Une implication que les Américains tentent tant bien que mal de dissimuler
Alors que la présidente brésilienne Dilma Rousseff a été suspendue de ses fonctions avant son procès pour avoir enfreint les règles budgétaires, des éléments qui laissent penser qu’il s’agirait d’un complot impliquant Washington sont apparus.
La semaine dernière, après le vote du sénat brésilien qui a entraîné la suspension de la première femme présidente du pays, Dilma Rousseff a elle-même fait remarquer qu’elle «n’aurait jamais imaginé devoir lutter une nouvelle fois contre un coup d’Etat».
L’histoire moderne de l’Amérique latine connaît des exemples bien documentés des opérations américaines visant à renverser les régimes en place. Certains affirmeront que la situation que connaît le Brésil découle du mouvement populaire de protestation lié à un scandale de corruption impliquant les plus hautes sphères de l’Etat brésilien et à l’effondrement d’économie. Mais l’analyse du profil des personnages centraux des événements actuels fait apparaître des indices qui laissent penser que Washington pourrait être impliqué.
Un informateur américain à la présidence ad interim du Brésil
De sombres détails concernant Michel Temer, l’ancien vice-président et ancien allié de Dilma Roussef, devenu président du Brésil ad interim ont fait surface sur WikiLeaks. Le site lanceur d’alerte affirme avoir publié des preuves selon lesquelles Michel Temer aurait travaillé comme informateur pour Washington.
Deux câbles diplomatiques datés du 11 janvier et du 21 juin 2006 obtenus par WikiLeaks révèlent que Michel Temer, alors membre du Parti Mouvement démocratique brésilien, avait informé des diplomates américains sur le processus politique en cours au Brésil et des aspirations de son parti à prendre le pouvoir lors des élections de 2006, que Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula a remportées sous l’étiquette du Parti des travailleurs.
Ce qui est assez intéressant, c’est que le consul général américain à Sao Paolo McMullen, a marqué l’un de ces deux câbles de la mention «sensible mais pas confidentiel», qualifiant le parti de Michel Temer de groupe opportuniste ne disposant d’aucune «idéologie ni cadre politique».
En plus de son manque de popularité, la cote de popularité de Michel Temer avoisine les 2%, le président brésilien ad intérim a fait l’objet d’enquête pour avoir violé les règles en matière de dépenses électorales et risque une peine d’inéligibilité de huit ans, selon le journaliste et avocat américain basé au Brésil, Glenn Greenwald.
Si Michel Temer peut sembler être un candidat improbable au poste de président, Glenn Greenwald suppose que sa nomination pourrait servir les intérêts de tierces parties et non pas de la nation brésilienne.
«Il entend nommer des responsables de Goldman Sachs et du FMI pour diriger l’économie et aussi nommer une équipe néolibérale absolument pas représentative», a écrit Glenn Greenwald dans The Intercept.
Les liens suspicieusement étroits avec les Etats-Unis du chef de la fronde des sénateurs contre Dilma Rousseff
Le sénateur Aloysio Nunes du Mouvement démocratique brésilien qui a dirigé la procédure de destitution de Dilma Rousseff au sénat s’est rendu à Washington pour une visite de trois jours le lendemain pour rencontrer des responsables américains, notamment des membres du sénat américain et un ancien ambassadeur des Etats-Unis au Brésil, Thomas Shannon, rapporte The Intercept.
Le co-directeur du Centre de recherches économiques et politiques, Mark Weisbrot, a confié à RT que Thomas Shannon avait «été impliqué dans d’autres coups d’Etat dans la région», notamment au Honduras en 2009 et au Paraguay en 2012.
Aloysio Nunes s’est prononcé à plusieurs reprises pour un rapprochement des relations avec les Etats-Unis dans une tentative de remédier au scandale d’espionnage qui a éclaboussé le Brésil et les Etats-Unis.
Une ambassadrice américaine rompue aux coups d’Etat
Liliana Ayalde, actuel ambassadeur des Etats-Unis au Brésil, comme son prédécesseur, peut faire valoir une certaine expérience dans le renversement de gouvernements étrangers.
Avant d’être envoyée au Brésil, Liliana Ayalde a été ambassadrice au Paraguay avant le coup d’Etat de 2012 qui a entraîné la chute du président Fernando Armindo Lugo Mendez au travers d’une procédure de destitution similaire à celle que traverse Dilma Rousseff.
«Cet ambassadeur a agi avec une grande force lors du coup d’Etat qui s’est produit au Paraguay et c’est ce qu’elle fait au Brésil, répétant le même discours en affirmant que les institutions brésiliennes viendront à bout de cette situation», a confié à teleSUR Carlos Eduardo Martins, professeur de sociologie de l’université de Sao Paulo.
En attendant, le président vénézuélien Nicolas Maduro affirme qu’il n’est pas difficile de deviner qui est derrière la destitution au Brésil. «Je n’ai pas de doute que ce coup d’Etat porte l’étiquette «fabriqué aux Etats-Unis», a-t-il déclaré. Il a qualifié les événements que connaît le Brésil de «menace grave pour la stabilité future et la paix sur tout le continent», s’inquiétant du fait que la prochaine victime puisse être le Venezuela.
Les relations entre les Etats-Unis et l’administration de Dilma Rousseff ont été marquées par le scandale qui a éclaté à la suite des révélations d’Edward Snowden en 2013. D’après les informations diffusées par l’ancien consultant de la NSA, le renseignement américain espionnait Dilma Rousseff et interceptait ses communications. Les relations entre Washington et Brasilia se sont alors nettement refroidies, la présidente annulant une visite prévue de longue date aux Etats-Unis, juste après que ces informations soient devenues publiques.
Source : Russia Today