25-11-2024 02:13 AM Jerusalem Timing

Yémen: la délégation de Ryad entrave les pourparlers de Koweït

Yémen: la délégation de Ryad entrave les pourparlers de Koweït

La délégation de Ryad veut imposer le général Ali AlAhmar, impliqué dans le massacre des Yéménites, à la tête du comité militaire. L’aide humanitaire au Yémen "scandaleusement" sous-financée, s’indigne l’Onu.

La délégation du gouvernement yéménite démissionnaire, soutenue par l’Arabie saoudite, a menacé mardi de se retirer des pourparlers de paix à Koweït.

Cette menace a été formulée quelques heures après l'annonce par cette même délégation de la suspension de sa participation aux négociations en cours sous l'égide des Nations unies.

Version de la délégation nationale

Des sources proches de la délégation nationale ont révélé que les représentants de la délégation de Ryad sont sortis de la salle des discussions après le refus de la candidature du général Ali AlAhmar à la tête du comité militaire.

La candidature d’AlAhmar a été fermement rejetée par la délégation nationale, vu l’implication de ce général pro-saoudien dans l’agression militaire contre les Yéménites, a-t-on indiqué de mêmes sources, citées par le site AlAlam.

La délégation de Ryad s’est en outre opposée à l’activation du comité de la surveillance de la trêve (décrétée le 11 avril) et de la levée du blocus saoudien contre le peuple yéménite. Elle a également refusé de condamner l’occupation américano-émiratie du sud du pays.

Version de la délégation de Ryad

Pour sa part, le chef de la délégation de Ryad a déclaré tard mardi dans une conférence de presse « avoir demandé à l'émissaire spécial de l'ONU de produire un document signé par Ansarullah (membres de la délégation nationale) dans lequel ils reconnaissent les références de base des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ».

Abdel Malak al-Mekhlafi a souligné que le "document" en question devrait inclure une reconnaissance claire par la délégation nationale de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU et de la légitimité du président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi et de son gouvernement.

Il a dit que son équipe resterait à Koweït jusqu'au week-end avant de prendre une décision, ajoutant qu'elle donnait une "dernière chance" à l'émissaire de l'ONU, Ismaïl Ould Ahmed Cheikh, pour sauver selon lui les négociations.

"Les pourparlers n'ont pas fait de progrès", après environ quatre semaines de négociations, a-t-il dit, rapporte l'AFP.

Selon des sources proches des négociateurs, des discussions prévues mardi ont été annulées après l'annonce par la délégation de Ryad de la suspension de sa participation aux négociations.

Celle-ci avait déjà suspendu sa participation le 7 mai avant de reprendre les discussions.

Les "questions de référence", à la base des pourparlers entamés le 21 avril à Koweït, sont la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU et les décisions afférentes, les résultats du dialogue national interyéménite et l'initiative du Golfe, a rappelé dimanche le médiateur onusien.

Adoptée en avril 2015, la résolution 2216 ordonne le retrait des l’armée et des forces populaires d’Ansarullah des territoires qu’elles contrôlent depuis 2014.

S’agissant de cette résolution, la délégation nationale exige la formation préalable d'un gouvernement de transition consensuel qui traitera la résolution 2216.

L'aide humanitaire au Yémen "scandaleusement" sous-financée

Sur un autre plan, un haut responsable de l'ONU a déploré mardi un manque criant de fonds pour l'aide humanitaire au Yémen, malgré la détérioration de la situation des civils sur place.

L'appel de fonds de 1,8 milliard de dollars lancé par l'ONU pour couvrir les besoins de 13 millions de Yéménites en 2016 n'est pour l'instant financé qu'à hauteur de 16 pour cent, un niveau "scandaleusement bas", a souligné le directeur des opérations humanitaires de l'ONU John Ging.

M. Ging, de retour d'une mission de trois jours sur place avec des représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme alimentaire mondial, a jugé que la situation humanitaire au Yémen s'était "gravement détériorée".

Il a rappelé lors d'une conférence de presse que plus de 13 millions de Yéménites ont besoin d'une assistance humanitaire, que 7,6 millions souffrent "d'insécurité alimentaire grave" et que 2,5 millions ont été déplacés suite à la guerre saoudo-US contre le Yémen.

M. Ging a cependant salué la récente mise en place par l'ONU d'un mécanisme d'inspection des navires commerciaux qui arrivent dans les ports yéménites, soumis à un blocus par la coalition saoudo-US.

"Il est opérationnel depuis peu (...) et pour l'instant fonctionne bien" pour faciliter le ravitaillement, a-t-il souligné.

Le Yémen est très dépendant des importations par mer pour sa nourriture et son carburant notamment.

La guerre saoudo-US contre le Yémen a déjà fait 6.400 morts selon l'ONU, depuis mars 2015.