28-04-2024 06:59 AM Jerusalem Timing

Le film palestinien sur Munich passe à Cannes, malgré les pressions du Crif

Le film palestinien sur Munich passe à Cannes, malgré les pressions du Crif

Le CRIF avait prétendu que le film se livrait à un « révisionnisme historique » à propos du raid de 1972 sur les Jeux Olympiques de Munich

Un documentaire palestinien a été projeté au Marché du Film du Festival de Cannes comme prévu lundi dernier, en dépit d’une intense campagne des groupes de pression pro-israéliens.

Réalisé par le cinéaste palestinien Nasri Hajjaj ,« Munich: une histoire palestinienne » est l’un des quatre films dont des extraits ont été projetés devant des professionnels de l’industrie du cinéma, en collaboration avec le Festival International du Film de Dubaï.

Hajjaj a expliqué à The Electronic Intifada depuis Cannes, que la projection d’un extrait de 14 minutes s’est déroulée sans incident et qu’il avait reçu une réponse positive de ceux qui étaient présents.

Comme The Electronic Intifada l’a rapporté la semaine dernière, le principal lobby pro-israélien français, le CRIF, avait exercé une pression intense sur les autorités françaises pour interdire le film, obtenant même le soutien du maire de Cannes.

Certains médias communautaires juifs en France ont continué à diffuser la fausse information selon quoi le CRIF avait réussi à obtenir l’annulation de la projection, grâce aux pressions exercées sur les responsables du festival et sur des officiels du gouvernement.

Le CRIF avait prétendu que le film se livrait à un « révisionnisme historique » à propos du raid de 1972 sur les Jeux Olympiques de Munich par le groupe palestinien Septembre noir, au cours duquel 11 athlètes israéliens, un officier de police allemand et cinq preneurs d’otages sont morts.

Ce à quoi Hajjaj a répliqué en disant que le CRIF et d’autres critiques ont fait un certain nombre de déclarations mensongères sur son film, qu’ils n’ont pas vu.

Hajjaj a déclaré qu’il travaillait sur le film depuis 2011, et, comme cinéaste indépendant, qu’il continuait à rechercher un soutien financier afin de le terminer.

Selon le site de la chaine de télévision qatarie alJazeera, le film raconte cet événement d’un point de vue arabe, sachant que son cinéaste est un ami d’enfance de l’un des fédayins qui a participé à la prise d’otage et y a été tué.

Hajjaj a réalisé son film en se basant sur le témoignage de l’un des trois membres de la bande qui ont survécu à cet évènement, et ont été libérés par les autorités allemandes après l’enlèvement d’un avion allemand.

Dans un livre intitulé « Palestine, de Jérusalem à Munich », publié par la maison d’édition française Anne Carrière, Abou Daoud, planificateur de cette opération et responsable du Fatah, indique qu’il était prévu d’emmener les athlètes israéliens au Caire, pour réclamer ensuite qu’ils soient échangés contre des résistants palestiniens faits prisonniers par l’occupation israélienne.

Selon The Electronic Intifada, la projection du documentaire a été suivie par Ken Loach, qui a remporté le premier prix de Cannes – la Palme d’Or – en 2006. Loach est un ardent défenseur des droits des Palestiniens.

Le Marché du Film se présente comme « l’événement le plus important de l’industrie du film et le point de rendez-vous de plus de 11.000 professionnels, dont 3.200 producteurs, 2.300 distributeurs, 1.500 vendeurs et 790 organisateurs de festivals. »

En conséquence, l’échec du CRIF dans sa tentative de bloquer la projection de l’œuvre de Hajjaj est une victoire de la liberté d’expression contre la censure, et une victoire de l’art en rapport avec la Palestine.