Une chose est sure: la confrérie des Frères musulmans d’Egypte noue des liens avec les Américains. Une question s’impose : pour quel prix ?
La secrétaire d’état américaine Hillary Clinton l’a confirmé très franchement, déclarant que des canaux sont ouverts entre son pays et les Frères musulmans. Elle avait auparavant affirmé que l’administration américaine ne s’oppose pas à ce que les islamistes prennent le pouvoir. Des dirigeants de la confrérie islamique l’ont également confirmé, malgré les réticences de certains d’entre eux.
Or cette ouverture n’est pas nouvelle. Sa volonté chez les Frères musulmans eux-mêmes s’était manifestée dès les années 80 du siècle dernier, selon des notes diplomatiques américaines publiées par WikiLeaks, datant du 16 septembre 1988.
L’ambassadeur américain qui était alors Frank Wizner (celui-là même qui fut dépêché par l’actuel président américain Barak Obama en Égypte, lors que la révolution égyptienne battait son plein) y décrit ses trois impressions, au lendemain de l’élection d’une nouvelle direction de la confrérie, après la mort de son guide spirituel Omar Télemçani. « La nouvelle direction aspire à amorcer un dialogue avec l’ambassade américaine », écrit-il. et de poursuivre : « Elle tente en même temps de ne pas susciter des problèmes avec le ministère de l’intérieur égyptien ».
Concernant sa rencontre avec l’un des dirigeants de la confrérie, Moustafa Machhour, Wizner le décrit de « court mais cordial » rapportant qu’il avait répondu positivement à la demande de l’ambassade de rencontrer le nouveau guide Hamed Abou AnNasser, exigeant de l’ambassade d’obtenir des garanties de la part du ministère de l’intérieur égyptien.
Dans le document américain, il est question aussi que Hamed et Machhour ont accueilli des responsables américains de l’ambassade, dans une rencontre d’une vingtaine de minutes. Pour les rencontres qui ont survenu ultérieurement, ils exigeaient une autorisation de la part du ministère de l’intérieur, en raison de poursuite judiciaire qu’ils ont subie pour avoir rencontré des responsables de l’ambassade britannique.
La note diplomatique révèle aussi qu’un responsable américain avait répliqué aux deux dirigeants de la confrérie que des tractations avaient eu lieu avec le guide Télemçani, durant les deux années qui ont précédé sa mort. Les frères musulmans étaient alors intéressés de s’enquérir sur la façon d’éviter d’obtenir nécessairement une autorisation officielle pour chaque rencontre.
Une autre note diplomatique américaine, publiée par WikiLeaks, et nettement plus récente montre que ces liens ont été consolidés. Datant de mars 2007, elle dévoile que le représentant du bloc de la confrérie au sein du parlement égyptien, Saad AlKatatini a présenté une demande de visas aux États-Unis. Il voulait se rendre à l’université Georges Town pour parler des évolutions du monde arabe, et promouvoir la nécessite d’un dialogue entre les Frères musulmans et les gouvernements occidentaux, dont l’américain.
Cette complainte a été signalée dans une note ultérieure, datant du 11 novembre 2007, à l’issue d’une visite effectuée par des membres du Congrès américain en Egypte, au cours de laquelle ils ont rencontré le président du conseil du peuple Fathi Sorour et un certain nombre de parlementaires égyptiens.
Dans un communiqué, la confrérie s’était plainte de ne pas avoir été conviée à cette rencontre.
La note américaine estime que cette volonté de rencontrer des responsables américains reflète une évolution de sa perception des Etats-Unis. « Non seulement les députés des Frères étaient prêts à rencontrer leurs homologues américains, mais ils se plaignent lors une occasion pareille leur échappe ».
Force de constater que ces notes diplomatiques n’évoquent pas le contenu des tractations, et les accords qui en ont découlé.
Informations recueillies du quotidien AsSafir