La presse turque évoque la tendance de la diplomatie turque à créer un front sunnite contre l’Iran chiite. Affaire à suivre.
L’expulsion de l’ambassadeur israélien de la Turquie, suivie par la tournée des pays du printemps arabe du Premier ministre Recep Tayyeb Erdogan soulève des interrogations sur la réalité des relations entre la Turquie et l’entité sioniste, et les véritables objectifs de la diplomatie turque vers le monde arabe.
Dans certaines analyses de presse turques, ce sont les limites des divergences entre Ankara et Tel Aviv qui font couler le plus de l’encre. Certains auteurs rappellent que la crise actuelle n’est pas la première entre les deux parties, et que les relations ont connu deux détériorations diplomatiques depuis l’instauration des liens entre eux deux en 1949.
Ils tiennent surtout à assurer que le cours de cette relation ne s’est pas altéré pour autant. Toute dégradation avait un plafond qu’elle ne pouvait dépasser. La raison en est que les deux pays ont une seule référence : les États-Unis.
Même le parti de la Justice et développement au pouvoir depuis 2002 et malgré les différentes altercations qui ont eu lieu, n’est pas dérogé à la règle.
Certains analystes turcs penchent pour croire sincèrement que tout le bruitage turc suscité ces dernières années n’a pas pour but de gêner Israël, mais visent d’autres objectifs, en accord avec les américains. La preuve pour eux en est qu’Ankara a accepté l’installation du bouclier anti missile américain qui devrait protéger l’entité sioniste des missiles en provenance d’Iran. Au moment même ou elle retirait son ambassadeur de Tel Aviv.
Dans les analyses les plus extrémistes, Erdogan est soupçonné d’avoir voulu provoqué intentionnellement des différents avec les Israéliens, pour tromper l’opinion publique arabe et assoir sa popularité parmi elle, dans le but de lui inculquer des positions convenues avec les Américains.
« La cause palestinienne sera la première victime des calculs internationaux et de l’impuissance des arabes. Les démarches turques n’aboutiront à aucun résultat. Erdogan et Davutoğlu doivent le savoir le plus », a écrit l’éditorialiste turc du journal turc Hürriyet, Mohammad Ali Beirand.
L’auteur se questionne : « pour quelle raison alors la Turquie lève-t-elle sa voix ? ». Puis il répond : « Sans aucun doute il y a des calculs très délicats, qui ne sont pas connus ».
Selon lui, ces calculs ramènent surtout à la montée de l’Iran chiite grâce à son programme nucléaire. « Les pays du Golfe, la Jordanie et l’Égypte estiment que ceci constitue une menace pour eux. Et que quelque soit la nature du printemps arabe, ou le changement vers la démocratie, il n’éradiquera pas la menace iranienne », précise-t-il.
Beirand révèle que ces pays ont demandé au duel Erdogan-Davutoğlu qu’ils veulent que la Turquie soit de leur côté, pour former un front sunnite contre Téhéran !
Selon lui, de nombreux analystes turcs perçoivent cette tendance dans la politique étrangère turque. Et qu’ils sont beaucoup à croire que les dernières positions et déclarations turques officielles, notamment celle provenant d’Erdogan, ne constituent nullement une menace pour Israël.
Cet avis est partagé par la chroniqueuse du journal turc Radical et qui ne manque pas de constater que les tensions turco-israéliennes n’ont nullement inquiété les occidentaux. Signe selon elle, qu’elles ne sont pas sérieuses. Nouray Mirt soupçonnent d’aucuns de prendre la Turquie au-delà de ses capacités. Mettant en garde contre la renaissance d’un nouvel ottomanisme.
Du journal AsSafir