13-05-2024 11:27 AM Jerusalem Timing

L’Arabie renforce sa présence en Irak : un facteur de trouble dans ce pays

L’Arabie renforce sa présence en Irak : un facteur de trouble dans ce pays

Un attaché militaire saoudien sera bientôt dépêché à Bagdad

Lors d’un entretien ce mardi avec le ministre irakien de la Défense, l'ambassadeur saoudien à Bagdad a annoncé  l'intention de Riyad d'envoyer bientôt un attaché militaire en Irak.

Selon le site d'information Ilaf, le diplomate saoudien Samer al-Sabhan, dont le pays  est soupçonné d'être  l'un des plus fermes soutiens à la milice takfiriste Daesh, avec laquelle il partage l’appartenance au wahhabisme,  a vanté durant sa rencontre avec le ministre irakien de la Défense, Khaled al Obaidi, ce qu’il a qualifié "les récents succès militaires irakiens face à Daesh à Falloujah".

Il a mis l'accent sur la nécessité de la "lutte des irakiens contre Daesh et contre l'extrémisme sous toutes ses formes", car "cette lutte assurerait la sécurité du Moyen-Orient et de tous les pays de la région".  

"L'attitude de Riyad vis-à-vis de l'Irak et ses politiques reste inchangées, et nous sommes prêts à coopérer avec Bagdad dans tous les domaines", a ajouté l'ambassadeur saoudien, avant de faire part de la disposition de son pays de "promouvoir le niveau des coopérations entre les ministères irakien et saoudien de la Défense" et d'expédier en Irak des attachés militaires.
Le diplomate saoudien a exprimé la volonté de son pays "d’aider à la reconstruction de l'armée nationale irakienne".

Après une rupture des relations décidée en 1990, date de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein,  et sous l’impulsion des encouragements américains, Ryad a dépêché son premier ambassadeur en Irak en janvier 2016.

Sa présence dans ce pays a toutefois été un facteur de troubles, et il a été convoqué à plusieurs reprises par le ministère irakien des Affaires étrangères pour ingérence dans les affaires internes irakiennes. Des appels ont été lancés par différents partis et personnalités politiques réclamant son expulsion, au motif que c’est une personnalité sécuritaire et non diplomatique, vu son passé et son expérience militaires.

L’une de ses ingérences qui lui a valu des appels à l’expulsion est celle où il a réclamée la dissolution des forces de mobilisation populaires, Hached al-Chaabi, formées en Irak au lendemain de la prise par Daesh d’importantes régions irakiennes, une conquête facilitée par l’effondrement de l’armée irakienne.

De plus, depuis que Sabhan a été accrédité à Bagdad, l’Arabie saoudite est soupçonnée d’attiser les sentiments iranophones et confessionnels.

Lors des manifestations qui ont se sont déroulées la semaine passée dans la zone verte de la capitale, des slogans anti iraniens aux cris « dehors l’Iran » ont été scandés pour la première fois.

Sur les 2886 kamikazes arabes qui se sont faits exploser contre des cibles civiles, dont la plupart sont des chiites, 430 sont des ressortissants saoudiens, indique le journaliste irakien Khal al-Tabari, s’étonnant que certains protagonistes mettent l’accent sur le danger iranien, alors que celui de l’Arabie saoudite est ancien et imminent.

« Les Iraniens ont bien entendu leurs intérêts en Irak, et c’est de leur droit, sachant que Saddam leur avait mené une guerre de 8 années sous l’impulsion des monarchies du Golfe et ils craignent que cela ne se répète », a-t-il expliqué.

Selon lui, « les saoudiens incitent au meurtre, alors que les Iraniens cherchent seulement à exercer un certain rôle ».

« Le danger wahhabite est certes beaucoup plus dangereux que l’iranien en Irak. (…) Ce sont les saoudiens qui ont envahi l’Irak lors de la création de l’Etat saoudien depuis plus d’un siècle. Ils avaient alors envahi la ville sainte de Karbala, massacré sa population, et pillé leurs biens. Ils avaient même dérobé le contenu de ses mausolées et lieux saints », a rappelé le journaliste irakien, citant des épisodes douloureux de l’histoire moderne de son pays, causé par le voisin saoudien.

L’histoire retient deux massacres sanguinaires dans cette ville sainte : en 1802 puis en 1924, au cours desquels des milliers de ses habitants sont été tués puis pillés, y  compris les femmes et les enfants.