Le public américain ne chercherait guère à dissuader leur président s’il décidait d’utiliser des armes nucléaires. Une information qui donne à réfléchir…
A la veille de la visite historique du président américain Barack Obama à Hiroshima, détruite en 1945 par un bombardement atomique américain, The Wall Street Journal a sondé des Américains au sujet de leur attitude envers le recours aux armes nucléaires dans le cas du conflit. Les résultants sont pour le moins inquiétants…
Analysant les réponses des Américains à la question de savoir s'il fallait de nouveau larguer des bombes atomiques dans des circonstances similaires aujourd'hui, The Wall Street Journal a constaté que le public américain était étonnamment ouvert à une telle perspective: 59% des répondants soutiennent l'idée du recours aux armes nucléaires.
La situation ressemble à celle de 1945, quand les Américains ont approuvé le bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki: 53% des répondants ont convenu que l'armée américaine devait larguer des bombes sur les villes japonaises contre 4% de la population qui s'était prononcée contre le recours aux armes atomiques.
Néanmoins, peu avant le 70e anniversaire des bombardements, la situation a drastiquement changé. Le nouveau sondage a constaté que seuls 28% des répondants étaient d'accord avec les actions des Etats-Unis en 1945.
Plusieurs analystes indiquaient que ce chiffre témoignait d'une aversion publique à l'utilisation des armes nucléaires survenue dans la société après-guerre. Cependant, il n'est pas exclu que les Américains aient tout simplement changé d'avis à l'encontre du Japon, qui est devenu avec le temps un pays allié du leur.
Et si on imaginait que l'autre pays, par exemple, l'Iran accusé de violer l'accord nucléaire conclu en 2015, attaquait un porte-avions américain dans le golfe Persique, et que le Congrès déclarait la guerre à l'Iran?
Pour résoudre ce dilemme, YouGov a effectué un sondage parmi les 620 Américains, les plaçant devant un scenario fictif: le président doit soit entreprendre une intervention au sol pour forcer le gouvernement iranien à capituler ou mener une attaque nucléaire contre une grande ville près de Téhéran, tuant environ 100.000 civils iraniens.
Cependant, ceux qui encore hier se prononçaient contre le recours aux armes nucléaires à l'encontre du Japon, et qui ont condamné cet acte de cruauté commis en 1945, retournent leur veste et prônent le bombardement de l'Iran.
Où est passée cette aversion publique à l'utilisation des armes nucléaires, si 59% y sont désormais favorables, sans se rendre même compte que l'Iran ne dispose pas d'arme atomique?
En d'autres termes, le public américain ne chercherait guère à dissuader leur président s'il décidait d'utiliser des armes nucléaires. Une information qui donne à réfléchir…