Une concurrence saoudi-turco-qatarie pour contrôler l’ouest de l’Irak.
Après l’annonce de la libération de Ramadi, dans la province d’al-Anbar, à l’ouest de l’Irak, des informations de presse ont fait état d’une action saoudienne accrue dans cette zone, « pour des fins humanitaires et pour aider la population à la reconstruction ». Cette action saoudienne a suscité les doutes, surtout dans un contexte où l’on parle sans cesse du partage de l’Irak.
D’après ces informations, rapportées par le journal libanais al-Akhbar, « l’ambassadeur saoudien Samer Sabhane tient des réunions périodiques avec des chefs de tribus et des politiciens d’al-Anbar, pour coordonner avec eux sur des sujets locaux ».
Selon al-Akhbar, Sabhane a rencontré des parties d’al-Anbar dans la capitale Bagdad, et dans la capitale du Kurdistan, Arbil, où il s’est rendu il y a quelques semaines.
Ces rencontres se tenaient sous le titre de « l’assistance à fournir dans le dossier des réfugiés d’al-Anbar, et de l’investissement saoudien dans des projets de reconstruction dans les zones endommagées par Daech, via des personnalités irakiennes ».
L’ambassadeur saoudien avait déjà déclaré que son pays « compte envoyer des aides supplémentaires aux déplacés d’al-Anbar. Ceci a effectivement eu lieu, l’aéroport international de Bagdad ayant confirmé la semaine dernière l’atterrissage d’avions saoudiens transportant des aides ».
Les efforts saoudiens sont étroitement liés à la polémique en cours sur l’avenir des régions situées à l’ouest de l’Irak, une fois libérées de Daech.
Les Etats-Unis soutiennent la mise en place du projet de « provinces sectaires » comme alternative à la situation actuelle. Partant de là, le projet de Riyad s’inscrit dans le cadre de la concurrence entre l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar pour prendre le contrôle des régions irakiennes.
Selon le chercheur irakien Aziz Hassan, « l’Arabie Saoudite agit précocement pour confirmer sa présence à al-Anbar, région plus facile à dominer par rapport à Mossoul, convoitée par la Turquie. Le projet de la région sunnite renfermera les provinces d’al-Anbar, Mossoul et Salahedine ».
Hassan n’écarte pas des conflits politiques à al-Anbar pour permettre à tel ou tel pays de gagner les contrats de reconstruction.
Pour sa part, le député Abdel Salam Maliki a déclaré que « des pays régionaux tentent d’imposer le partage de l’Irak selon des considérations sectaires, ce qui constitue une application du projet américain annoncé par Joe Biden il y a quatre ans ».
S’exprimant à al-Akhbar, Maliki a accusé « une force internationale et régionale de mobiliser leur agenda à l’intérieur de l’Irak », affichant ses craintes quant à l’avenir des régions chaudes.
Selon lui, « les mêmes voix qui rejettent l’implication d’une certaine force militaire dans les combats contre Daech, poussent vers le partage de l’Irak. Ce qui permet à l’Arabie Saoudite, la Turquie et les Etats-Unis de décider eux-mêmes du sort de ces provinces ».
Par ailleurs, un membre du conseil tribal d’al-Anbar, cheikh Ammar Joreyssi, a assuré que « l’Arabie Saoudite compte sur des parties locales pour distribuer ses aides aux déplacés. Certains politiciens d’al-Anbar promeuvent l’idée du projet d’une province sunnite en Irak. Nous rejetons ce projet et nous insistons que toute action entreprise doit passe par le gouvernement irakien. L’Arabie Saoudite a affiché sa disposition à reconstruire al-Anbar, mais nous voulons que ceci ait lieu via le gouvernement », a-t-il dit.
Traduit du site al-Akhbar