celui que les rebelles ont attribué aux forces régulières
Le 12 mai, la branche d’al-Qaida en Syrie le Front al-Nosra et ses alliés ont attaqué le village alaouite d'al-Zara dans la province de Hama (centre de la Syrie).
Selon des sources citées par l’agence russe Sputnik, ils ont massacré 70 à 100 civils et enlevé des femmes et des enfants.
Le journaliste de l'agence Mohamad Marouf s'est rendu dans les provinces de Homs et de Hama pour trouver des rescapés de ce carnage et recueillir des témoignages.
Ses recherches ont commencé par la ville de Hama, où il lui a fallu faire des kilomètres sous une canicule exténuante en questionnant les gens. Le hasard a permis de trouver l'endroit où plusieurs familles avaient trouvé refuge dans la ville voisine de Homs.
Il raconte : « Dans une maison inachevée, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à leurs parents et proches morts il y a seulement quelques jours à al-Zara. On entend les lamentations et les pleurs des femmes et des enfants. Des hommes âgés assis autour de la table gardent le silence, les yeux rivés sur le sol.
Une femme, oum Alia, qui a pleuré toutes les larmes de son corps, a du mal à parler"
"Des hommes armés sont venus au village vers quatre heures du matin. Le carnage a commencé quand tout le monde dormait. Ils ont tué des enfants, ont enlevé des femmes et ont torturé des hommes. Mon mari, nos cinq enfants et moi avons été réveillé par des coups de feu. Mon mari s'est précipité vers la porte et nous avons entendu les appels au secours de notre voisin", confie Oum-Alia, avant de prendre son visage dans ses mains et de se remettre à pleurer.
Poursuivant entre deux sanglots, elle raconte que son mari a pris un fusil et est parti pour porter secours à d'autres personnes sans qu'on le revoie depuis. Ensuite, quelqu'un est venu l'avertir qu'il fallait prendre la fuite. A deux pas de leur maison, un fils et une fille d’où Oum-Alia ont été blessés par balles. Il a fallu rentrer pour faire des pansements, puis ils sont repartis, en rampant sur le sol couvert de pierres et d'épines pendant deux heures avant de rencontrer les militaires et d'être conduits à l'hôpital de Hama.
Le journaliste de Sputnik rapporte aussi le témoignage d’un adolescent de 16 ans atteint de trisomie 21.
(( Alité, il a les deux jambes percées de balles et le regard absolument vide. Ses pansements sont entachés de sang. Il dit qu'il n'a pas eu le temps de se cacher au moment où les tirs ont commencé et que sa sœur a été également blessée.))
D’autres cas pénibles sont exposés dans le témoignage d'Abou-Mouhammad al-Sittini qui pleure ses parents et son frère tués ainsi que ses voisins qui n'ont pas réussi à se sauver en ce matin fatal.
"Dans la famille d'Ali Hassan, tous ont été tués: le père, trois jeunes filles célibataires et cinq enfants.
Chez les Shaaban, tous ont été fusillés. Abou-Jaafar et les 20 membres de sa famille ont été également exécutés".
"Au total, une centaine de nos villageois ont été tués, des vieillards et des enfants pour la plupart".
Un ami de la famille, Abou-Ghaith, dit quant à lui :
"les takfiristes tuaient surtout des vieillards qui, selon eux, ne servaient à rien. Des femmes et des jeunes filles ont été prises comme esclaves pour un commandant du Front al-Nosra. Pendant le carnage, un doyen centenaire d'al-Zara a été exécuté sous les yeux de son fils".
En racontant , il est emporté par la colère: " Tout le monde parle de la trêve. Mais où est-elle? Tout le monde parle de l'aide humanitaire venant de toutes parts. Dans notre village misérable, nous n'avons rien reçu, comme si nous n'existons pas".
Selon lui, les paysans de son village ne peuvent plus rien cultiver car les terroristes brûlent les champs labourés. "La dernière fois, une semaine avant la tragédie d'al-Zara, ils ont incendié plusieurs petites plantations", a-t-il indiqué.
Plus horrible encore a été la version incongrue que les rebelles ont véhiculée pour se déculpabiliser de ce massacre.
Selon un milicien de la faction Ahl al-Sunna, connu sous le sobriquet Abou al-Houda, et qui a participé à l’attaque contre ce village, les rebelles n’ont fait que tuer une trentaine de militaires syriens et de leurs supplétifs des forces des comités populaires.
« Par la suite, nous avons assuré la sécurité des habitants, dont la majorité sont des femmes, des enfants et des vieux. Et nous les avons mis dans un abri parce que des raids se sont abattus sur le village des l’annonce de notre prise du village. Les avions du régime les ont traqués et a bombardé cet abri par le biais d’un tonneau d’explosifs le détruisant par-dessus leurs têtes », a-t-il prétendu, selon l’agence de l’opposition syrienne Ara News.
Bien plus que les témoignages des rescapés, les images montrent la monstruosité de son mensonge, relayé dans plusieurs médias de l’opposition syrienne
Des photos ont été mises en ligne ces derniers temps sur les pages Web du Front al-Nosra, d'Ahrar al-Sham et de Jaïsh al-Islam, sur lesquelles des djihadistes takfiristes hilares posent, un pied sur un cadavre.
A en juger par ces seules photos, plus de 50 enfants, femmes et vieillards ont été tués.
Le massacre d'al-Zara est le plus meurtrier de toutes les attaques contre la population alaouite en Syrie au cours de ces deux dernières années de guerre.
Sources : Sputnik, Ara news