en appelle à distinguer les milices qui tournent dans l’orbite de Daesh et du Nosra des autres. La semaine passée, Jaïsh al-Islam a été sauvé de justesse, lorsque 4 pays du Conseil de sécurité avaient refusé un projet de résolution présenté par la Russie demandant de le mettre ainsi que Ahrar al-Sham sur la liste onusienne des organisations terroristes.

Il semble que le moment est venu pour Jaïsh al-Islam de se débarasser de ses anciens alliés, et se faire passer comme un groupe rebelle modéré.