Erakat réclame que l’initiative française fixe "un cadre et un calendrier clairs" pour la création d’un Etat palestinien.
Le ministère des Affaires étrangères israélien a estimé jeudi que l'initiative française pour relancer le processus de paix entre "Israël" et les Palestiniens était vouée à l'échec.
Le directeur général du ministère Dore Gold s'exprimait lors d'une rencontre avec des journalistes à la veille d'une réunion à Paris de ministres d'une trentaine de pays arabes et occidentaux, ainsi que de représentants de l'ONU et de l'Union européenne pour tenter de ranimer un processus de paix qui n'en a plus que le nom.
"La seule manière d'obtenir un accord régional stable qui nous permettra de créer une paix véritable au Moyen-Orient est que les parties s'entendent entre elles", a prétendu Gold dont le pays rejette toute approche multilatérale.
"Nous pensons que les pays arabes soutiendraient des négociations directes entre Israël et les Palestiniens et c'est pour cela que nous préférons un processus de paix moyen-oriental et pas un processus que quelqu'un cherche à créer à Paris", a renchéri Gold, cité par l'AFP.
La conférence de vendredi serait une première étape, un prélude à l'organisation d'une conférence de paix à l'automne 2016, avec cette fois-ci les deux parties concernées.
Lors d'une rencontre avec le ministre finlandais des Affaires étrangères jeudi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que l'initiative française donnait au président palestinien Mahmoud Abbas l'opportunité d'échapper à des négociations directes, a indiqué un communiqué du gouvernement israélien.
Le Premier ministre israélien a déjà dit son hostilité à l'initiative française aux responsables français venus dans la région.
Pour sa part, le secrétaire d'Etat John Kerry, médiateur malheureux des négociations israélo-palestiniennes en 2013 et 2014, sera certes à Paris. Mais "nous n'apportons aucune proposition spécifique", et "n'avons pris aucune décision sur ce que pourrait être notre rôle", a bien souligné jeudi un haut responsable du département d'Etat.
Réunion de Paris: une "lueur d'espoir", dit l'OLP
Par ailleurs, Saëb Erakat, numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a qualifié vendredi de "lueur d'espoir" l'initiative française.
M. Erakat a réclamé que l'initiative française fixe "un cadre et un calendrier clairs" pour la création d'un Etat palestinien, dans une contribution publiée sur le site internet du quotidien israélien Haaretz.
L'initiative française est la lueur d'espoir que la Palestine attendait et nous avons confiance dans le fait qu'elle fournira un cadre clair, avec des paramètres définis, pour que les négociations reprennent", a écrit M. Erakat.
"Bien qu'elle représente un rayon d'espoir, nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que cette conférence aboutirait miraculeusement à l'arrêt immédiat du colonialisme israélien", mais elle doit être un "engagement qui n'a que trop tardé de la part de la communauté internationale à forcer Israël (...) à reconnaître que la voie à suivre est celle de la solution à deux Etats avant qu'il ne soit trop tard", poursuit-il.
L'OLP est l'unique entité reconnue par la communauté internationale comme représentante de l'ensemble des Palestiniens des Territoires occupés et de la diaspora.
M. Erakat affirme que, depuis plus de 20 ans, les négociations bilatérales, que le gouvernement israélien réclame au lieu de pourparlers multilatéraux, "ont échoué à cause de l'intransigeance d'Israël, de son refus de reconnaître les droits nationaux palestiniens et de l'expansion de l'entreprise de colonisation".
Durant cette période, le nombre des colons israéliens qui se sont installés dans les Territoires palestiniens occupés par l’entité sionsite a quasiment quadruplé, en toute "impunité", rappelle-t-il.
L'initiative doit créer "un environnement" dans lequel Israéliens et Palestiniens négocieraient d'égaux à égaux et où la communauté internationale ferait respecter la loi internationale et favoriserait la "solution à deux Etats", estime M. Erakat.
La conférence doit faire porter ses efforts sur "la matérialisation de l'indépendance palestinienne sur le terrain, avec un cadre et un calendrier clairs", a-t-il insisté.