le NYT s’interroge sur les raisons qui ont empêché les autorités kosovares, ainsi que leurs superviseurs des Etats-Unis et des Nations unies, de prévenir cette propagation de l’extrémisme
Depuis la fin de la guerre de 1998-1999, le territoire à majorité musulmane s'est progressivement transformé en une pépinière du djihadisme sous l'influence des imams extrémistes financés par l'Arabie saoudite.
D'après un vaste reportage réalisé par le New York Times, les fonds fournis par Riyad ont contribué à changer le visage de cette société musulmane autrefois connue pour sa tolérance religieuse.
Au cours des deux dernières années, la police a identifié 314 Kosovars, dont deux kamikazes, 44 femmes et 28 enfants, ayant parti faire le djihad dans les rangs de l'Etat islamique (EI, Daech), soit le plus grand nombre par habitant en Europe, précise le journal américain.
Selon les enquêteurs locaux, ces personnes ont été radicalisées et recrutées par des religieux extrémistes et des associations secrètes financées par l'Arabie saoudite et d'autres monarchies conservatrices du Golfe via un schéma "sophistiqué et obscur" comprenant des organisations caritatives, des individuels et des ministères.
A l'issue de deux ans d'investigations, la police a inculpé 67 personnes, arrêté 14 imams et ordonné la fermeture de 19 organisations musulmanes pour activités contraires à la Constitution, incitation à la haine et recrutement de terroristes.
"Il s'agit d'un virage éblouissant pour un territoire qui compte 1,8 millions d'habitants et qui figurait il y a peu longtemps parmi les sociétés musulmanes les plus pro-américaines du monde (…). Là où les Américains voyaient la possibilité de créer une nouvelle démocratie, les Saoudiens ont vu un terrain pour propager le wahhabisme", écrit le NYT.
Les musulmans du Kosovo, qui a fait partie de l'Empire ottoman pendant près de 500 ans, suivent l’école hanafite de l'islam, version libérale qui accepte d'autres religions.
Cependant, les prêcheurs radicaux ont gagné du terrain au Kosovo ces dernières années en faisant la propagande de la suprématie de la charia et des idées du djihad violent, constate le quotidien.
"L'influence du clergé radical a atteint son pic avec l'éclatement de la guerre en Syrie, lorsqu'ils exaltaient les vertus du djihad et utilisé des débats sur la radio et la télévision en vue de pousser les jeunes à y aller", raconte le journal.
Toujours selon le NYT, il reste toujours à établir les raisons qui ont empêché les autorités kosovares, ainsi que leurs superviseurs des Etats-Unis et des Nations unies, de prévenir cette propagation de l'extrémisme.