Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé le rappel "pour des consultations" de l’ambassadeur en Allemagne.
La Turquie a réagi avec colère ce jeudi à l'adoption à la quasi-unanimité par les députés allemands d'une résolution qui reconnaît le génocide arménien, rappelant son ambassadeur à Berlin et menaçant d'une riposte en pleine crise migratoire.
L'Allemagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, a cherché à calmer la fureur de cet important partenaire en disant espérer qu'il n'y aurait pas de "réactions excessives" d'Ankara. Le chef de la diplomatie a souligné que les députés avaient voté "en toute indépendance".
Ce vote complique des relations déjà tendues avec Ankara notamment sur l'application d'un accord controversé entre l'Union européenne et la Turquie,
porté par Berlin, qui a considérablement réduit l'afflux de migrants en Europe.
Partenaire incontournable sur ce dossier, la Turquie menace de ne pas appliquer ce pacte, faute d'obtenir à ses conditions une exemption de visas Schengen pour
ses citoyens.
"Cette résolution va sérieusement affecter les liens turco-allemands", a averti après le vote le président turc Recep Tayyip Erdogan qui effectuait une visite au Kenya. Il a promis que des "démarches" seraient entreprises à son retour en Turquie.
Une manifestation était prévue devant le consulat allemand à Istanbul.
Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a lui annoncé le rappel "pour des consultations" de l'ambassadeur en Allemagne.
Plus virulent encore, le ministre de la Justice Bekir Bozdag, cité par le quotidien Milliyet, a renvoyé l'Allemagne à son passé nazi : "D'abord, vous brûlez des juifs dans des fours et ensuite vous venez accuser le peuple turc de cette calomnie de génocide".
Le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne a également été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères, selon des sources diplomatiques allemandes.
La chancelière allemande Angela Merkel a quant à elle souligné peu après le vote auquel elle n'a pas participé que son gouvernement voulait favoriser "le dialogue entre l'Arménie et la Turquie" et que les trois millions de personnes d'origine turque vivant en Allemagne en "étaient et restaient" des citoyens à part entière.