Une proposition russe de faire part aux combats s’est vue opposer par une fin de non recevoir de la part des Américains
La milice syrienne kurde soutenue par les Américains, Forces démocratiques syriennes (FDS), a lancé une offensive contre la milice wahhabite Daesh (Etat islamique-EI) dans son fief à Raqqa, en Syrie.
Selon le colonel Steve Warren, un porte-parole militaire américain à Bagdad, cette alliance arabo-kurde, dominée par les Kurdes et soutenue par la coalition internationale a lancé « plusieurs milliers » de ses combattants ce matin des opérations pour contrôler la campagne au nord de Raqqa et pouvoir ainsi "mettre la pression sur la ville elle-même".
Les Forces démocratiques syriennes ont annoncé mardi matin cette offensive.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme, instance médiatique de l’opposition siégeant à Londres a rapporté de son côté qu'il y avait "des frappes intenses de la coalition depuis ce matin (...) au nord de la ville de Raqqa et sur la ville elle-même".
Selon l’AFP, l'administration américaine a déployé près de 300 soldats en Syrie pour former les FDS, notamment pour les aider à diriger depuis le sol les frappes aériennes de la coalition. Alors que selon les estimations américaines, les FDS comptent environ 25.000 combattants kurdes et environ 5.000 combattants arabes.
Interrogé par l'AFP, un autre responsable américain a indiqué sous couvert d'anonymat que les FDS n'attaquaient pas la ville de Raqqa elle-même.
La coalition arabo-kurde "continue d'avancer". Ses combattants "gagnent du terrain vers Raqqa", mais "ils n'attaquent pas" la ville elle-même, a-t-il indiqué.
Selon les responsables américains, plusieurs milliers de miliciens de la milice wahhabite défendent la ville de Raqqa.
Pour se défendre, ils se fondent délibérément dans la population civile de Raqqa pour échapper aux frappes aériennes, rapporte Abdel Aziz al-Hamza, cofondateur du groupe «Raqqa est massacrée en silence» (RBSS), pour l’AFP.
«Ils utilisent les civils comme rempart. Vous les voyez dans les mêmes bâtiments. Dans un immeuble civil, il y a deux ou trois appartements pour les combattants de l'EI», a-t-il expliqué à l’AFP. «Ils parlent aussi de certaines écoles comme d'endroits où aller parce que ces écoles ont des sous-sols et ils sont donc protégés des bombardements aériens», d'autant qu'«elles sont entourées de bâtiments civils», a-t-il ajouté.
Ces derniers jours, Daesh a tout simplement interdit aux civils de quitter la ville.
Pour sa part, Moscou a réagi à l'annonce de cette offensive sur Raqqa, en exprimant sa disposition à coordonner ses actions avec la milice arabo-kurde et les Etats-Unis pour chasser Daesh.
«Raqqa est l’un des objectifs de la coalition antiterroriste, avec Mossoul en Irak. Nous sommes convaincus qu'il aurait été possible de libérer plus efficacement et rapidement ces villes si les militaires [russes et américains] avaient coordonné leurs actions bien avant», a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
Une demande qui a été opposée par une fin de non recevoir de la part des Américains.
Dans un point de presse, le vice-secrétaire du Conseil de sécurité de Russie Evgueni Loukianov a toutefois tenu a rappeler que les Forces aérospatiales russes, et les troupes de l'Armée régulière syrienne ont éradiqué près d'un tiers des terroristes de Daesh et du Front al-Nosra.
"Selon nos calculs, au début de l'opération le Front al-Nosra et Daesh comptaient au total quelque 80.000 combattants. 28.000 ont été éliminés", a-t-il déclaré lors de la VIIème Rencontre internationale des hauts responsables des questions de sécurité.
Alors que selon lui, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis avait abattu quelque 5.000 terroristes en deux ans d'opérations.